Lundi 25 août 2024
Ce jour-là a été le premier jour de ce que je déteste : le demi-fond. Courir en rond, je n’y voyais que peu d’intérêt, mais bon, nous n’avions guère le choix.
Ce jour-là, je me suis fait ma première amie dans ma classe, Siyana. Je ne sais plus comment, mais je me souviens que c’est en courant ensemble que nous sommes devenues amies. C’est aussi ce jour-là que j’ai remarqué quelque chose. J’étais en train de marcher sur le terrain et j’ai tourné la tête vers un groupe de garçons au bout du terrain. Et là, je l’ai vu. Il me regardait.
Il a détourné la tête, mais pas moi, et je l’ai fixé. Il parlait avec ses amis et me regardait de temps en temps. Il a ri. J’ai cru qu’ils se moquaient de moi alors, penaude, j’ai détourné le regard.
Plus les jours passaient, plus j’avais l’impression que ce garçon se moquait de moi sans cesse. Et puis un jour, une fille, petite, aux cheveux bouclés bruns, est venue à ma rencontre : Lila. Elle m’a confié que corentin était apparemment amoureux de moi. Je n’en croyais pas un mot. Je lui ai ri au nez et j’ai tourné les talons. Je doutais de cette information.
Puis est arrivé ce jour. C’était un jeudi, une ou deux semaines après. Nous étions à la récréation entre midi et deux. Un attroupement de garçons se dirigeait vers moi. Il était constitué de Matthis, un gars grand, brun et musclé ; Denis, le beau gosse chinois ; Evan, un mec plus petit aux cheveux noirs indomptables ; Owen, un petit chinois ; et quelques autres dont je ne me souviens plus.
Ils m’ont encerclée (je stressais légèrement).
— Aurore, ya corentin, il a un truc à dire.
Quentin a rétorqué qu’il n’avait rien à dire et a tourné les talons. Il est sorti de cet attroupement, mais Matthis l’a rattrapé et l’a poussé au centre du cercle, avec moi.
— Heu... tu peux passer ton numéro ?
J’étais en panique totale et je ne savais que faire. Je ne voyais qu’une seule solution : la fuite. Je l’ai regardé et j’ai bredouillé un truc qui ressemblait à « c’est un cauchemar » avant de prendre mes jambes à mon cou vers les toilettes. Le pauvre… Quand j’y repense, je me demande ce que ce pauvre Quentin perdu a ressenti à cet instant.
Quand je suis sortie des toilettes, ils n’étaient plus là.
L’après-midi, je me suis fait aborder par les filles trop curieuses de la classe à deux reprises. J’ai appris plusieurs choses :
- Ce n’était pas une blague, corentin voulait vraiment mon numéro
- Il les avait déjà toutes recalées au moins une fois
- Elles savaient que j’allais le regretter si je disais non
- On formerait un couple parfait
Le truc, c’est que toute cette attention me stressait un peu, et que je ne connaissais pas du tout corentin. C’est vrai quoi, ça faisait à peine deux semaines et demie que nous nous connaissions !
En sortant du collège, à la fin des cours, j’ai vu corentin monter à pied vers le haut de la ville. Je l’ai interpellé :
—Corentin !
Je n’avais pas réfléchi, ma bouche s’était ouverte sans que j’en reçoive l’ordre. Il s’est retourné et je lui ai dit :
— Allez, vas-y, passe ton numéro.
Quelle mouche m’avait piquée, je n’en sais rien, mais je crois que je m’en voulais pour ce midi.
Il s’est arrêté et me l’a donné. Il se trouvait qu’il allait à pied au travail de son père. Nous avons fait la route ensemble. Il m’a parlé de son chat Litchie, je m’en souviens.
Ce jeudi-là, un rituel s’est créé.

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