C12.4 Ascension
Ascension du cristal lumière — trois heures avant la chute
Chaque groupe avait triomphé de son épreuve. Ils avaient commencé leur ascension dans le corps du cristal mère afin de rejoindre Hadès. L’escalier s’enroulait sur lui-même, donnant l’impression qu’il s’étendait à l’infini, d’autant que les surfaces du cristal reflétaient les silhouettes difformes des protagonistes sur toutes ses faces.
Au début, leurs pas étaient pressés, mais avec le temps, l’effort et cette étrange impression de faire du sur-place, leurs pas s’espacèrent davantage, les souffles étaient courts et la difficulté accrue.
C’est Gaven qui remarqua en premier que les faces du cristal étaient étranges. Si l’on prenait le temps de les regarder suffisamment longtemps, des choses s’articulaient à l’intérieur. Comme des visions, du passé ou de l’avenir. Ainsi, en montant les escaliers vers le cœur du cristal, ils voyaient défiler devant leurs yeux ce qu’ils furent et ce qu’ils auraient pu être.
Pour Erel et Gaven, leur passé commun se dessinait sur toutes les parois, une vie de couple d’abord heureuse puis brisée. L’avenir leur promettait de retrouver cette vie simple et heureuse avec leurs enfants et leur maison. Des promesses qui ne manquèrent pas d’émouvoir les deux guerriers alors qu’ils ne s’étaient pas encore réellement dit ce qu’ils avaient sur le cœur.
Ainhoa et Bahn revoyaient leur pays natal devenir le grand royaume qu’il avait toujours été, avec une reine juste et un général loyal. La perte de sa famille lui était toujours aussi douloureuse, mais la reine était prête à avancer. Elle n’était pas réellement seule, elle pouvait s’appuyer sur son capitaine. Bahn aspirait uniquement à servir son pays. Il n’aimait personne et ne pensait pas fonder une famille. Protéger son pays lui était suffisant et un jour le voir prospérer le comblerait.
Duskara revivait les jours heureux dans sa tribu de Madow à l’abri dans les bois de Sylvesonge. Elle était promise à devenir une femme importante mais avait décidé de tourner le dos aux traditions pour découvrir le monde, chose qui l’avait comblée. Son avenir était plus funeste ; sa mort lui fut annoncée d’une manière peu enviable. La contrebandière détourna les yeux de son propre corps sans vie et accéléra le pas.
Red-An n’avait aucun souvenir heureux à Astéa. Quitter le laboratoire avait été la meilleure de toutes ses décisions. Le cristal lui offrait un défilé de ses pires souvenirs, martelant son cœur déjà fragile à chaque nouvelle réminiscence de son passé. Puis l’avenir se dessina : il se voulait meilleur, tragique et héroïque. Le pleutre voleur deviendrait un héros ; il avait encore un rôle à jouer. Maintenant qu’il était libre, il avait fait un pas de plus vers ce destin.
Lysandre et Vaik restèrent silencieux, ils ne s’étaient plus adressé la parole suite à leur épreuve dans le désert. Trop pudique pour en dire davantage, Vaik avançait sans laisser transparaître la moindre émotion. Il observait des scènes de son enfance, son éducation stricte et les “jeux” de la cour auxquels il avait avidement participé jusqu’à sa rencontre avec Hadès et la résurrection du cristal lumière. Après cela, plus rien, comme si son existence avait été effacée de l’histoire, comme s’il n’avait jamais existé.
Lysandre suivait le même chemin que son aîné, à quelques marches d’écart. Son passé lui était plus agréable à observer et l’amusa quelque peu. Ses jeux d’enfants et son adoration pour son grand frère lui manquaient. La naïveté de la jeunesse lui échappait et plus il avançait, plus les couleurs s’assombrissaient jusqu’à arriver devant le trône de l’Empereur, qu’il était destiné à occuper. Choqué par cet avenir auquel il n'avait jamais aspiré, il bloqua son regard dans le dos de son frère, s’inquiétant de ce qu’il allait devenir et se demandant si finalement, ils allaient réellement devoir s’affronter.
L’ascension fut longue, réveillant de vieilles blessures sur lesquelles le Vexen avait déjà lourdement versé du sel lors des épreuves qu’il leur avait fait subir. Mais d’un pas lent et douloureux, ils se rapprochaient du sommet, du cœur du cristal. Là où Hadès les attendait pour jouer la scène finale. L’ère des êtres humains s’achevait en Idalyce alors que celle des Vexens arrivait de nouveau.
Plus qu’une heure avant la chute...
Annotations
Versions