Chapitre 2 : Les Ombres du Passé

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 Les jours suivants, Camille resta auprès de Mathis. Elle l'encouragea à quitter la chambre, à arpenter les rues de la ville, malgré la lourdeur qui imprégnait chaque coin de rue. Mathis, d’abord réticent, finit par céder, motivé par la présence rassurante de Camille. Ensemble, ils marchaient en silence, arpentant les rues pavées de la ville, Camille tentant parfois de le faire sourire, de le ramener à une époque plus insouciante.

Un matin, ils s’arrêtèrent dans un café en bord de mer, un lieu qu’ils avaient souvent fréquenté autrefois. Mathis hésita en reconnaissant l’endroit ; les souvenirs l’assaillirent avec une force inattendue. Assis face à Camille, il revit des scènes d’un passé révolu : des discussions animées, des sourires complices, des rêves partagés sans crainte.

Perdu dans ses pensées, Mathis leva les yeux et aperçut un homme debout de l’autre côté de la rue. L’inconnu le fixait avec une intensité troublante, son regard perçant, comme s’il pouvait lire en lui. Mathis sentit son cœur s’accélérer, une sueur froide parcourut son dos. Il détourna le regard, perturbé.

« Mathis ? Tout va bien ? » demanda Camille, alarmée par son trouble soudain.

Il hocha la tête, mais ses yeux revenaient sans cesse vers cet homme, qui continuait de le fixer, comme un rappel silencieux de quelque chose d’important, mais qu’il ne parvenait pas à saisir. Finalement, l’homme tourna les talons et s’enfonça dans une ruelle. Poussé par une impulsion soudaine, Mathis se leva, le cœur battant à tout rompre.

« Camille, je reviens, » dit-il précipitamment en se lançant à sa poursuite.

Il traversa la rue en courant, tentant de rattraper cet inconnu qui semblait glisser dans l’ombre. Chaque rue qu'il empruntait semblait se transformer en un labyrinthe oppressant, comme si la ville elle-même cherchait à le perdre. Il s’engagea dans une dernière ruelle, mais l’homme avait disparu. Mathis resta immobile, respirant difficilement, entouré par le silence angoissant des murs humides.

En retournant à sa chambre ce soir-là, Mathis trouva une enveloppe glissée sous la porte. Avec des mains tremblantes, il l’ouvrit et découvrit une note succincte, écrite d’une main qu’il n’aurait jamais voulu revoir : « Tout n’est pas terminé. »

Il lut ces mots encore et encore, son esprit cherchant une logique, une raison. Ces mots résonnaient comme une condamnation, une promesse de l’inévitable retour du passé. Ses mains crispées sur la note, il sentit son cœur battre plus fort, comme un écho de l’avertissement silencieux qui planait désormais autour de lui.

Pendant les jours qui suivirent, Mathis eut le sentiment d’être suivi, observé. Chaque visage croisé lui paraissait menaçant, chaque ombre projetée semblait contenir une présence familière. Il retrouvait Camille chaque jour, mais elle aussi remarquait son angoisse croissante. Et tandis qu'il plongeait dans cette paranoïa grandissante, Mathis comprenait que son passé ne resterait pas enfoui pour toujours.

Un soir, alors qu'ils marchaient le long de la plage, le bruit des vagues créait une mélodie sombre, presque lugubre. Camille s'arrêta, le regard perdu dans l'horizon. « Parfois, je me demande ce qui se cache derrière chaque vague, » dit-elle d'une voix douce, presque hypnotique. « On voit la surface, mais on ne sait jamais ce qu’il y a en dessous. »

Mathis se tourna vers elle, intrigué. « Tu crois que c’est la même chose pour les gens ? »

« Absolument. Chaque personne porte en elle des secrets, des douleurs, des histoires qu'elle ne partage pas. »

Il acquiesça, se demandant ce que Camille pouvait bien penser de lui, des ombres qu'il cachait. « Et moi, qu’est-ce que tu vois ? » osa-t-il demander.

« Je vois un homme perdu, qui se débat avec ses démons. Mais je vois aussi quelqu’un qui a encore de l’espoir. »

Son regard était profond, et Mathis se sentit soudain vulnérable, comme s'il avait révélé une partie de lui qu'il avait tant essayé de cacher. Le vent soufflait sur leur visage, apportant avec lui des souvenirs des temps plus heureux.

Les jours passèrent, et les tensions s'intensifièrent dans l’esprit de Mathis. Chaque fois qu'il fermait les yeux, il revoyait le visage de cet homme mystérieux, son regard accusateur, ses paroles qui semblaient le hanter. Un soir, en se couchant, il décida de faire face à ses craintes. Il devait en parler à Camille, il devait partager ce qui le tourmentait.

« Camille, » commença-t-il, la voix tremblante, « il y a quelque chose que je dois te dire. »

Elle se tourna vers lui, l'inquiétude marquée sur son visage. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« J'ai vu un homme... un homme que je connais. Il était là, à ce café. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu’il est lié à tout ce que j'ai fait. »

Camille se redressa, ses yeux s'illuminant d'une compréhension immédiate. « Tu penses qu'il te suit ? »

Mathis hocha la tête, la peur et la culpabilité se mêlant. « Je suis convaincu qu'il sait ce que j'ai fait, ce que j'ai essayé d'oublier. »

« Écoute, » commença-t-elle, « le meilleur moyen de faire face à ton passé est de ne pas le fuir. Je suis là pour t'aider, mais tu dois être prêt à affronter tes démons. »

Elle avait raison, mais l’idée même de retourner au cœur de ses erreurs le terrifiait. Mathis savait qu'il devait se confronter à ce qui le hantait, mais l'idée de le faire seul, sans le soutien de Camille, le paralysait.

« Je... je ne sais pas si je peux. »

Camille prit sa main dans la sienne, lui transmettant une chaleur réconfortante. « Tu n'es pas seul, Mathis. Je suis avec toi. Et ensemble, nous pourrons affronter ce qui vient. »

Le regard qu'elle lui offrit, plein de détermination, le fit se sentir à la fois vulnérable et puissant. Dans cet instant, Mathis comprit que, malgré l'ombre de son passé, il pouvait encore espérer une rédemption, une chance de se reconstruire.

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