I. Et des ténèbres surgit la lumière / 3

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 Entre-temps, le Sergent Léncal revenait avec le rescapé de l’expédition. Ce dernier était livide, il tenait à peine debout et paraissait effrayé par sa propre ombre. Marchant à petits pas, il marmonnait des mots difficilement intelligibles : « Là, là, non, il ne faut pas…. S’il vous plaît… Pitié, laissez… Arrêtez. Je sais, je sais, non, je ne sais pas… je ne veux pas… ».

 — Voici le sergent Daffen. Ce qui est arrivé à ce pauvre garçon semble être l’œuvre d’un maléfice. Il ne dort plus et ne mange plus depuis deux jours. On a essayé de l’interroger, mais il ne dit rien de cohérent, expliqua Fergus en présentant le malheureux.

Bien qu’étonné, Caelan se leva tranquillement, faisant signe à Lumia d’approcher le jeune homme. Celle-ci s’exécuta et ausculta Daffen du regard.

 — Deux jours vous dites ? Il semblerait qu’il soit pris dans une spirale de torpeur, déclara-t-elle.

Caelan resté en retrait recula vers la fenêtre. Un léger souffle frais s’échappait de la fissure. Il ferma brièvement les yeux, comme pour ressentir quelque chose d’imperceptible, puis il fit signe à Lumia d’examiner le rescapé avec plus de rigueur. Cette dernière se rapprocha lentement et posa sa main sur le front glacé du patient qui continuait de marmonner.

 — Qu’est-ce qu’elle fait ? demanda Fergus inquiet.

 — L’Agent-Capitaine Doriël est une astrom. Elle a quelques dons de guérisseuse, expliqua Caelan.

Fergus ne quittait pas du regard la jeune femme dont la chevelure argentée se mariait avec la peau porcelaine qu’elle hérité de ses origines efories. Bien qu’ayant beaucoup de points communs avec eux, Lumia n’était pas humaine. Par ailleurs, elle était dotée d’une capacité pulmonaire accrue qui lui conférait une endurance incroyable et une force physique pratiquement quadruplée.

Lumia demeura plusieurs minutes auprès de Daffen hypnotisé par l’Eforie. Mais ce calme apparent ne dura pas. Épris d’un soudain effroi, Daffen hurla à la mort comme s’il venait juste de la rencontrer. Paniqué, il détala vers la fenêtre, prêt à passer au travers. De justesse, le Commandant parvint à l’attraper par son col et l’immobilisa d’un seul geste.

Quelques secondes plus tard, Daffen inerte, s’endormit dans un sommeil sans rêves. Caelan épaulé par Tréviane emmena le corps de la victime sur une chaise.

 — Comment avez-vous su ? demanda le Sergent Léncal abasourdie par la scène.

 — Nous étudions le phénomène depuis quelques semaines déjà. Daffen n’est pas le premier retrouvé dans cet état, expliqua Tréviane avant de laisser la parole à Lumia.

 — Les victimes semblent touchées par une forme de torpeur incessante et dormir les enfonce dans un cauchemar interminable. C’est la raison pour laquelle Daffen ne voulait pas fermer les yeux.

 — Mais dans ce cas s’il dort…, s’exclama Fergus inquiet.

 — Non, intervint Lumia. J’ai fait en sorte de lui octroyer un répit temporaire. Daffen est plongé dans un sommeil sans rêves permettant ainsi à son corps de se reposer. Malheureusement à son réveil la peur ne l’aura pas quitté. Nous devons envoyer Daffen sur la station de l’Egis. J’ai déjà contacté la Grande Loge pour étudier cette étrange pathologie.

Le Capitaine Irod fronça les sourcils. Il n’aimait pas l’idée d’envoyer son soldat dans le quartier principal des Venoris. Mais si la médecine moderne n’y pouvait rien, le dernier espoir reposait peut-être dans la magie.

 — Vous avez déjà vu des cas comme Daffen ?

 — Capitaine Irod, nous avons observé six cas à travers l’Impérium, enchaîna Caelan (tandis que deux soldats se chargeaient de rapatrier le corps inerte du sergent). Ils ont tous succombé, emprisonnés dans leur sommeil. Votre appel est une piste complémentaire à notre enquête. Jusqu’à présent, nous sommes arrivés trop tard, mais cette fois, nous avons une longueur d’avance. Demain à la première heure, nous nous rendrons dans la grotte.

Fergus bien qu’effrayé par ces nouvelles, hocha la tête.

 — Combien d’hommes avec vous ? Ne risquons-nous pas nous de finir comme Daffen, ou pire ? s’enquit Fergus soucieux.

 — Le cas de Daffen tout comme les autres individus affectés semblent particuliers. Mais pas d’inquiétude, nous avons l’Agent-Capitaine Lumia avec nous. Ses pouvoirs d’Astrom sont puissants, expliqua Tréviane en jetant un regard à son amie eforie qui lui rendit un clin d’œil.

Elle avait de grands yeux verts à en faire pâlir les émeraudes.

Même si de facto il y avait une grande proportion d’astroms parmi les venoris, Fergus était à peine plus rassuré de savoir que l’un d’eux les accompagnait. Tantôt craints, tantôt adulés, les astroms étaient réputés pour leurs étranges habilités à manipuler la matière et l’esprit. L’appellation Astrom avait supplanté le terme péjoratif de mage. À vrai dire, « Astrom » signifiait basiquement « magique » dans leur ancien langage. L’Histoire de l’art magique était parsemée de périodes sombres aux conséquences dramatiques. S’il n’était pas rejeté, le pouvoir des mages suscitait convoitise et avait parfois été le théâtre de manipulations génétiques désastreuses. Des scientifiques peu scrupuleux avaient tenté de mettre en lumière la source de la magie, engendrant des dégâts. La réalité, c’est qu’il n’existait aucune explication rationnelle qui justifiait l’existence de la magie. Elle existait et c’était tout.

Aujourd’hui, l’Impérium vivait une période de paix plus ou moins relative avec la magie. La principale menace émanait des Danariens, réputés dangereux et aux pouvoirs particulièrement destructeurs. Ils étaient corrompus par leur soif de puissance.

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