Rendez-vous

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Boston, Massachusetts

Dimanche 3 juillet


Melinda Rodriguez se présenta à l’accueil de l’hôtel Sonder Magnolia en début d’après-midi. La jeune réceptionniste s’excusa en lui expliquant que sa chambre n’était pas encore prête et l’invita à patienter un moment au bar, pendant qu’elle activait les femmes de chambre. Elle s’installa dans un fauteuil confortable qui lui assurait une vue directe sur le hall d’entrée. Un jeune barman vint lui proposer une boisson, précisant que c’était offert par la direction en dédommagement de l’attente. Elle lui demanda une tasse de thé et sortit son ordinateur portable. Elle afficha les photos envoyées par Ironman. Il y avait une dizaine de clichés, probablement issus de réseaux sociaux ou d’articles de presse représentant Elisabeth Stanton d’une part et Stuart Carter d’autre part. Ce n’était qu’une formalité pour elle car sa mémoire visuelle n’avait pas besoin de ce rappel. Lorsque le serveur revint avec le thé, elle lui expliqua qu’elle aurait besoin d’un petit service, prétextant un document à imprimer rapidement. Le jeune homme lui recommanda d’aller s’adresser au concierge.

Melinda traversa le hall, son ordinateur sous le bras. Elle se dirigea vers un homme assez âgé portant deux clés d’or croisées sur le col de sa veste d’uniforme.

— Bonjour Madame, en quoi puis-je vous être utile ? demanda l’homme.

— J’aurais besoin d’imprimer un courrier que je viens de recevoir, expliqua Melinda. Est-ce que ce serait possible ici ?

— Bien sûr, nous sommes à votre service. Venez avec moi, je vous prie.

L’homme se dirigea vers un petit bureau situé derrière la réception. Plusieurs ordinateurs étaient allumés. L’un d’eux affichait des images de vidéo-surveillance. Une grosse imprimante était disposée dans un angle.

— L’informatique ne fait pas partie de mes compétences, dit le concierge, mais je crois que vous pouvez vous brancher sur ce câble.

— Je vous remercie, je n’en ai que pour quelques minutes.

— Prenez votre temps, personne ne vient ici en temps normal.

L’homme quitta la pièce laissant Melinda seule face aux claviers. Elle sortit une clé USB de son sac et l’inséra sur l’unité affichant les images. Elle lança un programme puis connecta son propre portable à l’imprimante. La machine cracha quelques pages. Puis Black Widow fit défiler l’état des réservations sur un autre écran et localisa la chambre affectée à Elisabeth Stanton, la 403. Un coup d’œil sur le poste voisin lui permit de constater que l’installation était terminée. Elle retira la clé USB, prit les feuilles et sortit en tirant la porte derrière elle.

— Je vous remercie, dit-elle au concierge en agitant les pages imprimées.

Comme elle retournait vers le bar, la réceptionniste l’interpela.

— Madame Dominguez, votre chambre est prête.

— Excusez-moi, j’aurais dû y penser plus tôt, mais est-ce que par hasard la 405 est libre ?

— Je vais vérifier, mais la 307 est une très bonne chambre.

— Je n’en doute pas, mais je suis venue chez vous il y a quelques années et j’ai de très bons souvenirs de la 405, si vous voyez ce que je veux dire.

— Euh, oui, Madame, répondit la jeune femme en rougissant un peu. Vous avez de la chance, elle est disponible et elle est prête. Voici la clé. Avez-vous besoin d’aide pour vos bagages ?

— Je vous remercie, mais je vais me débrouiller.

— Je vous souhaite un très bon séjour chez nous.

Melinda, alias Maria Dominguez, déposa le sac contenant ses vêtements au pied du dressing et posa la mallette contenant son matériel sur le bureau. Par chance, les chambres 403 et 405 disposaient d’une porte de communication, verrouillée bien entendu. La Veuve Noire commença par mettre en route son ordinateur et vérifia qu’elle avait bien accès au réseau de vidéo surveillance de l’hôtel. En plus des caméras filmant l’entrée, la réception et le bar, il y avait deux caméras par étage, une à chaque extrémité du corridor desservant les chambres. Elle enclencha le mode Enregistrement de chaque caméra et dirigea directement les images vers un serveur externe partagé avec Ironman. Elle examina ensuite la porte de communication et constata avec satisfaction qu’il lui était possible de glisser une fibre optique et un micro au raz du sol. Elle fit un essai et obtint une vision grand angle de la chambre voisine. Satisfaite de son installation, elle s’installa confortablement pour attendre l’arrivée d’Elisabeth Stanton.

Vers quinze heures, Melinda entendit du bruit en provenance de la chambre 403. Un rapide retour arrière sur la caméra de la réception lui permit de voir l’avocate se présenter à la réception et prendre sa clé. Elle ouvrit la fenêtre permettant de visualiser la chambre. Un garçon d’étage finissait de déposer les bagages près du lit tandis que la femme faisait un rapide état des lieux. Elle glissa un billet dans la main du groom qui sortit avec un remerciement obséquieux. Sans surprise, la cliente entreprit de vider sa valise et de ranger ses vêtements dans la penderie, avant de déposer son vanity-case dans la salle de bains, puis elle ôta ses vêtements de voyage. Elle ne garda que ses sous-vêtements et enfila le peignoir de bain fourni par l’hôtel. Melinda capta dans ses écouteurs le bruit de l’eau en provenance de la salle de bains, pus la voix de la femme au téléphone.

— Stuart ? C’est Betty. Je viens d’arriver à l’hôtel. Quand peux-tu me rejoindre ?

Melinda n’entendit pas son correspondant, mais seulement la voix de Betty qui lui répondait.

— Dans une heure ? C’est parfait, ça me laisse le temps de prendre un bain et de me préparer. Tu pourra monter directement, je suis à la chambre 403.

De la musique se fit entendre à la place des voix, puis le bruit de l’eau cessa. La chambre était vide. Pendant près de trente minutes, l’image resta statique puis Betty sortit de la salle de bain, toujours en peignoir. Sans se douter qu’elle était observée, elle sortit des vêtements de la penderie et les posa sur le lit, puis elle dénoua la ceinture du peignoir, révélant son corps nu. Melinda considéra la silhouette de l’avocate. Elle avait fait le calcul, Elisabeth Stanton avait plus de quarante ans. Certes, les seins étaient un peu lourds et les hanches légèrement enveloppées, mais elle avait encore un corps pouvant séduire plus d’un homme. Sur l’écran de l’ordinateur, la femme enfila un ensemble de lingerie fine, noire et rouge, puis une robe rouge également, au décolleté profond mettant en valeur sa poitrine généreuse. Quand elle fût prête, Betty s’installa sur le canapé du coin salon et alluma la télévision, zappant sur les chaînes d’information en continu, sans y accorder de réelle attention.

Un peu avant seize heures, Melinda perçut dans le casque audio de légers coups frappés à la porte. Betty éteignit la télé avant d’aller ouvrir. L’angle de la caméra ne permettait pas de voir l’entrée de la chambre, mais le son ne laissait aucun doute sur l’identité du visiteur. Deux corps enlacés réapparurent dans le champ de prise de vue. Melinda reconnut Stuart Carter. Les deux amants ne parlaient pas, se contentant de baisers et de caresses appuyées. Carter repoussa sa maîtresse jusqu’au lit, la forçant à lui tourner le dos. Betty posa les mains, puis le buste sur le matelas, tandis que l’homme remontait sa robe sur ses hanches. Il écarta la culotte noire et la pénétra brutalement. Il ne fallut pas longtemps à Betty pour exprimer son plaisir avant de se laisser tomber, allongée sur le ventre. L’homme n’avait visiblement pas eu son compte et voulut profiter de la position de sa partenaire, mais celle-ci le repoussa avec douceur, préférant lui offrir satisfaction avec sa bouche. Après quelques minutes de ce traitement, la femme se releva, sa robe rouge maculée de trainées blanches.

— Je crois qu’il faut que je me change avant de sortir ! dit-elle en se dirigeant vers la salle de bain. Peux-tu appeler le room service et demander qu’ils nous apportent quelque chose à boire ?

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Commande une bouteille de vin blanc. Je n’en ai que pour cinq minutes.

Le groom était encore dans la chambre quand Elisabeth Stanton revint dans la chambre vêtue de sa seule lingerie. Le garçon se rinça l’œil en guise de pourboire avant de s’éclipser sans rien attendre de plus.

— Prenons le temps de boire un verre avant de parler de notre affaire.

— Moi aussi, je suis content de te revoir Betty ! répondit l’homme.

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