Le Psychologue

12 minutes de lecture

Chapitre 15

POV : Nathan

Il ne manquait plus que ça.

Comme si la terre entière s'était liguée contre moi, comme si le simple fait de respirer, de penser, de survivre était devenu un fardeau insoutenable. Mes parents me regardent comme si j'étais devenu quelqu'un d'autre. Un étranger. Comme si mon visage n'était plus le mien.

Et au fond, peut-être qu'ils ont raison. Peut-être que quelque chose en moi a vraiment changé.

Depuis l'événement avec Hannah, ils ne me lâchent plus d'une semelle. Mon père parle à voix basse dans la cuisine, pensant que je ne l'entends pas. Ma mère pleure parfois dans la salle de bain, le robinet ouvert pour couvrir ses sanglots.

Et maintenant, ils veulent m'emmener voir un psychiatre. Un foutu psychiatre.

Comme si un type assis derrière un bureau allait pouvoir me dire ce qui vit dans ma tête. Comme s'il pouvait comprendre ce que c'est de perdre le contrôle de son propre corps.

Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit. Ce qui s'est passé ce jour-là... ce n'était pas moi. J'en suis persuadé.

Enfin... Je crois ?

Plus les jours passent, plus cette certitude vacille. Et c'est ça qui me fait le plus peur. Si même moi, je commence à douter, alors quoi ? Je suis vraiment devenu fou ?

Je suis terrifié. Terrifié à l'idée que cette chose... ce truc qui m'a possédé l'espace d'un instant soit encore là, tapie dans un coin de mon esprit, prête à recommencer.

Et en même temps, une part de moi — cette part curieuse, bornée, incapable de lâcher l'affaire — veut comprendre.

Je veux savoir ce qui s'est vraiment passé.

Qui était cette chose ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?

Et surtout... est-ce que tout ça aurait un lien avec la mort de Chris ?

Parce que depuis ce jour-là, plus rien n'est normal. Et même si c'est évident — ou du moins, logique à mes yeux — je sens que tout est connecté.

Hannah. La flaque bleue. Les rumeurs. Les regards. Les morts.

Déjà, ce qui est sûr... c'est que Hannah était visée. Elle était ciblée, surveillée, traquée. Par quelqu'un, ou par quelque chose.

Et le pire dans tout ça ? J'ai l'impression qu'elle le savait.

Qu'elle était consciente de ce qui allait lui arriver. Comme si elle y avait consenti.

Ou pire : comme si elle l'avait voulu.

Je me souviens très bien de ce jour-là. De son poignet. Du moment où elle a volontairement glissé la lame du couteau contre sa peau, lentement, comme si elle faisait ça pour la centième fois.

C'était pas une tentative maladroite. Pas un appel à l'aide.

C'était calculé. Froid. Contrôlé.

Et puis... ce que j'ai vu ensuite... c'est encore plus flippant.

Son sang.

Il n'était pas rouge.

Il était bleu. Un bleu profond. Presque noir. Comme la nuit juste avant que l'aube se lève.

C'était surréaliste. Abject. Inexplicable.

Et pourtant... j'en suis certain.

Ce n'était pas un délire. Ce n'était pas une hallucination causée par mes médicaments.

Parce que j'ai une preuve. Une vraie.

Je l'ai encore, bien cachée dans une boîte au fond de mon tiroir. Une simple serviette en papier, tachée de ce bleu étrange.

C'était à la cantine. Hannah s'était blessée, et elle avait essayé de planquer ça, de la dissimuler.

Mais moi... j'ai vu. Et j'ai agi sans réfléchir. Je l'ai prise. Volée.

Je suis peut-être fou, mais je ne suis pas aveugle.

Tout ce bordel est lié. Hannah, le sang bleu, Chris... Ce n'est pas juste une série de coïncidences morbides.

Il y a un vrai putain de lien quelque part.

Et je compte bien le découvrir. Même si ça me coûte la raison.

Ou la vie.

Mais le pire... le pire, c'est que malgré toutes ces preuves — malgré tout ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu — il y a cette petite voix en moi.

Celle qui me murmure, encore et encore :

"Et si tu avais tout inventé ?"

"Et si tu avais vrillé pour de bon, Nathan ?"

Parce qu'à force de retourner l'histoire dans tous les sens, d'y repenser chaque soir au bord du sommeil, de passer mes journées enfermé dans ma chambre, dans l'obscurité, je me rends fou moi-même.

Je sens que je glisse. Lentement. Comme quelqu'un qui marche sur un lac gelé qui craque sous ses pas.

Je n'ai pas remis les pieds au lycée depuis l'événement. Et franchement, je n'en ai pas la force.

Je ne veux pas voir leurs regards. Leurs rumeurs. Leur putain de curiosité malsaine.

Certains doivent se dire que je suis un genre de monstre. D'autres pensent sûrement que je suis malade, ou dangereux.

Ou les deux.

Et ils n'ont peut-être pas tort.

Mais dans cette noirceur, une lumière subsiste.

Gabriel.

C'est le seul qui continue de venir me voir. Le seul qui me parle comme si j'étais encore humain.

Comme si j'étais toujours Nathan, pas "le taré du lycée", pas "le mec qui a fait flipper tout le monde".

Juste moi.

Il ne me pose pas trop de questions, mais il sent que je suis pas bien. Il m'apporte des trucs à manger, il me file des infos du lycée, il me regarde sans avoir peur.

Et mine de rien, c'est devenu vital pour moi.

C'est con, hein ?

Mais parfois, sa voix, c'est tout ce qui me retient de sombrer.

Mais malgré sa présence, malgré le semblant de normalité qu'il apporte... j'ai pas pu m'empêcher de creuser.

De chercher. Encore et encore.

Parce que je dois savoir.

J'ai passé mes journées à fouiller internet, à taper des mots-clés improbables, à descendre dans les tréfonds du web.

J'ai lu des centaines d'articles. Sur les meurtres. Les anomalies. Les rituels. Les traces inexpliquées.

Jusqu'à ce que je tombe dessus.

Un détail. Un point commun. Un pattern.

Des meurtres très anciens. Éloignés. Cachés. Tous avaient un élément en commun : un liquide coloré.

Sur les corps. Autour des scènes de crime. Parfois dans les rapports toxicologiques.

Ce n'était pas juste un détail poétique. C'était réel. Documenté. Parfois censuré.

Et ces crimes n'avaient pas eu lieu ici, mais au Japon. Loin d'ici.

Mais identiques dans leur étrangeté.

Et là, sur le 33e article, j'ai senti une présence glacée me traverser l'échine. Un malaise viscéral.

Comme si... ce que je venais de lire m'était destiné.

Alors, j'ai piraté. Rien de méchant, juste assez pour avoir accès à un fichier archivé, caché derrière un mur de sécurité ridicule.

Mais à partir de ce moment-là...

Tout a déraillé.

C'est arrivé le lendemain. En pleine nuit. 3h33 du matin. Pile.

Je dormais à moitié. Mon PC était censé être éteint.

Et pourtant... j'ai été réveillé par une lueur bleutée.

L'écran s'était rallumé. Tout seul.

Au centre, un message, en lettres blanches sur fond noir.

« ERROR 333 – UNAUTHORIZED ACCESS – DATE: 03/03/2003 »

J'ai d'abord cru à un virus. Ou un mauvais rêve.

Mais tout était trop réel. Mon cœur battait à une vitesse folle. La pièce était glaciale.

Comme si l'air lui-même avait décidé de geler.

J'ai bougé la souris. Tenté d'éteindre l'ordi. Rien à faire.

L'écran restait figé sur cette erreur. Et surtout... sur cette date.

03/03/2003.

Un frisson m'a traversé tout le corps.

Je suis retourné sur mes recherches. J'ai revérifié la date du décès de Chris.

Et là, mon sang s'est figé.

03 mars 2003.

C'était bien ça. Le jour de sa mort.

Alors quoi... ? C'était lié ? Un hasard ? Une coïncidence ?

Ou pire : une récurrence, une sorte de schéma qui se répète à travers les années ?

Je ne sais pas ce que j'ai piraté exactement.

Mais depuis... j'ai l'impression que quelque chose m'observe. Que je suis sur écoute, ou suivi.

Que cette « erreur » n'en est pas une.

Que c'est un avertissement.

Ou une invitation.

J'ai tenté d'éteindre mon PC de force. Coupé le courant. Tout débranché.

Mais même débranché, l'écran restait allumé.

Et cette fois, le message avait changé.

« IL SAIT. »

Juste ça. Deux mots. Simples. Secs. Terrifiants.

Depuis ce jour, je ne dors plus. Je ne veux plus dormir.

Je sens que si je ferme les yeux, il va m'arriver quelque chose.

Que quelqu'un m'attend dans mes rêves.

Ou qu'une version de moi, différente, plus sombre, plus ancienne... veut reprendre le contrôle.

Ma mère m'a convoqué dans le salon. Ça faisait des jours qu'elle m'évitait, ou qu'elle prétendait que tout allait bien, qu'il fallait juste « laisser passer un peu de temps ».

Mais là, elle avait ce regard.

Ce mélange de fatigue, d'inquiétude, et de peur.

Peur de ce que je pourrais devenir. Ou peur de ce que je suis déjà devenu.

— Nathan, je t'ai pris un rendez-vous. À l'hôpital. Un psychologue. Il est très bien. Discret. Il veut juste t'aider à mettre des mots... sur ce que tu ressens.

J'ai pas répondu. J'ai juste hoché la tête.

Parce que je savais que refuser ne servirait à rien.

Parce qu'au fond... une partie de moi voulait comprendre.

Savoir si j'étais fou, ou si le monde lui-même déraillait.

Le lendemain, elle m'a emmené en voiture.

Le trajet a été silencieux. Le genre de silence qui te bouffe de l'intérieur.

Même la radio était éteinte.

On a roulé à travers la ville, sous un ciel gris sale, sans lumière, sans vie.

Comme si l'univers entier avait décidé de baisser le volume.

Je fixais les rues, les passants, les feux rouges.

Mais tout me semblait irréel. Comme un rêve trop net. Une illusion programmée.

Et puis, j'ai remarqué.

Tous les chiffres autour de moi : les plaques d'immatriculation, les horaires des panneaux, les numéros sur les immeubles...

Ils étaient pleins de 3.

Encore. Et encore. Et encore.

Je l'ai dit à ma mère. Elle n'a même pas répondu.

Elle a juste serré le volant un peu plus fort.

Comme si elle les avait vus aussi... mais qu'elle refusait de l'admettre.

Quand on est arrivés à l'hôpital, je suis resté bloqué un instant devant la porte.

Quelque chose en moi refusait d'entrer. Comme un avertissement viscéral. Un instinct animal.

Mais j'ai fini par suivre.

Parce que c'est ce que les gens « normaux » font, non ?

Ils vont voir un psy, ils parlent, ils soignent. Comme si on pouvait guérir d'un truc qu'on ne comprend même pas.

La salle d'attente était vide. Trop vide.

Et le couloir menant au bureau du psy... était couvert de tableaux étranges.

Des formes floues. Des visages fondus.

Je suis entré dans le bureau.

Le psy s'appelait Docteur Haneda. Un nom japonais.

Il avait un visage calme. Presque trop calme.

Il m'a demandé de m'asseoir.

Et quand il a prononcé mon prénom pour la première fois, j'ai senti mon sang se glacer.

— Nathan. Je t'attendais.

Pas : « je t'attendais pour notre rendez-vous ».

Non.

Je t'attendais.

Comme si il savait déjà.

Je n'ai jamais aimé les hôpitaux. L'odeur, les murs trop blancs, l'éclairage néon qui vous crame la rétine et l'âme en même temps.

Ce jour-là, c'était encore pire.

J'avais cette impression étrange que chaque pas me rapprochait non pas d'un rendez-vous, mais d'un jugement.

Ma mère m'avait couvert comme si on partait en expédition polaire. J'avais mal à la tête, froid aux os, et le cœur au bord des lèvres.

Chaque fois que je clignais des yeux, je revoyais le sang bleu de Hannah.

Je revoyais son regard, comme s'il avait cherché à me dire quelque chose.

Comme si elle m'avait choisi pour une raison que je n'arrivais pas à saisir.

On a traversé le hall de l'hôpital en silence. Les murs étaient tapissés de dessins d'enfants, comme s'ils essayaient de masquer la violence sourde du lieu.

J'étais dans la même salle d'attente que d'habitude. Rien n'avait changé, sauf moi.

J'étais épuisé, vidé. Plus vraiment là.

On m'appela enfin. Je me suis levé mécaniquement, traînant mes jambes comme deux poids morts.

Je suis entré dans le bureau de Monsieur Jean.

Rien n'avait changé. Toujours aussi froid, propre, impeccable.

Trop impeccable. Trop clinique.

Comme s'il essayait d'effacer toute trace d'humanité.

Mais cette fois, il n'était pas seul.

Un autre homme était là. Plus jeune. Des lunettes, un air trop enthousiaste pour être honnête.

Il gribouillait déjà sur un calepin, sans même m'avoir adressé un bonjour.

J'ai levé les yeux vers lui. Il a tenté un sourire.

J'aurais préféré qu'il ne le fasse pas.

Il avait ce genre de sourire qui vous donne envie de fuir par la fenêtre.

— Bonjour Nathan, dit Monsieur Jean avec cette voix toujours trop douce pour être sincère.

J'ai marmonné un « bonjour », la tête à moitié planquée dans mon écharpe.

— Voici Jim. Il travaille avec nous à l'unité pédopsychiatrique. Il est là pour t'écouter. Tu te doutes sûrement de la raison de sa présence aujourd'hui...

J'ai soufflé du nez, nerveux.

— Vous voulez parler de « l'événement » du lycée, je suppose ?

— Oui. Nous savons que tu traverses une période particulièrement difficile, Nathan. Le choc de la rechute de ton cancer, la mise en place du traitement... tout ça peut expliquer certaines pertes de repère. On ne te juge pas. On est là pour t'aider, tu comprends ?

Je l'ai fusillé du regard.

— Arrêtez de tout mettre sur le dos de la maladie, s'il vous plaît. J'ai appris à vivre avec. C'est pas ça le problème. Vous le savez très bien.

Il a noté quelque chose sur son carnet. Évidemment.

Toujours noter. Toujours interpréter.

Mais moi, je ne savais plus ce qui relevait de la maladie, de la folie, ou de la vérité.

Car depuis la mort d'Hannah, depuis l'apparition de cette « Erreur 333 », je ne savais plus si ce que je vivais était réel...

Ou si j'étais simplement en train de perdre pied. Lentement.

Et le pire dans tout ça, c'est que j'avais une preuve matérielle : la serviette tâchée de sang bleu.

Et pourtant, je ne pouvais rien dire.

Ils m'auraient fait enfermer immédiatement.

Alors je me suis tu. Encore.

Et j'ai laissé Monsieur Jean dérouler son interrogatoire déguisé en bienveillance.

— As-tu déjà entendu des voix ?

— Sens-tu parfois que ce n'est pas toi qui agis ?

— Est-ce que tu ressens une présence étrangère en toi, depuis la chimiothérapie ?

J'ai répondu le strict minimum.

La vérité, c'est que oui. J'ai entendu. J'ai ressenti.

Et parfois, j'ai même agi sans m'en rendre compte.

Mais ce n'est pas à eux que je voulais en parler.

C'est à Gabriel.

Je suis ressorti du bureau de Monsieur Jean avec une migraine carabinée.

Mes jambes tremblaient. Je sentais que quelque chose clochait, mais je n'arrivais pas encore à mettre le doigt dessus.

Ma mère m'attendait dans le couloir, les bras croisés, le visage fermé.

Elle ne souriait plus. Elle ne parlait plus.

Elle était là, figée, comme si elle venait d'avaler une vérité trop lourde à digérer.

— On y va ? ai-je demandé, la gorge sèche.

Elle a hoché la tête.

Mais au lieu de prendre le chemin de la sortie, elle a bifurqué vers un autre couloir.

Plus étroit. Plus sombre. Un couloir que je ne connaissais pas.

— Maman ? On va où, là ?

Elle ne répondait pas.

— Maman !

Elle s'est arrêtée net. Elle a respiré profondément, puis s'est tournée vers moi.

Et là, elle a dit les mots que je n'oublierai jamais :

— Ils veulent te garder une semaine en observation. Juste... pour être sûrs. Tu vas pouvoir te reposer, parler avec des gens. Ce n'est pas une punition. C'est pour ton bien.

Je l'ai regardée comme si elle venait de me planter un couteau dans le ventre.

— T'as... signé ?

Elle a baissé les yeux.

Silence.

C'était suffisant.

T'AS SIGNÉ ?!!

Ma voix a claqué dans le couloir. Un infirmier s'est retourné. Des portes se sont ouvertes un peu plus loin.

Mais je m'en foutais.

Je voulais juste comprendre comment on pouvait en arriver là.

Ma propre mère. Celle qui me disait : "Je te crois toujours, Nathan, toujours."

Et là... elle m'abandonnait dans un service psychiatrique, comme si j'étais un malade mental.

Un danger. Un virus.

— Ils disent que tu pourrais te faire du mal. Que tu as besoin d'un cadre, de surveillance. C'est... une semaine, Nathan. Juste une semaine.

Mais une semaine, pour moi, c'était une éternité.

Parce que je savais ce qui allait se passer :

Ils allaient essayer de me convaincre que tout ce que j'avais vu était faux.

Que Hannah n'avait jamais eu de sang bleu.

Qu'il n'y avait jamais eu d'Erreur 333.

Que je m'inventais des choses pour échapper à la douleur.

Et le pire, c'est que peut-être... peut-être qu'ils avaient raison.

Ou peut-être que tout le monde refusait simplement de voir.

Je n'ai pas résisté.

Je crois que j'étais trop fatigué.

Alors j'ai suivi l'infirmier.

J'ai passé la porte.

Et j'ai laissé ma mère derrière moi, sans me retourner.

FIN DU CHAPITRE 15

Dans une semaine, je sortirai peut-être.

Ou peut-être que je ne sortirai jamais.

Peut-être qu'ils ont raison.

Peut-être que je suis fou.

Ou peut-être... peut-être que je suis le seul à voir la vérité.

Et que la vérité est bien plus terrifiante que la folie.

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