C1-4 Retrouvailles

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Les soldats qui avaient guidé la prisonnière quittèrent le bureau de l'Empereur, Gaven saisit fermement le bras de la jeune femme et la tira en dehors de la pièce, elle se laissa faire sans résister. Elle était tiraillée entre ses sentiments et son devoirs. Elle se devait de haïr Gaven pour le choix qu'il avait fait mais en même temps elle souhaitait tellement se blottir contre lui, se jeter dans ses bras et quitter ce lieu pour retourner dans leur ancienne maison. Seulement, la guerre avait déjà anéantis cette maison, leurs espoirs d'être ensemble et de fonder leur famille. Aujourd'hui encore un gouffre les séparait, plus précisément un Empire. Lui avait de nouvelles responsabilités et elle était une vulgaire prisonnière de guerre. L'empereur avait évoqué une promesse, une sorte de faveur qu'il avait faite au juge, Erel aimerait savoir de quoi il était question mais elle ne se sentait pas la force de poser la question immédiatement. Son esprit était embrumé, sa situation avait changé si rapidement qu'elle n'avait pas encore eut l'occasion de s'y adapter et de l'accepter. Elle qui cherchait la mort pour retrouver son bien-aimé, elle avait fini par le revoir mais hélas pas dans les conditions qu'elle l'avait espérées. Tout son monde partait à vau-l'eau.​​​​​​​

Gaven savait que la situation était compliquée et encore flou pour la jeune femme. Dans un premier temps il l’emmena jusque dans ses appartements, un endroit neutre et sûr dans lequel son ancienne compagne pourra trouver un peu de calme et de sécurité.

Les juges logeaient tous dans le château, dans des ailes différentes. Gaven avait le plus grand appartement, il était dans l'aile est tout en haut d'une grande tour qui surplombait toute la ville d'Astéa. Il était composé d'un salon à son tour constitué de gros canapés, sièges en cuir et de meubles en bois foncé. Une bibliothèque remplit de livre sur les légendes et les contes de la planète couvrait un mur entier. Les grandes fenêtres arrondies étaient couvertes de rideau en voile blanc qui virevoltaient sous la brise de la porte laissée entre-ouverte. La pièce adjacente était la chambre, elle était conçue de manière sobre, un grand lit trônait en plein milieu couvert de drap en soi couleur beige, les meubles en bois rappelant se du salon servait de dressing au juge. Il n'avait pas énormément de vêtements mais il fallait bien quelque chose d'imposant pour qu'il puisse y déposer son armure. Enfin, la dernière pièce était la salle de bain. Le sol était du carrelage immaculée et froid, une grande baignoire était sous la petite fenêtre carrée. Deux grandes vasques posaient sur des carré en bois clair et un grand miroir rectangulaire les surplombant. Cette pièce était la plus petite et la plus sobre mais remplissait parfaitement son rôle.

Après la visite de l'appartement, Gaven retira son heaume et le posa sur la table basse du salon. Erel regardait par la fenêtre la ville d'Astéa lui faisant face. Cette ville était couverte de pierre grise au toit ocre, depuis sa tour, elle pouvait distinguer les différents quartiers et elle imaginait les sons qui pouvaient animer les rues apparemment très vivante de la cité. Elle pouvait voir certaines rues pavées d'un quartier rempli de commerce dont les vitrines étaient parées de douces lumières et d'objets qu'elle ne pouvait pas identifier de sa hauteur. Les êtres humains qui arpentaient ces rues ressemblaient davantage à de vulnérables insectes et semblaient s'agiter sans but dans cette grande fourmilière qu'était la cité d'Astéa.

Gaven soupira longuement avant d'oser commencer la conversation.

— Je t'expliquerais tout le moment venu. Lança-t-il timidement

— Tu nous as trahis...il n'y a rien de plus à expliquer. Répliqua froidement la jeune femme toujours en observant la fourmilière à travers la vitre.

Elle se tenait appuyée contre la vitre, bras croisés. Elle se refusait d'affronter de nouveau le visage de son ex-fiancé. Il était comme un fantôme venu la hanter, le genre d'esprit qui servait à tourmenter les vivants pour leur rappeler les erreurs et les regrets qu'ils essayaient tant bien que mal d'enfouir dans leur mémoire. Gaven était bien vivant et pourtant les retrouvailles étaient amères et froides, la seule chose qu'il restait de leur relation était des souvenirs et rien ne serait plus comme avant. Peut-être aurait-il du rester mort en héros pensa-t-elle? Tandis que le juge master assis confortablement sur son canapé en cuir pensait qu'il l'avait enfin mise en sécurité. Les deux jeunes gens restèrent silencieux, Erel ne pouvait plus pleurer, elle en avait envie mais c'est comme si toutes les larmes de son corps avaient déjà été versées, elle n'en avait plus la force. Le juge ne voulait pas attiser la haine de sa compagne à son égard et préféra lui laisser du temps. Il savait être patient et il la connaissait. Bien que des années étaient passées depuis, il savait comment était sa fiancée : têtue, colérique et orgueilleuse mais elle finissait toujours par mettre un peu d'eau dans son vin et considérer toutes les possibilités. La guerrière du Daflad n'était pas encore consciente de la chance que son dévoué bien-aimé lui offrait, Gaven avait vu certaines choses, et avait compris ce que la plupart des êtres humains ne voulaient pas admettre. Le bien et le mal n'existent pas.

Ce monde n'est qu'illusion.

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