Le soir enfile doucement ses collants, la nuit, le froid et les étoiles. 

Tu sais ? Le temps est l'encens que brûle la mort.

Tu sais ? Le sang du ciel, ce sont les nuages, ses poumons, le vent.

Tu sais ? La température d'une phrase, c'est l'adjectif, l'âme, le verbe.

Tu sais ? Quand je marche, j'ai les jambes qui coulent dans la rivière d'une débauche.

Je me suis tatoué sur l'esprit des philosophies imprégnées de vin et empruntées à ce qui était avant les dieux.

Quand j'étais en enfer, j'ai dansé pour Hadès et j'ai bu avec lui le phlégléton.

Il m'a montré comment dompter le serpent qui s'enroule autour du monde.

J'ai donné la main au feu, il s'est éteint.

Tu sais ?

Mon ambition est de renverser le ciel, d'attacher toutes les étoiles, de tenir toute la foudre dans mon esprit et de la verser dans des épopées arabesques.

Je veux être l'écrivain qu'on enterrera dans le ciel.

Je ne veux pas être "je", moi veut être lui, il veut joindre la distance entre les espaces, il veut écrire tellement fort que je ne devienne, je suis.

Il veut écrire des lettres d'amour qui s'enflamment à la lecture, je veux mettre du vin sur feuille, je veux que les plaisirs mangent ma vie, je veux couler dans mon sang.