Chapitre 7 - Périlleuse découverte !

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Nous avions ainsi découvert notre premier indice, et celui-ci paraissait particulièrement troublant. Bertier s'inclina davantage pour l'examiner de plus près.

— Bizarre, ces taches brunes ! Nous devons demander à l'équipe scientifique d'analyser ces traces.

Puis, les lieux furent explorés pouce par pouce. L'équipe scientifique, appelée en renfort par Bertier du bureau de l'entrée, essaya de relever des empreintes à proximité, mais sans succès, celles-ci étaient illisibles par suite de piétinements successifs.

Le domaine était fermé, à l’exception du bord de Seine. N’importe qui aurait pu pénétrer par là. Une idée me vint alors en tête. J’avais envie de jeter un œil à l’espace arboré qui descendait vers le fleuve au cas où je trouverais d'autres indices et je le suggérai à Bertier.

— Fais attention, tu n'es pas vraiment équipé pour la randonnée avec tes petites chaussures et ton petit costume, et puis nous sommes en fin d'après-midi, prends bien garde de rentrer avant qu'il ne fasse trop sombre ! Si dans une heure, tu n'es pas revenu, j'enverrai les agents te rechercher s'esclaffa-t-il, connaissant mon intrépidité légendaire dans ma recherche d'indices, frôlant souvent l'inconscience.

Ainsi, je commençai ce que je croyais être une petite promenade de santé. Quelle illusion ! J'ignorais alors à quel point je me mettais le doigt dans l'œil !

Après avoir atteint le mur de soutènement, je descendis l'escalier et commençai à pénétrer dans la végétation. Celle-ci était très dense, constituée essentiellement de saules et de peupliers. Au fur et à mesure que j'avançais, la marche devenait de plus en plus difficile et je me prenais souvent les pieds dans des racines et des branches tombées au sol.

Il ne faut pas sous-estimer la dangerosité des boucles de la Seine Normande, bien que celles-ci offrent de merveilleux panoramas. Les étangs, roselières et bras morts se nichant dans les méandres resserrés du fleuve, de Montigny à la Forêt de Brotonne, se révèlent parfois piégeux et dangereux pour quiconque s’y aventure sans précaution. Mais, chez moi, la curiosité est une seconde nature, ce qui peut être un atout chez un policier, mais aussi une source d'ennuis, voire de gros ennuis !

J’arrivai près de l’eau. Il était dix-huit heures et le soleil de cette toute fin d’été commençait à décliner.

C'était un très bel endroit, calme et reposant qui, en d'autres circonstances, aurait pu inciter à la rêverie ou la méditation. Le soleil continuait sa lente descente vers l'horizon, derrière la colline et de petites nappes de brume dues à la chaleur de cette belle journée de fin d'été se déployaient peu à peu sur l'eau. J’entendais le doux murmure de la brise légère qui faisait frissonner les feuilles des arbres, éclaboussées d'or par les rayons du soleil couchant. Quelques oiseaux migrateurs survolaient bruyamment le fleuve bordé par les roseaux qui le cachaient par endroits.

Je me trouvais alors à la jonction de la Seine et du petit bras mort figurant sur la carte. Le niveau de l'eau, élevé quelques jours auparavant, avait brusquement baissé, arrivant à deux mètres en dessous du bord. Scrutant les environs et ne voyant rien de particulier, je repartis en direction du bras mort situé un peu plus au sud, vestige d'un ancien méandre et alimenté de temps à autre par les débordements du fleuve.

Lorsque je l’atteignis, une odeur fétide, rabattue par le vent dans ma direction, me fit froncer le nez. Par manque de courant, l'eau stagnante avait vite été envahie d'algues qui dégageaient une désagréable odeur soufrée. Balayant l’eau du regard, je crus soudain voir quelque chose de blanc émerger en plein milieu. Un sac peut-être ?

Décidément, on jette tout et n’importe quoi dans les rivières, pensai-je.

Poussé par la curiosité, je m'avançai avec précaution au bord, un sol instable, rongé par l'érosion et constitué d'un mélange de boue, et de branches mortes dans lesquels mes pieds se prenaient. Le bras mort, en partie asséché, était recouvert d'une épaisse couche de vase. Des nappes de brume s'intensifiaient, donnant à l'endroit une atmosphère mystérieuse, voire inquiétante, qui me fit frissonner et me donna l’envie de repartir aussitôt.

Soudain, le sol s'effondra sous mes pieds et je glissai en contrebas pour me retrouver assis en plein dans la vase malodorante. Après avoir émis une bordée de jurons, me remettant debout, je ne réussis qu'à m'y enfoncer jusqu’aux cuisses. Tentant de marcher, je sentis mes mocassins aspirés dans un affreux bruit de succion . Je ne pouvais plus avancer. Craignant de perdre l’équilibre et de m’y affaler de tout mon long, j’oscillais d'avant en arrière en battant des bras. Soudain, la peur commença à me gagner et mon cœur se mit à battre plus vite. Je me voyais englué ici pour l'éternité.

Même si j'appelais à l'aide, il n'y avait personne pour m'entendre, je me serais égosillé pour rien.

Un guide m'avait appris à me sortir de ce genre de piège, un jour où j'avais traversé la baie du Mont Saint Michel. Comme il me l'avait montré, je remuai donc doucement les jambes l'une après l'autre pour les remonter progressivement et prendre appui sur la vase avec mes genoux. Cela fonctionna. J'étais moins enfoncé. Faisant doucement demi-tour, je tentai plusieurs fois de remonter, mais, arrivé au bord, les branchages que je saisissais pour me hisser me restaient dans les mains et je reglissais vers le bas. Il fallait que je trouve un autre endroit pour me sortir de là.

Puisque j’étais coincé ici, je fis donc de nouveau demi-tour pour aller voir le mystérieux objet flottant qui avait suscité ma curiosité. Après tout, au point où j'en étais...

Les pieds s'enfonçant à chaque pas, je progressais doucement et avec précaution. La profondeur augmentant, cette boue liquide devenait une eau noire et commençait à gagner le bas de ma veste. Je songeai alors à mettre mon carnet à l’abri en le tenant du bout des doigts, gardant le bras en l’air.

Je poursuivis mon avancée, marchant dans l'eau, malgré le froid glacial qui me pénétrait et l'obscurité qui gagnait. J'arrivai à mon but. Ce que j'avais pris pour un sac était en réalité un pan de veste de lin, de couleur blanche. Je soulevai le tissu d'une main. Il résistait. Tirant un peu plus, j'entrevis une masse qui remontait de l'obscurité. Etait-ce un corps ?

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