SECRET

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La présence du vieux fou sur son convertible avait permis à Yuna de dormir presque paisiblement. Bien qu'il n'ait ni l'allure d'un ninja ni les capacités d'un combattant, il avait le mérite d'être là, ce qui apaisait un peu ses inquiétudes. À peine sortie de sa salle de bain, la crainte de le réveiller par accident s'évanouit lorsqu'une odeur douce et sucrée envahit ses narines. Yves le gourmand, s'affairait déjà aux fourneaux, préparant sans doute de quoi la réconforter dès le petit matin.

À l'image d'un écureuil curieux, Yuna glissa sa tête dans l'embrasure de sa propre cuisine, comme si elle allait déranger. Sans surprise, Yves faisait joyeusement sauter des crêpes dans les airs en fredonnant une chanson inconnue au bataillon. Lorsqu'il l'aperçut, le crêpier sourit à pleines dents, ravi de la voir s'installer.

— J'espère que je ne t'ai pas réveillée, s'inquiéta-t-il.

— Non, ne t'inquiète pas. J'ai dormi d'un sommeil de plomb... Merci beaucoup d'être resté là cette nuit.

— Avec plaisir, ma grande. Alors, est-ce que...

Soudain, la sonnette retentit. Tous deux se figèrent, enveloppés dans un nuage de vapeur émanant des poêles remplies de beurre demi-sel. Puis elle résonna une deuxième fois. Cette insistance fit tambouriner le cœur de Yuna dans sa poitrine. 

— Ne t'inquiète pas, tenta de rassurer Yves. Viens avec moi, allons voir qui vient nous déranger en plein fest-noz.

Le duo se plaça tels deux fugitifs à la fenêtre lorsqu'ils aperçurent un gendarme, accompagné d'une femme, devant le portail. Yuna fronça les sourcils.

— C'est les gendarmes qui m'ont interrogé... Qu'est-ce qu'ils font ici ? marmonna-t-elle, agacée.

Le froid matinal s'engouffra dans la pièce lorsqu'elle ouvrit la fenêtre pour leur montrer l'entrée de l'appartement. Yuna croisa le regard rassurant de son ami, qui l'invita à se diriger vers le seuil de la porte. Une fois devant, elle sursauta en entendant ses visiteurs frapper lourdement de l'autre côté. Ce bruit pressant ne fit qu'accélérer son rythme cardiaque et troubler ses pensées déjà tourmentées. Incapable d'agir, Yves prit les devants et tourna la poignée.

Le battant grand ouvert, il leur offrit sa plus belle lumière, illuminant son visage d'une bonhomie rayonnante dont lui seul avait le secret.

— Bonjour à vous, très chers représentants de la loi ! scanda-t-il sous les yeux écarquillés de Yuna.

Almeida et Andrade échangèrent une œillade entendue, puis l'adjudant prit la parole.

— Et vous êtes ?

— Son père, répondit Yves instinctivement.

Les pupilles tremblantes d'une panique nouvelle, Yuna lui asséna une tape sur l'épaule, devant les deux gendarmes circonspects. D'un mouvement de tête réprobateur, elle invita le vieux fou à rectifier ce mensonge inattendu. Yves se racla alors la gorge avant de s'exécuter.

— Excusez-moi, j'ai paniqué, expliqua-t-il le plus simplement du monde. Je vous en prie, entrez, j'ai fait des crêpes.

Yuna hésitait entre le soulagement de le voir interagir à sa place et l'indignation de constater qu'il les autorisait à entrer alors même qu'il n'était pas chez lui. De toute manière, il était déjà reparti en sifflotant dans la cuisine, sans demander son reste. Quant aux deux intrus, ils entamaient calmement leur procession en direction du salon, chaussures aux pieds.

D'un geste hésitant, Yuna leur fit signe de s'installer sur le canapé, tandis qu'elle prenait place en face d'eux, sur une chaise tirée à la hâte. Ce n'était pas la première fois qu'ils se voyaient, mais aujourd'hui, dans son propre salon, la situation était bien différente. S'ils avaient pris la peine de se déplacer, ce n'était certainement pas pour une formalité. Quelque chose allait lui tomber sur le coin du nez.

L'adjudant, avec son regard bleu nuit, lui donnait l'impression de la passer tout entière au scanner. Il la détaillait de manière quasi mécanique et cela la mettait mal à l'aise. À ses côtés, la grande et élégante major qui l'accompagnait donnait l'illusion de sortir d'un magazine de mode. Sa silhouette élancée et parfaite, sa coupe afro taillée tel un buisson passé entre les mains d'André Le Nôtre, et son visage impassible... tout était impeccable.

Ils ne sont vraiment pas assortis, ces deux-là... remarqua-t-elle.

— Mme Seo, je suppose que vous vous souvenez de nous ? interrogea Almeida.

D'un hochement de tête nerveux, Yuna valida la demande de l'adjudant.

— Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est parce que nous avons d'autres questions à vous poser concernant l'enquête en cours.

— Est-ce que vous voulez bien y répondre ? intervint Andrade avec douceur.

Troublée, Yuna chercha avec agitation, un quelconque soutien, mais Yves se trouvait toujours dans l'autre pièce. Elle déglutit, tenta de reprendre son calme, puis se tourna vers ses deux invités.

— Oui, bien sûr. Demandez-moi ce que vous voulez, j'essaierai d'y répondre le plus justement possible.

Sans plus attendre, l'adjudant sortit son téléphone de sa poche. Il le posa sur la table basse, orienta l'écran vers elle, puis lança ce qui ressemblait à une vidéo de surveillance. Les sourcils froncés et les mains fermement appuyées sur ses genoux, Yuna se pencha pour y voir plus clair. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle reconnut Anna, marchant dans une rue familière. Celle-ci disparut de l'angle de vue, puis une autre silhouette apparut : la sienne.

L'image se figea et Yuna se redressa doucement. Ses doigts s'enfoncèrent légèrement dans son jean, lui provoquant de petites douleurs là où sa peau subissait les écorchures de ses ongles. Elle venait d'oublier comment respirer, parler ou même cligner des yeux. Ce soudain changement de comportement n'échappa pas à la major.

— Ecoutez Mme Seo, nous voulons juste comprendre. Pourquoi nous avoir dit lors de votre déposition, que vous ne connaissiez pas la jeune femme du bus ?

Puis son rythme cardiaque reprit, plus rapide, plus profond, plus intense qu'auparavant. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, semblant vouloir rattraper tous les battements manqués.

— Alors même qu'ici, vous la suivez dans les rues de Mende. Est-ce que vous nous avez menti ? continua Andrade, un sourcil arqué.

L'allusion l'acheva et son corps tout entier se mua en souffrance. Ses muscles, figés par la tension, la transformaient en un tas de nerfs survoltés, en une boule en surchauffe dont la sueur perlait déjà sur le front. Si quelqu'un l'avait poussée accidentellement de sa chaise, elle se serait brisée en mille morceaux. Mais une voix réconfortante résonna soudain à ses oreilles.

— Chaud devant !

Yves arriva dans la pièce, armé d'une assiette démesurément remplie de crêpes encore fumantes. Il tenait son buffet sucré avec deux maniques en forme de poissons rouges ridicules et se dépêcha de tout déposer sur la table basse. Devant cette situation légèrement décalée, Yuna laissa ses épaules s'affaisser lourdement et s'enfonça dans sa chaise. Andrade se mordit la lèvre supérieure, probablement pour retenir un ricanement qui aurait pu paraître déplacé. L'adjudant, lui, n'avait pas l'humeur rieuse et voulait clairement que l'interrogatoire se poursuive sans interruptions incessantes.

— Je vous propose à boire ? ajouta le savant fou, index levé.

— Écoutez, Monsieur, avec tout le respect que...

— Du thé, si vous avez, coupa subitement le major.

Almeida l'assassina du regard avant de réclamer un café d'un grognement réprobateur. Yuna, elle, resta silencieuse : de toute façon, elle était plus proche de rendre son repas de la veille que de se nourrir à nouveau.

Sans attendre le retour du vieux serveur, Almeida relança les propos de sa partenaire.

— Donc, Mme Seo, qu'avez-vous à nous dire concernant cette vidéo ? Vous affirmiez ne pas connaître l'inconnue du bus, et pourtant, vous voilà en ville en train de marcher derrière elle. Avouez que c'est pour le moins étrange...

C'est le moment d'utiliser ton cerveau Yuna...

— C'est vrai. Et c'est exactement pour cette raison que je l'ai suivi.

— C'est-à-dire ? répliqua sèchement l'adjudant.

Alors qu'un échange de regard soutenu s'attarda entre eux, Kervarec débarqua de nouveau, un énorme plateau à la main. Il servit de mémoire les personnes autour de la table avant de prendre place sur une autre chaise du salon. Yuna remarqua les gendarmes échanger en silence leur deux commandes. Yves est vraiment une catastrophe ambulante, songea-t-elle avec amusement.

— Je l'ai reconnue, tout simplement. Et je pense que ma curiosité a pris le dessus. Je me suis bêtement dit : « Tiens, c'est la fille du bus. » Et me voilà à ses trousses.

— Dans quel but ? intervint Andrade.

— Pour être honnête... je n'en ai aucune idée. Mais vous m'avez interrogée sur cette fille, donc forcément ça m'a donné envie d'en savoir plus. Je ne sais pas ce que j'espérais, ajouta-t-elle d'un ton plus bas.

Le bruit désagréable d'un liquide aspiré sans aucune discrétion attira tous les regards vers le vieux crêpier. Celui-ci se fendit d'un sourire avant d'intervenir.

— C'est vrai, Yuna m'a parlé de cette histoire. Elle ne l'a pas croisée qu'une seule fois, à vrai dire. Après sa déposition, cela lui est arrivé deux fois. Mende est une petite ville, je ne suis pas certain qu'il y ait là quoi que ce soit de notable, mon capitaine.

— Major, corrigea Césaria.

— Major, veuillez m'excuser, je ne suis pas très au fait des grades dans la police.

— La gendarmerie. Monsieur ?

— Yves Kervarec ! Météorologue. Je suis le superviseur de Yuna... ou référent de recherches, comme il vous plaira, bafouilla-t-il en traçant des tourbillons de la main droite.

Almeida leva les yeux aux ciel, agacé par l'excentricité du personnage. Après une gorgée de café, il reprit.

— Admettons qu'il s'agisse d'une simple curiosité. Ce qui serait tout de même extrêmement déraisonnable si cette personne est bien celle que l'on pense. Je vous déconseille fortement de recommencer. Mais si jamais l'envie vous prend de tenter à nouveau une telle folie, appelez-nous, ordonna-t-il en lui tendant une carte de visite.

— Vous m'en avez déjà donné une.

— Vous l'avez visiblement perdue, ironisa-t-il.

Yuna se saisit du petit carton et le remercia d'un léger signe de tête. Il voit clair dans mon jeu, cet idiot, pesta-t-elle intérieurement.

— Avant que nous partions, puisque vous avez pris la peine de la suivre à plusieurs reprises, avez-vous des éléments nouveaux la concernant ? ajouta le major.

Prise de court, l'éternelle indiscrète déglutit, entrelaçant ses doigts nerveusement.

— Eh bien... je dirais qu'elle ne doit pas faire plus...

— D'un mètre soixante-trois ? l'interrompit l'adjudant.

— Euh... je n'aurais pas été aussi précise, mais oui. Je dois dire que la croiser dans la rue ne m'a pas vraiment permis de noter grand-chose. Elle a toujours les yeux verts, s'habille en noir et écoute de la musique en permanence. Je ne l'ai vue parler à personne, elle n'a rien fait de particulier. C'était juste... une fille qui marche dans le centre ville. Je suis désolée, murmura-t-elle.

L'adjudant prit une grande inspiration avant de se redresser, suivi par Andrade. Yuna se leva par politesse, tandis qu'Yves haussa les sourcils, l'air outré.

— Quoi ? Mais vous n'avez même pas pris une crêpe !

Césaria lui sourit et secoua sa main ouverte à son intention.

— C'est gentil à vous, ça m'a l'air délicieux, mais nous n'avons pas faim.

Le regard de son binôme criait le contraire, mais pour ne pas perdre contenance, il se retint de s'en rouler une dans l'urgence.

— Nous allons rentrer. Nous ajouterons ces nouveaux détails à votre déposition, précisa-t-il.

Yuna raccompagna ses deux visiteurs sur le seuil de la porte, qui lui firent un signe rapide pour la saluer. Alors qu'elle refermait la porte, une main l'agrippa rapidement pour l'entrouvrir à nouveau. Surprise, elle fit un petit bond en arrière. L'adjudant glissa sa tête dans l'embrasure, le regard sombre.

— Si vous êtes en danger, ou que quelqu'un vous empêche de parler librement... sachez que je suis tous les jeudis soirs à mes cours d'aquarelle, à l'entrée de la ville. Je termine généralement aux alentours de 19h30. Si jamais vous voulez en discuter... vous saurez où me trouver.

Il lâcha la porte, puis disparut dans la cage d'escalier.

Une fois seule, la tension s'estompa de manière vertigineuse, le levé de rideau sur la passion inattendue du gendarme en prime. Yuna éclata littéralement de rire : une soupape venait enfin de céder, celle qu'elle avait retenue pendant les quinze dernières minutes. Yves, totalement désarçonné par cette scène inhabituelle, s'approcha avec prudence de la scientifique hilare. Quelques larmes ruisselaient le long de ses joues, et son teint habituellement de porcelaine s'était empourpré d'un rouge écarlate.

— Yuna ? Est-ce que tout va bien ?

Elle renifla un bon coup avant de lâcher un long soupir de soulagement.

— Oui... je crois que j'ai besoin d'un verre de Soju.

***

Les rayons matinaux frappaient la bâtisse de leur chaleur réconfortante, perçant les quelques nuages menaçants qui flottaient au-dessus de Sainte-Enimie. Anna se tenait là, devant Notre-Dame du Gourg, les mains plongées dans les poches de son blouson. L'entrée de l'église laissa s'échapper les fidèles lorsque les cloches sonnèrent la fin de la messe dominicale.

— Tu entends Humbert ? demanda Martin, perché en haut d'un muret.

— Non. Mais je peux sentir sa présence.

Le gamin prit un air faussement complice. Il plissa les yeux et opina lentement du chef, semblable à quelqu'un qui aurait compris un grand secret.

Anna patienta tranquillement. Une fois le parvis déserté, elle s'avança vers l'édifice. Le petit bouclé disparut de son muret pour réapparaître dans une sombre nuée, juste devant l'entrée, lorsqu'elle le traversa sans prêter davantage attention à sa présence.

L'intérieur lui parut aussi froid que la première fois. La nef voûtée, simple et brute, n'arborait aucun ornement coloré : seulement de la pierre grise et lisse. Anna repensa alors à l'allusion du gamin quant aux similitudes entre ce lieu et sa cavité crânienne, et un rictus étira ses lèvres. Finalement, l'image ne lui déplaisait pas tant que ça. Après tout, l'endroit semblait vide, paisible, sans fioritures : exactement ce qu'elle convoitait depuis tant d'années.

Le nez levé vers l'arcade de l'une des chapelles, elle ne remarqua pas que quelqu'un s'approchait.

— Bonjour, dit-il simplement.

Anna ne sursauta pas. Cela ne lui arrivait jamais. L'habitude d'être interrompue par des voix qui n'auraient jamais dû exister avait fini par rendre la surprise presque étrangère. Elle se contenta de le fixer un instant, le jaugeant des pieds jusqu'à la racine de ses cheveux disparus. Vieux avant l'heure, conclut-elle. Une barbe de trois jours et deux grands yeux rieurs lui donnaient un air à la fois sympathique et étrangement accessible.

Sa tenue attira immédiatement son attention. Ce n'était pas celle d'un curé paroissial comme on en croise dans toutes les églises. Il portait une longue soutane noire à capuche, ample, resserrée à la taille par une simple cordelière. À sa ceinture pendait un petit chapelet. Ses chaussures, d'une sobriété presque désarmante, achevaient de donner à l'ensemble un ton très austère.

— La messe est terminée. Je vais devoir fermer l'église d'ici quelques minutes. Est-ce que je peux vous aider ?

Martin venait de poser son séant sur l'ambon où reposait encore l'homélie, et balançait ses petites jambes dans le vide avec désinvolture. Debout, à quelques mètres de lui, le petit Lettelier observait la scène en silence.

— Je ne vais pas vous déranger longtemps, mon Père. Je voulais savoir si le nom de Paul Lescure vous disait quelque chose ?

L'incrédulité se lut sur son visage. Visiblement, le nom ne lui était pas inconnu. Anna nota le léger pincement de ses lèvres, le sourcil droit qui se haussa l'espace d'une seconde, sa posture figée. Le religieux conclut son manège par un geste trahissant sa nervosité : il se frotta le nez avant de finalement prendre la parole.

— Euh, je dois dire qu'il résonne en mon esprit comme quelque chose de bien familier, en effet.

Martin sauta de son pupitre pour la rejoindre, trop excité de connaître la suite.

— Mais pourquoi me demandez-vous cela ? Paul est décédé il y a bien longtemps, avoua le religieux plus calmement.

— Je sais. Il est d'ailleurs mort assez jeune, 57 ans. Savez-vous ce qu'il lui est arrivé ?

L'homme se racla la gorge, puis fit tourner doucement son chapelet entre son pouce et son index. Ses yeux se perdirent un instant dans les voûtes, à la recherche d'un souvenir enfoui. Anna l'observa attentivement : il ne fuyait pas le regard, mais ne la fixait pas non plus avec insistance. Chaque mouvement de ses paupières, le léger plissement de son front et le tremblement discret de ses doigts sur les perles semblaient indiquer qu'il consultait sa mémoire avec soin. Anna était convaincue de sa lecture : il allait lui dire la vérité.

— D'après ce que mes oreilles ont entendu, le pauvre homme se serait donné la mort. Mais je n'étais pas né à l'époque. Ce ne sont que des colportages du monastère. Paul était un membre reconnu de notre ordre avant qu'il ne décide de le quitter.

— Pourquoi ?

— Pourquoi il s'est donné la mort ou bien, pourquoi il a quitté l'ordre ?

— Disons que les deux m'intéressent, si vous avez les réponses, précisa Anna.

— Je dois dire que je n'en ai pas connaissance. Mais il est parti du monastère deux ans avant son décès.

Un bruit survint depuis l'extérieur et le comportement de l'homme en noir changea du tout au tout. Ses traits se refermèrent, sa mâchoire se resserra et sa poitrine se mit à se soulever plus rapidement. Quelque chose n'allait pas. D'un geste un peu sec, il posa sa main sur l'épaule d'Anna pour l'accompagner vers la sortie. À la hâte, il la poussa légèrement dehors tout en scrutant les alentours.

Avant de refermer les portes, il se pencha et murmura, apeuré, comme si le vent lui-même pouvait trahir sa confidence :

— Allez voir sa fille. Émilie Faure. Elle est pédopsychiatre à Mende. Elle pourra certainement vous en dire plus.

La porte se claqua brusquement sous le nez d'une Anna apathique. Putain, ils ont tous décider de m'emmerder, pourquoi personne ne dit pas simplement les choses ? pesta-t-elle. Dans un mouvement las, elle plongea sa main dans sa poche pour s'en griller une.

— On fête quoi ? demanda Martin à ses côtés.

— L'ironie, murmura-t-elle. La fille du macchabé veille sur les enfants. Parfois, j'ai l'impression que le passé tente de se réparer tout seul.

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