II. D'un bleu flamboyant / 2

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 Dans le ciel, deux nouveaux arcs-en-ciel avaient fait leur apparition et à l’approche de l’entrée de la grotte, la température remontait, laissant émerger au grand jour, la tourbe jaunie.

Alors que la navette entamait sa descente vers des baraquements abandonnés, un éclair jaillit dans le firmament et une explosion de couleur rougeâtre illumina le ciel gris. Bientôt, d’autres éclats suivirent. Les détonations déstabilisèrent le transporteur qui atterrit plus brusquement que d’ordinaire.

Le Commandant sortit le premier, respirant l’air vivifiant inodore. Ici, la neige avait fondu laissant place à de la boue fraîche.

Devant lui se dressait l’immense entrée de la grotte d’où s’échappait un léger souffle chaud. Le givre formé dans les hauteurs de la montagne ruisselait sur la roche obscure et alimentait de larges flaques d’eau sur le sol rocailleux.

Le Commandant s’arrêta dans la caverne où le plafond s’élevait sur plusieurs mètres. Sans attendre, il scruta une carte tridimensionnelle projetée par son gant et repéra la position du pic rouge. D’un geste, il fit signe à l’escouade de le suivre dans l’une des coursives de la grotte.

Les longues enfilades creusées dans la montagne étaient faiblement illuminées et à mesure que l’équipe se rapprochait des entrailles, un étrange grondement intense et régulier résonnaient dans les murs.

 — On dirait que le cœur de la montagne bat, releva Béruc en caressant la paroi de sa main rugueuse.

 — Pourquoi ici ? Pourquoi dans cette mine ? demanda le sergent Léncal.

 — Nous pensons que cela pourrait en lien avec les vertus de la sageonite, mais rien n’est moins sûr, répondit Caelan.

Le Commandant emprunta le couloir de gauche, illuminé par une traînée de lampions. Mais à mesure qu’ils avançaient et que les galeries se divisaient, l’éclairage s’amenuisait. Non pas parce qu’il n’existait pas, mais parce qu’il fonctionnait mal, voire plus du tout. Quant aux battements issus des profondeurs, ils s’accentuaient.

Le Commandant Kane somma aux soldats de tenir leur garde puis il incita Lumia à préparer son voile magique. Il voulait éviter que quiconque finisse comme Daffen.

Sûr de lui, Caelan continuait d’avancer, guidé par un instinct imparable. Ainsi, malgré l’appréhension palpable, les soldats impériaux se sentaient rassurés par cette allure pleine de confiance, et la marche dans ces méandres, droit vers un danger inconnu, semblait étonnamment plus facile.

En l’espace de quelques centaines de mètres, l’escadrille passa d’un froid transperçant à un sauna humide. Dans ces tréfonds, la chaleur ne faisait qu’augmenter rendant l’atmosphère à peine supportable, et à cela s’ajouta, une odeur âcre et pestilentielle.

Rapidement, ils découvrir sur le seul terreux, le premier cadavre. Il portait l’uniforme de l’armée impériale. Les autres dépouilles éparpillées un peu plus loin confirmèrent qu’il s’agissait des hommes du Capitaine Fergus.

 — Ainsi donc, voilà leur tragique destinée, chuchota Caelan avant d’ordonner le silence.

Il n’avait pas besoin de voir les visages des soldats impériaux qui l’accompagnaient pour sentir leur rage intérieure, mais pour l’heure, ils devaient se concentrer. La menace se rapprochait d’eux.

Bien que l’étroitesse du couloir, les soldats évitèrent de piétiner les malheureux. On s’occuperait de faire les honneurs aux défunts plus tard. Puis, au bout d’une centaine de mètres et l’emprunt d’une nouvelle coursive où l’air était plus respirable, le commandant Kane finit par s’arrêter.

Il n’y avait pas de doute possible, le pic rouge était proche. Le grondement emplissait désormais tout l’espace. L’équipe avait sans nul doute atteint le cœur de cette Magie

Caelan s’avança seul dans le couloir afin de guetter les ennemis. En sueur, les cheveux collés contre son front ruisselant et le souffle légèrement coupé par la chaleur étouffante, il observa. Dans la galerie de l’énigme se tenaient plusieurs Danariens. Ils se tenaient en cercle autour d’un bassin bouillonnant où se dressait un pic flamboyant.

Des runes étaient gravées à la craie dans toute la cavité, ainsi que sur le pic. Vu l’amas d’affaires empilées dans la pièce, cela faisait déjà plusieurs jours que ces Danariens pratiquaient leur rituel maléfique. Un avantage certain, car cela signifiait que leur magie devait être considérablement tarie. D’autant plus qu’ils n’étaient apparemment pas encore parvenus à leurs fins. Ils psalmodiaient des paroles à peine audibles. Une chose était sûre, ils étaient responsables de toutes les perturbations extérieures.

Soudain, l’un d’eux contraria, chuchota à son confrère.

Caelan leva les yeux au ciel, hésitant un instant. Il ne voulait pas mettre en péril la vie des soldats impériaux en attaquant de front.

Contrairement aux Venoris résistant aux enchantements grâce à la marque de sang, les soldats impériaux étaient vulnérables à la magie.

Caelan soupira et rebroussa chemin.

 — Sergent Léncal, il est préférable que vous restiez en retrait avec vos soldats, annonça-t-il après avoir rapporté ce qu’il venait de constater.

 — Je ne vous laisserais pas vous débarrasser de ces Danariens seuls. Ils sont responsables de la mort de mes camarades, vociféra le Sergent Léncal, prête à battre le fer.

 — Justement, je refuse de voir d’autres soldats périr.

 — Je peux lancer un sort d’embrouille, ça prodiguera le temps aux soldats d’arrêter les Danariens, intervint Lumia. Ils doivent être épuisés par leur rituel. Combien sont-ils ?

Caelan fixa du regard Lumia, hésitant. Si elle échouait, il risquait d’y avoir du grabuge.

 — Plus que je l’aurais cru : un maître et huit disciples, répondit Caelan.

 — Neuf Danariens aux pouvoirs magiques destructeurs… on a connu pire, plaisanta Tréviane.

Caelan ne releva pas l’humour noir de l’Agent, mais sourit en coin.

 — Je ne sais pas…, murmura Caelan en scrutant le Sergent Léncal et les soldats remontés.

 — Vous ne pourrez pas nous forcer à battre en retraite, avertit le Sergent Léncal qui avait déjà son fusil à la main.

 — On peut assurer leur protection, insista Lumia.

Caelan hocha la tête, puis sortit son épée venorie — l’arme traditionnelle du vénérable ordre qui permettait de contrer et renvoyer les maléfices contre les assaillants magiques.

Avant de lancer les hostilités, le Commandant délivra ses derniers ordres. Puis, Lumia prit les devants aux côtés de Caelan. Béruc et Tréviane suivirent de près, tandis que le sergent Léncal et les soldats impériaux fermèrent la marche.

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