Chapitre 10 - Un heureux événement à venir
Chapitre 10 - Un heureux événement à venir
Tard dans la soirée, je rentrai chez moi. Sophie, ma petite femme bien aimée, m'attendait avec impatience. Je l'embrassai tendrement et me dirigeai aussitôt vers la chambre pour me déshabiller. Elle m'emboita aussitôt le pas.
La connaissant, je savais qu'une scène de ménage, aussi inévitable qu'un orage d'été, se préparait à l'horizon dès que je lui raconterais ce qui m'était arrivé. J'aurais pu m'en passer pour ne pas l'inquiéter, mais, très perspicace, elle a le don de me tirer les vers du nez. Elle devrait travailler dans la police. Elle serait bien meilleure que moi dans les interrogatoires. Alors, autant tout lui dire dès maintenant.
— Tu en a mis du temps pour rentrer ! Tu aurais pu me prévenir que tu reviendrais tard. Tu es allé au magasin aujourd'hui t'acheter des vêtements ? Ils sont super ! Et puis, tu sens bon ! On dirait que tu viens de prendre une douche ! Humm !
— Merci ma chérie, répondis-je en me penchant en avant pour lui rendre son baiser, mais je ne les ai pas achetés, on me les a prêtés.
— Mais j'aimerais bien savoir pourquoi. Qu'as-tu donc fait de ton beau costume ?
— Euh... en fait...
Et je lui racontai ma mésaventure.
Elle eut un sursaut. Et ce fut un déferlement de reproches, ce à quoi je m'attendais. Je baissai la tête, prêt à affronter l’averse.
— Comment ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu devrais faire plus attention. Tu prends beaucoup trop de risques. Glisser dans une vasière ! Mais quelle idée ! Et presque à la tombée de la nuit ! Et si on ne t'avait pas retrouvé ? Tu serais resté enfoncé dans la vase pour le restant de tes jours ! Et puis ton costume et les chaussures que je t'avais offerts pour ton anniversaire, que sont-ils devenus ?
Sous cette avalanche de critiques, et surtout aussi parce que j'étais exténué, je pris la mouche et m'emportai à mon tour :
— Le costume, il est dans le garage en attendant d’être lavé ! Et les chaussures, eh bien, je les ai perdues dans la vase où je me suis enfoncé. Et puis, tu n'as pas épousé un comptable, ni un inspecteur des impôts, ni un notaire, assis derrière un bureau, mais un policier. Tu étais prévenue, ce métier présente parfois des aléas, voire quelques risques !
— Des aléas ! Des risques ! Les risques, tu les cherches quand même un peu ! Et moi, je tremble pour toi tous les jours quand tu ne rentres pas de bonne heure ! Et j’ai besoin de toi pour élever notre enfant.
Elle éclata soudain en sanglots tandis que je recevais comme un gros coup de massue sur la tête.
— Hein ? Quoi ? Un enfant ? Quel enfant ? Tu attends donc un bébé ?
— Oui, je suis enceinte de trois mois ! Le docteur me l'a confirmé ce matin, et je n'ai pas eu le temps de t'en parler, à cause de notre dispute idiote !
Un vertige me saisit. Les jambes me manquèrent et je m'assis sur le bord du lit. J'étais sans voix. C’était une merveilleuse nouvelle. Alors, ça y était, j'allais être père pour la première fois. Bien entendu, nous avions fait tout ce qu’il fallait, mais je ne croyais pas que cela allait fonctionner si rapidement. Je n'avais pas pris la chose trop au sérieux et mesuré ses conséquences.
Jusqu'à présent, cela me paraissait encore abstrait. Et là, ça avait marché ! J'allais devenir papa à mon tour, être responsable d'un petit être qui venait de nous deux. J’avais l’impression de vieillir tout à coup.
— Mais, pourquoi ne m’en as-tu pas parlé plus tôt ?
— Je le savais, mais je ne voulais pas te décevoir si… au cas où… je voulais être sûre…
Elle se tut. J’avais compris. Petite, elle avait vu sa mère faire plusieurs fausses couches et elle craignait de faire de même. Pauvre petite Sophie qui gardait son secret pendant des semaines, redoutant de me faire une fausse joie, comme si ce malheur pouvait la frapper aussi. Tout ça pour m’épargner.
Mes yeux se mouillèrent à mon tour. J'étais tellement bouleversé que je la pris dans mes bras lorsqu'elle s'assit à son tour sur le bord du lit et je couvris son front et ses joues de baisers. J’embrassai ses larmes pour les faire disparaître, car je ne voulais plus qu'elle pleure à cause de moi. Je me sentais tellement honteux, tellement coupable de m'être fâché ainsi alors qu'elle s'inquiétait tant à mon sujet.
Nous restâmes assis au bord du lit un long moment, l'un contre l'autre. Je me rappellerai toujours de ce doux moment, moi entourant les épaules de Sophie de mon bras, respirant l'odeur de ses cheveux blonds et la tenant serrée tout contre moi. Elle avait retrouvé le sourire.
Ma chère Sophie, l'amour de ma vie, ma ravissante épouse aux cheveux couleur de miel, mon rayon de soleil. Sa petite stature ne lui enlève en rien son caractère affirmé et son franc-parler. Ancrée dans la réalité, elle est celle sur qui je peux toujours compter. Elle possède ce talent de remettre mes idées en ordre, parfois avec une certaine fermeté.
Et là, elle m'offrait le plus beau cadeau qui soit. Je ne devais pas la décevoir et je me promis de faire amende honorable et de m'assagir. Ne plus prendre autant de risques, autant que possible.
Mais, est-ce possible, étant donné ma nature téméraire ? Il faut que je me corrige !
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