Chapitre 6 - Un premier indice

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Attablé au bureau, j'examinai attentivement ces plans. C'était des pièces historiques, très bien conservées. Des véritables œuvres d'art. Tous les étages y étaient détaillés un par un. Les plans des jardins à la française de jadis étaient, eux aussi, magnifiquement représentés, mais, bien entendu, ils ne correspondaient plus à l'aménagement actuel.

On y voyait aussi des chemins en pointillé, qui, d'après la châtelaine, symbolisaient des souterrains, dont l'un semblait mener à l'est vers la Seine, tandis que d'autres se dirigeaient vers la forêt située à l'opposé. Ils rayonnaient tous en provenance d'un unique point du château.

Je regardai également les dessins représentant les jardins attenants.

— J'ai la nette impression que, la propriété semble bien plus vaste que ce qu'on en perçoit en arrivant, remarquai-je.

— En effet, le parc est prolongé vers la Seine par un espace envahi par la végétation, descendant en pente douce vers la vallée, jusqu’au bord de l'eau vers un bras mort. Celui-ci n'est relié au fleuve qu'en période de crue.

— Mais alors, pourquoi ne voit-on pas cette partie lorsque nous arrivons ?

— Un mur de soutènement avait été construit pour aménager les jardins sur une terrasse et empêcher ainsi les crues centennales de la Seine de l'inonder. La plus importante remonte à 1910 et l'eau était alors montée jusqu'au mur et avait envahi partiellement les souterrains. Le parc actuel remplace les anciens jardins. Quant à l'espace en contrebas il n'est visible qu'en haut du mur, situé tout au bout du parc. Nous n'allons jamais dans cet endroit qui n'est pas entretenu, où poussent des saules et des peupliers, et qui est complètement envahi de végétation C'est un marais souvent inondé lors des crues d'hiver de la Seine ou d'orages violents.

— Est-il clôturé ?

— Non. Et puis, d'ailleurs, personne n'y va jamais. C'est trop humide, voire dangereux.

— Et je vois aussi sur le plan un petit édifice dans cet espace. De quoi s'agit-il ?

— C'est une glacière. Elle a été ajoutée au XVIIème siècle, c'était très courant à l'époque. C'est une construction de forme ronde, en pierre, enfoncée en partie dans le sol, ce qui en garde la fraicheur. C'était relativement efficace et on pouvait même y stocker de la glace, ce qui permettait de conserver les aliments. Elle a été construite sur une petite butte entourée d'arbres, dans la petite forêt en surplomb de la rivière, à quelques centaines de mètres après le mur de soutènement, et juste avant le marais. C'est un endroit toujours frais et ombragé, qui bénéficie de la fraicheur de la rivière, mais reste à l'abri des inondations puisque construite en hauteur.

— Une sorte de réfrigérateur de l'époque, remarquai-je. Puis-je vous emprunter les plans pour un moment ? C'est juste pour avoir un aperçu de la topographie des lieux. Je vous les rends tout de suite. Et aussi, j'aurai besoin de feuilles de papier, pour faire des croquis.

— D'accord ! Mais prenez-en soin, car ce sont des documents originaux.

Et, ouvrant un tiroir du bureau, elle tira quelques feuilles blanches, destinées à la correspondance.

La remerciant, je m'attablai pour les étudier attentivement. J'en tirai avec application quelques croquis détaillés et numérotés que je pliai en quatre, les insérant dans mon précieux carnet noir qui ne quittait jamais la poche intérieure de ma veste. Ceux-ci m'aideraient à m'orienter. Puis, au bout d'une bonne heure, je rapportai les plans à notre châtelaine.

J'entrepris d'abord de visiter les caves tout seul, les agents examinant déjà les étages supérieurs du château. M'étant muni d'une lampe torche, je m'aidai du croquis tiré du plan et explorai toutes les salles. Beaucoup de murs montraient des passages voûtés d'anciennes issues, bouchées à l'aide de gros moellons, ce qui était la conséquence des nombreuses modifications apportées au bâtiment au fil des siècles. Par contre, je n'y trouvai pas trace d'entrées menant aux souterrains. Heureusement pour moi, il n'y avait pas de cave à charbon, car l'explorer se serait montré laborieux et extrêmement salissant. Le bâtiment était chauffé au bois et le bûcher se trouvait dans une dépendance à l'extérieur, qui fut examinée par les policiers, sans qu'ils n'y trouvent quoi que ce soit.

Toutes les salles se terminant en cul de sac, j'estimai qu'il n'y avait plus rien à voir et je remontai au rez-de-chaussée. Je demandai alors à accéder au grenier, où je ne trouvai rien, dans le bric-à-brac des vieux meubles poussiéreux qui y étaient empilés et couverts de toiles d'araignées.

Après cet examen minutieux, je rejoignis Bertier.

— Alors, Gilbert, tu n'as rien trouvé ?

— Non, rien. Aucun indice. J'ai exploré les caves, mais elles sont toutes en cul de sac et des sorties semblent avoir été bouchées. Quant au grenier, rien d'intéressant !

— Nous avons examiné les travaux, le sol ne présente apparemment pas de modifications, pas de changement de couleur du sol, aucun corps à priori ne semble y avoir été enfoui.

— Pourquoi penses-tu que l'on aurai pu y enfouir un corps ? demandai-je, intrigué.

— On ne sait jamais, le disparu aurait pu avoir été assassiné et enterré ensuite. Malheureusement, nous devons toujours nous attendre au pire.

Puis il reprit :

— Nous allons nous en arrêter là et explorer le parc.

Nous nous mimes à le parcourir consciencieusement et à en fouiller tous les recoins, accompagnés de l'armée de policiers en uniforme qui piétinaient tous les massifs, au grand dam du jardinier qui poussait des hauts cris en s’arrachant les cheveux. Puis, nous allâmes en direction de la partie est du jardin, proche du mur de soutènement.

Nous y étions presque parvenus quand soudain, l'un des agents nous interpella. Une branche coupée en plein milieu d'un massif de fleurs avait suscité sa curiosité. A priori, rien d'extraordinaire, si ce que n'est quelques traces brunes dessus...

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