Chapitre premier : Le contrat

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« A l'Est de notre planète Elfimor sont situées nos terres ; celle de Cimeterra. Jadis la guerre faisait rage entre les clans humains quand une météorite tomba un jour, près des montagnes. Elle détruisit toute vie sur plusieurs kilomètres et suscité la peur. Pourtant un homme du nom de Seal Soranda, ou surnommé "Seal le grand", est le seul être à s'être approché de cette roche tombée du ciel. Il découvrit qu'une grande énergie mauve se libérait du coeur du météore. Seal en fit sienne en forgeant quelques morceaux de la météorite. Les nouvelles lames prirent alors sa couleur étrange. Celles-ci libéraient un pouvoir destructeur. Avec cette nouvelle technologie entre les mains, Seal qui n'avait rien parvint à réunir de nombreux clans sous sa protection et nôtre royaume vit le jour sous le nom de "Soranda" en l'honneur de son fondateur. Ainsi se raconte la légende de notre famille, nous, les descendants de Seal Soranda-Kizu »

Le roi Sethis soupirait les bras croisés. Il regardait sa fille Lisanna, déjà âgée de vingt-cinq ans. Elle choisissait avec énergie, une robe qui pourrait convenir à la future audience qui les attendait. Sethis était un grand homme de cinquante-ans. Il possédait de nombreuses cicatrices sur son corps musclé, témoignant de ses batailles passées. Bien que sa fille hérita de ses yeux bleus et de ses cheveux roux et bouclés, Lisanna était svelte et athlétique.

Son père qui souhaitait changer les règles de la royauté, lui apprit le maniement de l’épée depuis l’enfance tel un fils. Le savoir concernant les propriétés de leur technologie lui était transmis. Ainsi, le roi la saurait prête pour lui succéder dans l’année. Un détail cependant l'inquiété. Lisanna possédait un caractère bien trempé — Un caractère qui allait être mis à rude épreuve par un évènement récent, suffisamment important pour boulverser leur quotidien royal.

« Lili, m’as-tu écouté au moins ?

— Il suffit père ! Je connais par cœur l’histoire de mon arrière-grand père mais tu ne m’expliques toujours pas pourquoi je dois me coltiner ces deux ânes !

— Ces « ânes » comme tu oses le dire, sont chacun rois de leur contrée. Leur famille nous ont aidés à conquérir de nouveaux territoires, plus au nord, chacun à leur manière. Ainsi nous sommes parvenues à une période de paix dans notre royaume, qui, je te le rappelle, est devenue la plus grande de toutes les contrés ! En échange de leur aide jadis, nous avons laissé leur territoire, leurs lois et leurs royautés en place, sans oublier que notre commerce prospère avec eux.

— Eh bien moi je dis que ces deux royaumes nous étaient inutiles à cette époque ; que notre technologie suffisait amplement mais tu as préféré ne pas l’utiliser jusqu’au bout ! Nous n’avons pas besoin d’alliés ni de commerces pour prospérer ! C’est eux qui ont besoin de nous !

— Ce n’est pas la philosophie de ton arrière-grand-père, ni de la mienne. Je tiens à ce que tu le comprennes pour que tu puisses aussi en faire tes valeurs. Tiens, une robe rouge ? »

Lisanna satisfaite, se cacha derrière un paravent, aux bordures dorées. Deux servantes l’aidèrent à se changer et à la coiffer mais la princesse, nerveuse, rendait la tâche difficile.

« D’un claquement de doigt on pourrait les terrasser, ajoutait-elle, mais voilà que ces deux royaumes, c’est quoi déjà leur nom ? Aldor et Miduzi, se font la guerre. Ils n’arrivent pas à se départager depuis dix ans et ces ânes nous supplient de les aider ! Et vous, mon père, vous me jetez en pâture ! Ah si mère était encore en vie !

— Ne dis pas n’importe quoi et ne met pas ta mère dans cette histoire ! Elle serait de mon avis si tu veux le savoir ! C’est une solution juste qui te laisse le choix ! »

Lisanna sursauta devant les paroles de son père. Les servantes venaient de terminer de l’habiller et reculèrent à temps en silence. Furax, la princesse se présenta devant lui dans sa robe rouge, les épaules dénudées, sûre d’elle. Sethis fronça les sourcils.

« Le choix d’épouser un homme ? Est-ce là mon choix ? Me crois-tu être ce genre de femme ?

— Une reine, aussi puissante soit-elle ne peut pas gouverner sans roi !

— Je serai la première ! »

Sethis serra les dents, « Ecoute ma fille ! Ces deux rois se haïssent. Ils veulent notre appui pour vaincre l’autre. Étant chacun des alliés, je ne peux accéder à leur demande, sauf si l’un d’eux devient mon gendre. Je n’ai aucune préférence, tu verras, ils sont bels hommes et le choix t’appartient ! Mariage d’amour ou de politique, c’est à toi de voir ! Mais tu auras intérêt à me donner un beau petit-fils ou une belle petite-fille !

— C’est tout simplement scandaleux ! Je te répète que je ne veux épouser aucun homme ! Moi, j’ai une solution radicale…les exterminer ! Leur royaume nous appartiendrait et leur peuple serait à nous pour de bon !

— Leurs royaumes vont nous appartenir, quoiqu’il advienne, dit-il nonchalamment, mais cette fois, nous pouvons le faire sans faire trop couler le sang ! Crois en ton père qui ne connait que trop bien la guerre. La vision du sang et des morts sur un champ de bataille, je préfère te l’éviter autant que possible ! De ce fait, ma chère Lili, lorsque l’un d’eux deviendra ton époux, il prendra le trône de Soranda alors que l’autre, perdra tout. Avec un peu de chance, le perdant rendra les armes avant même de se battre ! Alors cesse de tergiverser ma fille ou le trône ne sera jamais à toi, tu entends ?! » termina-t-il d’un air sévère.

Quand son père s’énervait, Lisanna devait se soumettre à son exigence.

« Tu vas donc t’asseoir auprès de moi à la séance et te présenter digne de notre rang.

— Mais…

— Tu entendras ce qu’ils ont à te dire ! »

Lisanna croisa les bras et marmonna d’un air mécontent. Son père s’en moquait bien, il ajouta :

« N’oublie pas leur nom, Hayden Kepton, roi d’Aldor et Khalel Mildris, du royaume de Miduzi, est-ce bien clair ?

— Oui père. » céda-t-elle mécontente.

Rassuré, le roi Sethis fixa les servantes alignées derrière sa fille. L’une d’elle s’avança et posa une délicate couronne d’or sur la tête de la princesse. Les ornements décoratifs se rejoignaient au-dessus du front pour prendre la forme de leur emblème sacré : l’oiseau de feu connu sous le nom du phénix. Celui-ci déployait ses ailes tandis que sa tête s’élevait en direction du ciel. Entre ses serres se logeait une pierre mauve. Cette pierre, était un morceau de la météorite.

***

À l’Est de Soranda se tenait de grandes montagnes aux pics blanchis par une neige éternelle. Symbole de puissance qui séparait le royaume de Soranda à celui d’Aldor. Un carrosse royale, pénétra Soranda, suivit d’une unité militaire composée de soixante hommes tous en armure noire. La forme de leur casque rappelait la tête de dragon. La plupart de l'unité montait de grands chevaux, à la robe grise et d’une corne entre les yeux. La troupe se dirigeait en direction du château de l’allié. Contrairement au royaume de Miduzi et de Soranda, le château d’Aldor était construit sur une colline stratégique qui couvrait tout l’horizon. Aucun marchand, ni aucune armée ennemi ne pouvaient échapper à la vigilance des grandes tours de gardes. Le royaume d’Hayden évoluait grâce à ses nombreuses mines riches en minerai situées dans ses montagnes. Une ressource nécessaire dont chaque pierre avait des propriétés propre. Certaines étaient destinées à la fabrication d’armes de guerres quand d'autres ; une fois fondues et refroidit, pouvaient dupliquer la force d'un homme sur un temps limité ou bien encore guérir des blessures graves. Aucune d’entre elle pourtant, ne pouvaient rivaliser avec la technologie de la météorite de Soranda. Malgré la puissance des frappes et des combats acharnés, les Miduziens continuaient à lui résister.

« A quoi pensez-vous mon roi ? » demanda son conseiller, Mars.

Le roi détourna son regard à son encontre. Mars était âgé d’une soixantaine d’année. Des yeux bruns, petit mais vif avec une petite bouche fine et un nez aquilin qui composait son visage allongé. Ses rides, creusées au contour de ses yeux et de ses pommettes le rendait chétif en apparence. Aussi bien qu’il pouvait se le rappeler, Mars avait toujours eut un bouc au menton, même s’il devenait gris avec le temps. Mars était l’un des hommes les plus fidèles d’Aldor. Jeune, il avait servi son roi sur les champs de bataille. Son intelligence lui permit de nombreuses fois à sauver sa vie et celle de son unité. Il devint rapidement général avant de finir gravement blessé aux genoux, quelques années plus tard. Incapable de combattre, l’ancien roi lui proposa de devenir le conseiller royal de la cours pour ensuite, devenir professeur du jeune prince. Quand Hayden devint roi des années plus tard, Mars devint son conseiller exclusif. Même s’il avait vieillit, son sens de l’observation était un atout essentiel qu’Aldor ne pouvait plus se passer.

Bien qu'Hayden connaissait son histoire, il n’avait jamais su pourquoi son conseiller, se présentait impeccablement sous une seule et même couleur ; le rouge.

« Tu disais ? »

Mars le fixa à son tour d’un air sérieux. Hayden âgé de trente ans avait les yeux bleus en amande. Ses cheveux noirs était mi-long, grand et musclé, il avait toutes les caractéristiques pour se faire aimer des femmes — dont il profitait volontiers. Il portait un anneau d’or au majeur de sa main gauche. Plus ils s’approchaient du château de Soranda plus il le tournait avec son pouce. Mars comprenait que son roi était soucieux. Très peu de gens connaissait ce détail…

« Ce n’est qu’une formalité Votre Altesse, lui rappela Mars, elle succombera à votre charme et vous ne gagnerez pas un, mais deux royaumes ! Soranda et Miduzi.

— Je sais, je sais, mais l’idée de me marier... franchement même si on me promet que sa beauté n’a pas d’égal, me coltiner la même femme, tous les soirs... enfin vous savez, la fidélité et moi.... qu’est-ce que je vais faire d’elle après ?

— Eh bien, en tant que conseiller, peut-être saura-t-elle faire chavirer votre cœur.

— Que dis-tu mon ami ? L’amour est un concept de bonne femme ! N’y pensez pas.

— Bien Votre Altesse « Si elle possède le même tempérament que lui, on est mal » pensait-il en se mordant la langue. »

Mars avait raison de s’inquiéter car Hayden était parfois odieux avec la gentes féminines. Il n’hésitait jamais à les ramener aux plaisirs de la chair.

Ils furent interrompus par l’arrêt soudain de leur carrosse. Une partie de l’armée se positionna à l’avant. Face à l’agitation, Hayden sortit sa tête par l’une des fenêtres de sa voiture. Son sang ne fit alors qu’un tour. Sur l’intersection qui menait au château, le roi d’Aldor, vit un carrosse, protégé par des soldats en armures grises, lance et bouclier de métal en main. Parmi eux, se trouvait cet homme ; Plus grand, habillé de noir qui le fixait lui-aussi depuis sa fenêtre.

Il n’y avait aucun doute, c’était son plus grand ennemi, le roi de Miduzi. Né de la même année qu’Hayden, ses cheveux étaient gris, avec une mèche remplis de perles, qui tombait sur le côté droit du visage. Derrière sa nuque tombait une courte queue de cheval attaché par un nœud de satin bleu. Son aspect grand et mince, le rendait moins imposant que l'Aldorien royal mais il le rendait plus agile ; un atout pratique dont il usait dans les combats. Ils se fixèrent droit dans les yeux quelques secondes avant que ce dernier, d’un air volontairement snob, ne rentre la tête dans son carrosse.

— Cheveux gris, yeux bruns, nez fin, avec cette maudite couronne en argent au front. Ce mélange douteux fait que nous sommes incontestablement face à Khalel Mildris, le roi Miduzien, Votre Majesté.

— On arrive en même temps que lui ? Impossible ! Son royaume est tout à l’ouest !

— Il semblerait qu’il est pris ses dispositions… tenez il vient d’entreprendre le chemin, menant au château avant nous.

— Il m’ignore en plus !

— Étant dans le royaume de Soranda, nous sommes soumis au pour-parler mais si vous le souhaitez, nous pouvons les attaquer.

— Certainement pas ; il n’espère que ça ce répugnant insecte ! On le suit… mais laissez quelques mètres de distances ; il est inutile de respirer le même air. »

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