C11.2 Cristal Lumière

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En parallèle, l’Entité s’écarta et tendit son bras vers Vaik en étant toujours tourné vers Ainhoa.

— Je peux vous aider, et pour cela, il vous faudra donner vos cristaux primodiaux à votre ennemi. Je vois en votre cœur que cela va contre vos principes, votre haine, mais en tant que monarque, vous ne pouvez vous permettre de vous laisser aller à la vanité et à l’orgueil, reprit le Vexen.

— Ne faites pas ça, votre Majesté ! S’écria une voix à l’autre bout de la salle du trône.

Lysandre et le juge master venaient d’entrer, essoufflés et transpirants. Le jeune Draxak s’était frayé un chemin pour retrouver son frère. Il avait encore espoir de ramener son frère aîné à la raison, il désirait mettre fin à cette folie et renvoyer le Vexen d’où il venait. C’était de la faute de cette entité que son frère avait perdu la raison, depuis combien de temps lui chuchotait-il à l’oreille ? Lysandre n’en savait rien, mais il était évident pour lui que c’était de la faute de cette chose si son frère avait perdu la raison.

— Les Vexens ne sont pas la solution, grand frère, je t’en supplie, abandonne ! Tu ne peux pas leur faire confiance ! Supplia Lysandre.

— Gaven... évidemment, souffla Vaik d’un air exaspéré. Tu n’as rien à faire ici, Lysandre, je te demande de partir.

— Non, je ne t’abandonnerai pas !

— Décidément, ils ont pris la fâcheuse tendance d’interrompre nos plans, s’indigna Cidolfus en soufflant.

Le Vexen flotta jusqu’à Vaik et lui chuchota quelque chose qui n’était destiné qu’à lui. L’Impérial esquissa un sourire, triste ou joyeux, Ainhoa qui était en face de lui, ne sut discerner.

Lysandre s’avança vers son frère, prenant soin d’éviter Blasius et Cidolfus qui se dressaient contre eux. Gaven le suivait, il remarqua Erel, agenouillée, les yeux humides lorsqu’elle croisa son regard. Le juge master serra les poings, peut-être que le cadet Draxak parviendrait à mettre fin à cette folie, à faire entendre raison à son aîné. Il était heureux de voir que sa fiancée vivait toujours, que Vaik ne lui avait pas fait de mal comme c’était prévu entre eux. La guerrière voulut se redresser pour courir vers Gaven, mais Blasius l’en empêcha en posant une main sur son épaule et la clouant au sol. Les deux amants se regardaient inquiets et dans l’impossibilité de pouvoir se tenir l’un contre l’autre.

- Juge master, notre accord ne mentionnait pas le fait que vous rameniez mon jeune frère en ces lieux et encore moins dans une ville bombardée. Auriez-vous perdu la raison ou est-ce votre ultime carte ? Interrogea Vaik d’un air agacé, il retenait sa colère et cela s’entendait au son de sa voix.

- Non, Monseigneur, Lord Lysandre souhaitait parvenir jusqu’à vous, c’était un ordre, je n’étais pas en position de lui désobéir. Nous avons un accord, je ne le déshonorerai pas, argua Gaven sûr de lui en concentrant son regard sur l’Impérial.

- Comme c’est pratique, et comment sait-il que je suis ici si personne ne l’a prévenu ? Continua Vaik en ignorant complètement son cadet.

- Sa Majesté Emett, vous avez prévenu l’Empereur, votre père, que vous partiez à l’assaut de Zhelès. Ce dernier, trop faible pour vous en empêcher, a alerté mon seigneur Lysandre, se justifia Gaven adroitement.

Cela avait tout l’air d’une mise en scène, Vaik n’était pas dupe mais n’avait aucune preuve de la nouvelle trahison du juge master. Il sentait ses joues lui brûler et sa gorge se nouer. La colère montait en lui, comme un gaz compressé dont la bouteille venait de s’ouvrir.

Le Vexen, qui voyait la situation lui échapper, reprit le contrôle de la conversation en s’immisçant de nouveau entre l’aîné des Draxak et les nouveaux protagonistes. Il exhiba une partie de ses pouvoirs simplement en levant un bras et en faisant jaillir de sa main tendue une multitude d’éclairs qui s’écrasèrent autour des humains dans la pièce sans distinction.

Ils étaient tous recroquevillés, les mains sur les oreilles pour protéger leurs tympans du son fracassant que chaque raie de lumière faisait en fendant le sol. En quelques secondes seulement, la salle du trône fut ravagée, les vitres brisées, le sol fendu et les colonnes de pierre anéanties. Hadès, satisfait de sa performance, ordonna de nouveau à la reine du Daflad de confier les cristaux à Vaik. Elle résista de nouveau en défendant son point de vue et protégeant le libre-arbitre de l’humanité. Ainhoa avait ramassé le cristal aube et le tenait fermement entre ses mains défiant du regard le Monstre qui exigeait cet objet

—Venez donc le chercher, provoqua la Reine

Cidolfus n’eut d’autre choix que d’intervenir car il souhaitait absolument voir ce qui allait advenir du monde une fois leur plan achevé. Il s’empara d’Erel Jerioth, seconde du capitaine Bahn et fiancée de Gaven, pour faire céder les uns et les autres tout en les tenant en respect. Alors que le juge master allait s’avancer, le scientifique pointa le cristal artificiel en sa possession devant le visage de la guerrière.

— Cessez donc vos jérémiades, Majesté, donnez vos cristaux primordiaux que l’on en finisse une bonne fois pour toutes. Si vous ne le faites pas de votre plein gré, il y aura beaucoup de victimes dans cette pièce. Vous le savez alors soyez raisonnable.

Le cristal se mit à luire intensément alors qu’il l’approchait de sa victime. Erel louchait devant l’objet qui n’était plus qu’à quelques millimètres d’elle. La tension était montée d’un cran, après les supplications vint l’heure des menaces et Cidolfus n’était pas du genre à bluffer. Ainhoa cracha, fulmina toutes sortes d’injures à l’encontre de Vaik ou Cidolfus. Tout comme Bahn et Gaven qui s’inquiétaient du sort de la guerrière. Duskara, elle, comprenait que la situation était perdue d’avance. Aurait-elle cédé plus rapidement les cristaux? Peut-être pas, mais désormais qu’une camarade était menacée, elle n’aurait pas hésité et se serait débarrassée du dit objet.

— Lâche-moi, pauvre fou, cracha Erel à l’encontre de son détracteur.

— Allons, allons, pas après de si touchantes retrouvailles, ricana le scientifique.

— Je ne suis pas heureuse de vous voir.

— Je ne parlais pas de moi, vous ne la reconnaissez vraiment pas ? Quelle tristesse, elle, qui est maintenant si belle et lumineuse, ajouta Cidolfus d’un ton machiavélique.

Erel ne comprit pas immédiatement ce qu’insinuait le scientifique, mais lorsque ce fut le cas, son visage se défigura. Une grimace entre le dégoût et l’horreur.

— Non... souffla la guerrière entre ses lèvres mi-closes.

— Bien sûr ! Il me fallait un nouveau cobaye après votre départ. Qui de mieux que votre amie qui s’est tant démenée pour vous permettre de fuir.

Angélique était là, devant elle, sous la forme d’un cristal azuré parfait. Erel vit l’image de son amie enfermée dans un cercueil métallique baignant dans un liquide bleuté avec un appendice caudal déformant son corps et absorbant sa vie. Des larmes roulèrent sur ses joues, en abondance, elle se sentait responsable. Angie était morte car elle avait fui. À aucun moment la jeune servante ne s’était souciée de son propre sort, avait-elle seulement anticipé que le scientifique la prendrait pour cible ? Savait-elle ce qu’elle risquait en l’aidant ? La guerrière comprit que tous ses choix avaient eu des conséquences sur les gens qui l’entouraient, qu’ils soient positifs ou négatifs. Dans le cas d’Angélique, c’est sa propre vie que cela lui avait coûté. Et tout ça pour que finalement, ils se retrouvent piégés par les Impériaux.

Tous ces efforts, toutes ces vies... pour rien.

Cidolfus n’avait pas prévu d’utiliser la domestique d’origine Dafladienne pour fabriquer ses cristaux, il pensait que les guerriers, normalement de constitution plus puissante que celle d’une servante, faisaient de meilleurs matériaux. Pourtant, la soubrette avait réussi à fournir un cristal azuré, utilisable donc. Il était fier de sa réussite et avait hâte de parfaire ses calculs et mesures afin de réaliser le cristal parfait, il était persuadé de n’être plus qu’à quelques cobayes de réussir.

Entre les griffes du scientifique fou, Erel comprit. Sa fuite avait coûté la vie de son amie et avait sans doute eu un prix pour son fiancé aussi. Elle n’était pas stupide au point de penser que cela n’aurait aucune incidence, mais elle n’avait pas anticipé qu’Angélique mourrait. Et Gaven, qu’avait-il payé pour ses choix ?

Ébranlée par la nouvelle, la guerrière Dafladienne cessa de se débattre, abasourdie par cette révélation.

Comme si le Vexen lisait le désespoir dans le cœur des rebelles, il voyait sa victoire comme une chose inéluctable. Les humains luttaient mais ils céderaient. De ses yeux de marbre, il contemplait la guerrière Dafladienne lutter pour sa vie, elle fixait avec angoisse le cristal bleuté qui d’une seule incantation pouvait la désintégrer. La Belligérante ne se débattait plus pour essayer de se défaire de son bourreau, à la place elle pleurait à chaudes larmes, insultant et pestant contre le scientifique qui avait pris la vie de son amie. Gaven était impuissant, il voulut faire un pas pour aider sa fiancée mais Lysandre le stoppa d’un simple regard et en lui faisant un signe de la tête. Vaik n’attendait qu’un faux pas de la part du juge master pour le tuer, ce qui était également le cas de Blasius.

Red-an était toujours inconscient mais protégé par Duskara qui s’était postée près de lui, prête à riposter si nécessaire.

Bahn aurait choisi de mourir plutôt que de livrer les cristaux à l’Empire, il lui fallait gagner du temps pour que l’armée rebelle puisse pénétrer dans le château. Seulement le Bahamut gardait avec force la capitale Dafladienne et donnait du fil à retordre à ses ennemis.

Ainhoa, les épaules basses et le regard vers ses chaussures, tendit lentement le bras vers Hadès. Elle lui fit cadeau de ce qu’il désirait tant. Les cristaux primordiaux. L’être éthéré de son visage toujours aussi inexpressif, fit signe à Vaik de prendre son dû.

Le capitaine Caelistis implora sa reine d’attendre, de ne pas céder mais à ses yeux c’était la seule solution. L’Empire avait gagné, ils étaient acculés et les renforts tardaient, mourir ici n’apporterait rien, cela n’empêcherait pas Astéa de récupérer les cristaux primordiaux.

Vaik récupéra les trois pierres et les déposa sur le sol face au Vexen. La Créature n’essaya pas de s’en emparer, elle se contenta de lever les mains vers le ciel et d’incanter d’une voix forte et assourdissante une incantation qui ressemblait davantage à une litanie funeste.

Des cristaux jaillit une intense lumière, le magus autour d’eux se tordit, se rétracta et permit d’assembler les trois objets.

*

À l’extérieur du château, le Comte Thasec prévoyait une nouvelle salve vengeresse. Il avait perdu de nombreux vaisseaux mais l’espoir était encore présent dans leurs rangs. La rébellion était sur le champ de bataille pour en finir, il n’avait qu’à faire tomber le Bahamut pour gagner.

Après de nombreux assauts, la victoire semblait proche. La carcasse de métal noir Impériale peinait à tirer, les canons qui étaient encore fonctionnels n’atteignaient plus leurs cibles et les chasseurs avaient été détruits.

Dans le cockpit du vaisseau-mère de la rébellion, Thasec de Quevedo allait donner son dernier ordre, celui qui ferait tomber le Bahamut.

D’un seul coup, un énorme cristal éventra le palais royal de Zhelès et coupa de part en part le vaisseau Impérial tant redouté. L’amas de silice grandissait, grandissait. Il gagnait en circonférence et en taille, avalant dans son sillage des quartiers entiers. Les faces luisantes de l’édifice avalaient goulûment la capitale Dafladienne, forçant les vaisseaux de la rébellion à faire marche arrière.

Sur le tableau de bord de son appareil, tous les voyants se mirent à clignoter. Tous les vaisseaux perdaient en puissance et les mages hurlaient des phrases incompréhensibles dans les radios.

— Monsieur le Comte, nous n’avons plus d’énergie. Nous devons fuir et nous poser en urgence dans le désert ! s’écria l'un des pilotes.

— C’est impossible... souffla Thasec en fixant le cristal, les yeux écarquillés.

Quelques secondes après cette nouvelle de la part de ses pilotes et mages, le Comte Thasec devait affronter une autre réalité. Un cataclysme qui allait frapper tous les peuples d’Idalyce, tous les royaumes. Thasec ne savait même pas si le groupe rebelle était encore en vie dans le cristal-lumière ou s’ils avaient été eux aussi avalés par le monstre cristallin.

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