C10.3 Sang royal

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Erel, Duskara et Red-an partirent donc en avant du danger, laissant derrière eux Ainhoa et Bahn. Semer la zizanie et attirer l’attention, voilà des tâches qui n’effrayaient pas le contrebandier. Il adorait attirer l’attention.

Ils quittèrent la cave, son odeur de vieux bois et d’humidité, pour passer par les cuisines et emprunter un des premiers corridors dorés du palais. Ils remontèrent l’allée dans l’espoir de croiser des Impériaux et de les guider vers une autre aile de la demeure royale. Ils ne durent pas attendre bien longtemps, les premiers combats s’engagèrent contre des soldats Astéens certes surpris mais déjà bien occupés.

C’est en arrivant devant une grande verrière et en observant la cité que les rebelles comprirent ce qui agitait la ville. Un vaisseau Astéen était au-dessus de la capitale et, tout canon dehors, trônait en l’air recouvrant le ciel et menaçant toute forme de vie. Les soldats qui étaient dans le château s’attendaient donc à une visite mais pas à celle des rebelles.

Erel, épée et bouclier en main, ordonna à ses camarades de mener les Impériaux dans les jardins du château. Elle ne connaissait pas les lieux mais elle savait au moins qu’une zone dégagée et centrale existait. Les jardins seraient un parfait terrain de jeu et ils pourraient s’extraire facilement d’une embuscade en empruntant n’importe quelle direction.

Bahn attendit d’entendre les premiers affrontements, l’oreille collée contre la porte de la cuisine. Des cliquetis d’armure passant à grandes foulées lui indiquèrent que ses amis avaient lancé les hostilités. Une occasion pour eux.

Il guida la Reine à travers son propre palais, esquivant les rencontres avec les Impériaux restants. La nouvelle de l’arrivée des rebelles se répandit rapidement et les soldats Astéens en firent leur priorité. Les deux Dafladiens s’aperçurent également qu’une ombre menaçante cachait le soleil d’habitude radieux de leur pays natal. Le Bahamut, vaisseau militaire le plus puissant d’Astéa, flottait au-dessus de la capitale. Ainhoa comprit que le combat serait dévastateur, son peuple allait souffrir d’un nouvel assaut de la part de son ennemi.

Ils remontèrent l’aile est en essayant de faire abstraction de la menace qui assombrissait le ciel. La priorité était au cristal du crépuscule. Ainhoa se remémora les paroles de sa Sainteté : l’utilisation des cristaux primordiaux avait des conséquences. Était-elle prête à les endosser?

Au détour d’un couloir, les deux rebelles se cachèrent derrière une statue d’un âge ancien qui représentait une femme tenant un homme poignardé dans ses bras, le visage bas et douloureux. Une petite équipe de cinq soldats Astéens passa à côté d’eux sans les remarquer, à petites foulées.

— Le seigneur Vaik est arrivé, il faut absolument que l’on se débarrasse des gêneurs ! s’enquit un soldat.

— Je n’ai pas envie que l’on me retienne encore mon salaire pour négligence. Et puis, par où sont passés ces satanés rebelles ! Vivement que cette cité soit détruite que je rentre chez moi, souffla le second qui avait du mal à reprendre son souffle.

Les autres Astéens rigolèrent à la remarque du dernier et lui suggérèrent d’accélérer le pas. C’est de cette manière qu’Ainhoa comprit qu’elle n’avait plus de temps à perdre et que peut-être elle n’avait également plus le choix.

Ils foncèrent donc dans la salle du trésor qui ne pouvait s’ouvrir que si l’on connaissait la bonne combinaison. Sur la porte en étain se trouvait un mécanisme qu’il fallait tourner soit à gauche soit à droite. La reine connaissait le code, deux tours à droite, un à gauche, un à droite puis deux à gauche.

La porte s’entrouvrit en résonnant dans tout le couloir. Rapidement, Bahn saisit le bras de sa souveraine et ils pénétrèrent ensemble dans la chambre forte en prenant soin de bien fermer derrière eux. Les Impériaux ne pourraient pas rentrer sans le code, ce qui offrirait quelques temps de répit au duo pour récupérer le trésor et se préparer à la bataille.

Le coffre de la famille royale n’était pas si grand que ça. Il y avait surtout des œuvres d’art très anciennes et de l’or, beaucoup de bijoux aussi. Une table entière était couverte de pierres précieuses aux couleurs variées. Ce n’est pas ce qui intéressait la Reine du Daflad. Au fond de la salle, une statue à hauteur humaine représentant une femme à quatre bras scintillait au niveau du visage. Entre des plaques dorées, ils pouvaient apercevoir un faisceau de lumière blanche très intense. Une paire de bras de cette représentation divine tenait une coupelle en or serti de rubis. Ainhoa saisit son épée, plaça sa paume au-dessus du contenant et trancha sa chair sans hésitation. Une coulée vermillon s’échappa de son poing et s’écrasa sans bruit sur le plat en or.

Au contact du sang royal, la coupelle s’abaissa et le visage de la déesse s’ouvrit, laissant échapper la lumière qu’elle renfermait. Petit à petit, l’intensité de la clarté s’estompa et laissa apparaître son contenu. Une pierre ronde, polie et rosée reposait dans le creux de la statue. La pierre du crépuscule. La reine récupéra son héritage familial, observa longuement l’objet responsable de tant de calamités et s’interrogea. Fallait-il réellement faire tout ça pour obtenir les cristaux? Est-ce que cela valait une guerre? La régente n’en était pas certaine. Rien ne justifiait de faire la guerre, mais pourtant, c’est le choix qu’avait fait Vaik. Elle cherchait tant bien que mal à comprendre les motivations de son ennemi, mais elle n’avait pas la folie des grandeurs comme lui pouvait l’avoir. Ses ambitions divines lui étaient parfaitement inconnues. Être un être humain lui suffisait amplement. Elle n’enviait pas la place des dieux et ne souhaitait pas en devenir un.

Bahn observait la scène de loin, il tendait l’oreille vers l’extérieur pour savoir si les Impériaux les attendaient ou pas. Il anticipait la prochaine altercation, tenait fermement le manche de son épée prêt pour la bataille. Il se jetterait corps et âme sur son ennemi et n’aurait aucun mal à les défaire. Il avait un objectif, un but à atteindre, la fin était si proche qu’il voyait déjà ses pairs libérés du joug de l’Empire. Le capitaine Dafladien était très attaché à son pays, et en tant que soldat, il avait cultivé cette adoration jusqu’à être prêt à donner sa vie pour sa nation. C’est à ça que l’on reconnaissait un bon soldat d’après lui, et c’est ce qui le différenciait de son jumeau. Gaven n’avait que faire du Daflad ou d’Astéa, les royaumes lui importaient peu, la seule chose qu’il voulait était de vivre sa petite vie avec sa fiancée. Un rêve simpliste, égoïste et puéril aux yeux de Bahn.

— Il faut envoyer le signal ! S’exclama Ainhoa, ce qui fit sortir le capitaine de ses pensées.

Le soldat cligna plusieurs fois des yeux, se reconcentrant sur ce qui était réellement important. Il fallait qu’ils trouvent une fenêtre suffisamment dégagée pour lancer une fusée lumineuse et avertir la flotte rebelle que le cristal était entre leurs mains.

Ni une ni deux, le duo s’élança de nouveau à travers le danger, fonçant avec violence et détermination entre les soldats Astéens qui les attendaient derrière la porte de la salle au trésor. Ainhoa avait caché le cristal dans la sacoche accrochée à sa ceinture de manière à ce qu’aucun Astéen ne s’interroge sur l'objet scintillant que la blonde transportait. Elle lutta aux côtés de son capitaine pour tuer tous les gardes qui se trouvaient sur leur chemin. Lorsqu'ils arrivèrent près d'une fenêtre qui leur permettrait de tirer leur fusée, Bahn tendit un pistolet à canon court argenté. À l'intérieur de la chambre de l'objet se trouvait une longue cartouche rouge qui cracherait une intense lumière et libérerait une poudre rouge. C'était le signal. Ainhoa se positionna, visa haut dans le ciel, au-dessus du toit voûté du palais, et tira.

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