Tout avait commencé par un murmure, une voix mystérieuse, obsédante, entendue la nuit qui suivit la découverte mouvementée d’un corps, lors d’une enquête pour disparition.

Je porte un nom aussi ordinaire que familier dans la région : Lenormand. Quant à mon prénom, c’est Gilbert, tout simplement.

Inspecteur de base affecté à des tâches subalternes au sein de la Police Judiciaire de Rouen, mon allure de grand échalas à peine sorti de l’adolescence m'avait fait devenir la cible favorite des plaisanteries du commissariat. J'étais le gratte-papier de service, bon à tout et surtout à flairer l'indice, là où personne ne pensait regarder. Et voilà qu'au cours de cette enquête menée par l'Inspecteur Bertier que je secondais pour la première fois en tant qu'adjoint, je me retrouvai, bien malgré moi, propulsé dans une histoire qui bouleversa ma vie. Le destin allait encore me jouer de drôles de tours.

Ces événements vécus, j’ai décidé de les raconter, quitte à en faire un bien modeste roman. Et, aussi bizarre que cela puisse paraître, tout ce que je raconte m’est vraiment arrivé. Pour l'instant, mes écrits dorment au fond de mon grenier, dans des cahiers d'écolier remplis de ratures et de mes pattes de mouche. Peut-être, un jour, dans bien des années, les donnerai-je à lire.

L’humour est une fleur de sel qui permet de ne pas tomber dans le désespoir, la mélancolie, ou la résignation. Pour un flic, c’est important. Surtout quand on côtoye souvent des cadavres. Aussi, le malheur étant le sel de la vie, j'ai préféré, en racontant mes aventures, le ratisser pour en récolter la fleur, tirant ainsi la drôlerie des situations les plus désespérées.

Et il m’avait fallu bien du courage pour les affronter !

Revenons, six mois plus tôt, en septembre 1964. Je venais alors de fêter mes vingt-huit ans...