13. Les festivités Leothin

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Le soleil se levait tôt sur le désert, la chaleur prenait rapidement l’avantage sur la fraicheur des nuits. Les voyageurs étaient déjà en train de préparer leurs affaires, tandis que d’autres avaient du mal à sortir de leurs songes.

C’était le cas du nouvel arrivant dans la caravane Wahah, toujours couché sur les quelques coussins de la pièce. Des ricanements et chuchotements s’élevaient autour de lui, mais il était trop perdu dans ses rêves pour réagir. Les voix s’estompèrent, une ombre apparut au-dessus de lui.

Le visage d’Onyx n’était pas calme, ses traits étaient tirés, ses sourcils froncés, ses lèvres pincées. S’il était dans un rêve, alors la peur l’envahissait. Une main chaleureuse se posa sur son épaule, et essayait calmement de le réveiller.

Sarshall, toujours à ses côtés, s’éveilla lentement par la présence de cet inconnu. Mais il ne montra aucun signe de méfiance ou d’agressivité, restant calme face à la personne qui essayait de réveiller son compagnon de route.

Le jeune homme finit par se détendre, ses paupières papillonnaient afin de s’habituer à la luminosité agressive du matin. Mais surtout, son regard se posa sur la jeune femme présente à ses côtés, accroupie face à lui, souriante.

Il se redressa rapidement, surpris de voir une personne proche de lui aussi tôt. Son comportement déclencha une série de rires à l’extérieur de la pièce, attirant son regard. Quelques enfants étaient présents de l’autre côté du voilage, rigolant de sa soudaine réaction. Mais ils prirent rapidement la fuite lorsque la jeune femme tourna son regard vers eux.

— Excuse-les, ils n’ont pas l’habitude de voir un étranger. Viens, la caravane t’attend.

Elle se releva et quitta la pièce, laissant le temps pour Onyx de se réveiller convenablement. Il frotta fortement la peau de son visage, et finit par se lever à son tour, ramassant ses affaires et quitta la pièce.

Dehors, le caravansérail était animé, bien trop animé pour un simple départ. Les rayons du soleil perçaient les grands morceaux de tissu placé au plafond, qui apportaient des couleurs vives sur le sol ocre. De nombreux enfants avaient pris place aux côtés des voyageurs, et de nouveaux arrivants étaient présents. Des voix et des rires s’élevaient bien plus haut que la veille.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il à Itildin.

— C’est le départ des deux caravanes, mais aussi le jour des festivités Leothin.

— Les festivités Leothin ?

— Tu n’en as surement jamais vu.

Une femme s’avança vers eux, encore inconnue pour Onyx.

— Corail ! C’est toi qui l’as réveillé ? lui demanda Itildin d’une voix enjouée.

— Il le fallait bien, si nous voulons partir avant de début de l’ouverture.

C’était une jeune femme de grande taille, la peau très claire pour une voyageuse du désert. Des cheveux bruns tressés proche de sa tête, un chèche bordeaux autour du cou, une chaine dorée reliant ses oreilles passent sur l’arête de son nez, orné de plusieurs plumes rouges et noir, couvrant alors le bas de son visage.

— Nous devrions nous dépêcher.

Itildin acquissa, entrainant avec elle le nouveau voyageur de la caravane. Avec étonnement, elle le conduisit à un dromadaire aux pelages sablonneux, proche de son cheval. Il comprit que sa monture ne pouvait faire partie du voyage. Bien qu’il s’agît d’un équidé habitué au désert, les dromadaires étaient plus aptes à parcourir de grande distance sans demander d’apport en eau. La tristesse l’emporta sur son corps en venant caresser l’encolure de son cheval, ne souhaitant pas l’abandonner dans le désert ainsi.

— La caravane Jamal peut le ramener à Tenerice, mais il ne peut pas nous accompagner.

— Peuvent-ils faire passer un message ?

— Bien sûr.

La jeune femme fit signe à un enfant à la peau chocolat de s’approcher.

— Tu veux bien être son messager ?

— Oui !

Onyx sourit, avant de s’agenouiller au sol, réfléchissant à ses mots.

— Lorsque vous arriverez à Tenerice, laisse mon cheval te guider jusqu’à ma maison. Une fois arrivée, va voir une femme aux cheveux blanchâtre, dit-lui que son fils est entre de bonnes mains, et qu’il continuera sa route jusqu’à la fin.

— Entendu.

Il vint prendre les rênes de l’étalon en main, Onyx le caressant une dernière fois avant de le laisser partir.

— Préparons-nous.

Avec l’aide des autres membres de la caravane, ils vinrent placer les sacoches et les différentes affaires de voyageurs sur les montures, ces dernières étaient couchées au sol, attendant la montée de leurs cavaliers.

De nouveaux éclats de voix retentissaient en dehors du caravansérail, ce qui inquiéta Onyx. Mais il sembla être le seul intrigué par ces bruits, car le reste de la caravane s’occupait de leur traverser, même si certains sourires se sont formais sur le visage de certaines femmes.

— Topaze. Que se passe-t-il en dehors du caravansérail ?

— Ce sont les festivités Leothin. Nous allons les traverser pour quitter la vallée.

— Mais, qu’est-ce que c’est ?

L’homme ricana un instant avant de lancer un regard au meneur du groupe, qui se préparait à monter en selle. Les jeunes femmes de la caravane étaient déjà presque toutes en selle, un chèche autour de la tête, couverte pour la traverser. Tout le monde était prêt au départ, à part eux.

— Tu vas bientôt le comprendre. Monte en selle, vite.

Il se résigna à obéir, et monta en selle. Il prit la seule rêne en main, attendant une explication de la part de Badho. Mais une simple exclamation lui échappa lorsque sa monture se mit à bouger, dépliant ses pattes avant pour se relever. Son cavalier s’accrocha comme il put au pommeau de la selle, étonné de voir le sol d’aussi loin maintenant qu’il se trouvait si haut.

Sa réaction fit rire les femmes de la caravane, ainsi que leur meneur. Ils se mirent en ligne, saluant la seconde caravane avant de se diriger vers l’ouverture dans la roche les menant sur l’allée principale de la vallée.

Ils furent accueillis par une foule mouvementée, ainsi que d’étranges créatures regroupées au centre de la vallée, en petit groupe. Le soleil se reflétait sur les parois ocre de la roche, les guirlandes de fanions s’étaient multipliées, et des flambeaux avaient été installés en haut des parois rocheuses, surveillées par des groupes d’archer.

— Des Leothin !

En effet, il comprit maintenant les paroles de Corail et de Topaze. Les festivités Leothin semblaient correspondre à un grand rassemblement de Leothin, des créatures du désert semblable à un croisement entre un daim et un lynx, d’une taille aussi imposante que le dromadaire qu’il montait. Certains d’entre eux portaient sur la tête des bois, d’autres non, caractéristique de leurs traits communs avec les cervidés.

Ils étaient connus pour leurs endurances et leurs résistances à la chaleur du désert malgré leurs pelages parfois épais. Ils vivaient principalement en groupe à l’état sauvage, mais devenaient solitaires lorsqu’ils trouvaient un cavalier. Il en avait déjà entendu parler par Ama, lorsqu’elle lui contait ses aventures de jeunesse. Ces pensées lui firent mal.

— Mais en quoi consistent ces festivités ? demanda-t-il à Unakite proche de lui.

— Ce sont souvent des matchs entre deux groupes de voyageurs. La caravane Leothin traverse Rui Wang depuis des dizaines d’années, récoltant des informations, aidant d’autres voyageurs ou des habitants de cité. Le jeu de la vallée est simple, il consiste simplement à faire entrer une balle de cuir dans l’un des cercles suspendus en haut des parois.

Il pointa du doigt l’un des cercles de bois suspendu en dessous d’une poutre en bois.

— Il y a aussi des courses, des danses, ce sont des festivités d’accueil et de départ, car il s’agit de la période où les caravanes voyagent le plus.

— Je vois.

Il se rendit bien compte que son voyage lui permettra de faire de nombreuses rencontres avec des voyageurs, des créatures, mais aussi avec des dangers auxquels il devra se méfier. Une part de lui était impatiente, mais une seconde part, plus petite, grandissait lentement, et se demandait s’il avait fait le bon choix en se lançant aveuglément dans ce périple. Un périple en solitaire, dans l’inconnu, était une chose bien dangereuse à Rui Wang, car le désert n’épargnait personne.

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