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Dès qu’ils furent dans la chambre, ils voulurent conjurer le futur par leur fusion au présent. Gilles chauffa longuement Codou, pour le consoler. Il s’introduisit comme le jeune aimait, puis il bascula pour pouvoir le serrer contre lui pendant leur jouissance.

— Codou, tu sais, pour la première fois, je viens de faire l’amour…

Il sentit le chagrin de son jeune amant mouiller sa poitrine. Il berça sa tête d’enfant dans ses nattes jusqu’à ce que son compagnon s’endorme. Il le suivit et fut réveillé par de douces caresses sur sa verge. Il le laissa conduire, voulant se laisser emporter sans limites par le jeune expert. Il explosa dans l’éternité et à son tour fut couvert d’une immense tristesse. La chaleur de son bel amant le ramena doucement à la vie.

Ils étaient allongés. La main e Gilles flattait le pénis flasque de Codou qui y puisait déjà un retour de vigueur.

— Tu es beau de partout. Tu es un garçon, un vrai. J’aime ta masculinité. J’aime autant ta féminité. Je voudrais aussi t’aider à être bien en toi. Tu es parfait comme tu es. Ne change rien…

Il poursuivit son discours par un hommage à sa virilité. Abreuvé, il revint.

— Tu es incroyable ! Tu reviens si vite, si abondant… je peux te poser une question ?

Codou ne répondit pas. Ils s’étaient tant dit.

— Comment cela se fait que tu n’as pas de poils ? J’ai regardé les autres africains, ils en ont…

— La deuxième année ici, j’avais dix-huit ans, un client a beaucoup parlé avec moi. Je lui ai dit que je voulais être une femme, complètement, avec une poitrine, des vraies fesses, un sexe de femme. Il était médecin, il m’a tout expliqué. J’ai compris que je ne pourrais jamais être opéré pour me transformer. Sans que je lui demande, l’année suivante, il est revenu en m’apportant un traitement. Je ne sais pas ce que c’était, mais je lui ai fait confiance. Il m’a dit que cela m’aiderait à ressembler à une femme. Tu te rends compte ? C’était un beau cadeau ! Ma voix est redevenue celle d’un enfant, tous mes poils sont tombés, ma poitrine a grossi. Mais mes fesses sont restées minuscules.

— Tant mieux !

Gilles suçota ses mamelons, légèrement gonflés.

— C’est lui aussi qui m’a instruit sur les maladies, les protections.

— C’est important ! Tu es content du résultat du traitement ?

— J’aimerais avoir une plus grosse poitrine. J’aime ma voix, même si j’ai eu du mal au début. Pour le reste, je ne sais pas… Je plais beaucoup, à beaucoup d’hommes…

— Mais toi, tu te plais ?

— Quand certains me regardent comme tu le fais, je suis content d’être comme je suis.

Donc, d’autres hommes l’avaient déjà regardé avec adoration…

— J’ai un peu peur, car lorsque j’ai arrêté le traitement, ma voix a rebaissé et mes seins ont diminué. J’espère que je resterai quand même un peu une femme…

— Mais cet… ami, il n’est pas revenu ?

— Non ! Sa femme a découvert qu’il couchait avec moi et ils se sont disputés devant moi… Tu vois, je porte les malheurs ! Ceux qui me font du bien en souffrent beaucoup.

— Codou, tu donnes beaucoup aussi aux autres !

— Je sais ! Il y a beaucoup de vieux messieurs qui sont heureux de coucher avec moi, de se faire sucer la bite…

— Codou, ne dis pas ça…

— Mais c’est vrai ! Ce n’est rien ! Moi, quand ils sont gentils, je m’en fiche de leur âge. T, plus ils sont vieux, plus ils sont contents…

— Moi aussi, je suis vieux…

— Tu es un peu vieux, pas encore beaucoup. Et puis…

— Et puis ?

— Tu tiens longtemps, pour ça, tu es encore jeune et j’aime bien coucher avec toi !

Gilles rougit de cet étrange compliment. C’est vrai qu’il avait un entrainement de sportif, s’adonnant au moins une fois par jour à un entrainement devant les vidéos. Si on lui avait dit qu’un jour, quelqu’un en serait content…

— Gilles, c’est dimanche. Il faut que j’aille travailler. Je suis en retard.

Il lui posa un petit baiser, enfila son slip minuscule, un immense t-shirt gris puis sortit après un petit salut.

Gilles alla manger puis s’installa sur son transat. Il y avait du monde en ce jour d’arrivée. Son plagiste préféré ramassait les feuilles, maniant son épuisette avec grâce, ondulant spécialement devant certains hommes. Rapidement, un quarantenaire l’accosta. Après une brève discussion, Codou posa son outil et suivit l’homme de loin. Gilles n’était pas jaloux, simplement heureux pour son protégé. Il se leva et partit découvrir la plage. L’eau froide et les rouleaux expliquaient le repli sur la piscine. L’immensité de l’océan, les palmiers, le sable, la vue était paradisiaque.

Il revint en même temps que Codou. Il s’allongea quand ce dernier prit sa position debout à côté de lui.

— Gilles…

— Ne dis rien. Je t’aime.

Invisibles des autres clients, il monta sa main entre ses cuisses, pour caresser et réconforter l’objet du commerce récent. La réaction de Codou lui fit plaisir.

Il se défit lentement pour aller ranger des transats puis reprendre son nettoyage.

Un autre homme s’approcha. Gilles devina la méchanceté en lui. Codou aussi, sans doute, car il semblait réticent. Ils s’éloignèrent. C’était l’heure du repas. À nouveau des inconnus pour lesquels il fallait simuler de l’intérêt. Il entendit les mêmes idées toutes prêtes sur le pays et les Noirs ! Il ne supporta pas. Il raconta son expérience du marché, de la famille de Codou. Il devint le centre d’intérêt, comme s’il détenait un savoir secret. Sans vraiment de raison, il mit à bas quelques principes racistes, juste par lassitude. Il n’appartenait plus à cette communauté.

Codou n’était pas revenu quand il retrouva son matelas, alors qu’il était presque deux heures. Il sut que c’était mauvais en le voyant revenir. Il se leva, le prit par la main et le tira dans sa chambre. Il retira les deux vêtements, le poussa sous la douche et le savonna doucement, longuement par où il devait avoir souffert. Codou se laissait manipuler. Gilles sentait de petits soubresauts agiter son corps, sans doute des sanglots. Il continua, longtemps, jusqu’à ce qu’il sente son amant se calmer. Il l’essuya avec tendresse, le rhabilla et le serra dans ses bras.

— Codou, je ne veux plus que tu souffres. Je vais te racheter à ton cousin. Je vais t’aider et aider ta famille…

— Gilles, je ne veux pas. Des fois, c’est très dur. D’habitude, je supporte. Mais comme tu étais là, j’ai craqué. Ce n’est pas bien. Je dois être fort ! Il m’a très bien payé. Il veut recommencer chaque jour. Je dois le faire.

Il se défit et sortit reprendre son travail. Gilles le suivit, se demandant à combien était la passe et comment empêcher le prochain rendez-vous. Il tournait les idées les plus saugrenues dans tous les sens. Dans un moment de vide, un étonnement le saisit, car il s’aperçut que depuis sa visite à sa famille, toutes ses pensées étaient tournées vers Codou. Jamais il ne s’était préoccupé un tant soit peu d’une autre personne, même pas de son insignifiante personne.

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