Comité d’accueil

6 minutes de lecture

Miami, Floride

Jeudi 7 juillet


Francis Moreira, en charge de la division de la DEA* sur le secteur de Miami prit la parole. Une demi-douzaine d’agents étaient réunis dans la salle de conférence.

— Mesdames et messieurs, nous avons reçu une information que nous avons jugée parfaitement fiable nous annonçant la probable entrée sur notre territoire d’une quantité significative de cocaïne en provenance de République Dominicaine. Si l’information est correcte, c’est pour ce soir, sur l’aéroport commercial de North Palm Beach. Nous allons intercepter cette livraison et les convoyeurs. L’agent spécial Marjorie Westwood sera responsable de l’opération. Je vais la laisser vous donner les détails opérationnels. Il y a toutefois un point important. L’un des passagers de l’avion pourrait être le fils d’un parlementaire. Je vous recommande donc de ne faire usage de la force qu’en extrême recours. Marjorie, c’est à vous.

— Les informations dont nous disposons font part d’un vol à bord d’un avion privé depuis Saint-Domingue. La couverture est celle du transfert d’un groupe de musiciens dominicains venant à Miami pour enregistrer et participer à des shows TV. Nous ne pensons pas qu’il y ait une présence d’éléments hostiles, mais nous devons toutefois prendre toutes nos précautions. Nous procéderons en deux temps. Tout d’abord, la TSA** se chargera des contrôles de routine et retiendra le groupe pour un prétexte de vérifications complémentaires. Une équipe cynophile prendra le relais pour localiser le chargement litigieux. Il sera probablement logé dans les bagages ou les instruments de musique. En cas de détection positive, nous embarquons tout le monde. L’officier de la TSA, Matt Lloyd ici présent, assurera la liaison entre nos deux organisations. Avez-vous des questions ?

Un homme portant le blouson bleu marine de l’administration des drogues prit la parole.

— Je ne sais pas ce qu’il est en est pour mes collègues, mais je suis depuis peu au bureau de Miami et je ne connais pas l’aéroport de North Palm Beach. Pourrions-nous avoir quelques informations sur la configuration du lieu ?

— Très bonne remarque ! commenta l’agent Westwood. Lloyd, pouvez-vous briefer mes collègues ?

L’officier de la TSA se plaça au milieu du groupe et entreprit de décrire les installations.

— North Palm Beach est une petite plate-forme d’aviation générale. Il y a un unique terminal et deux pistes en dur permettant les opérations de petits jets d’affaires. S’agissant d’un vol en provenance de l’étranger, les contrôleurs dirigeront l’avion vers le parking proche du terminal et demanderont aux passagers et bagages de transiter par nos locaux. Contrairement aux vols commerciaux, les bagages ne sont pas délivrés sur un carrousel, mais directement sur le chariot qui a servi au déchargement de l’appareil. Selon les informations communiquées par l’équipage ce matin, il devrait y avoir six passagers, dont un américain, en plus des deux pilotes. Généralement, les pilotes ne débarquent pas avec les passagers car ils vont parquer l’appareil sur un emplacement dédié. Ils ont ensuite leur propre sas d’entrée-sortie. Le hall du terminal proprement dit est globalement de forme carrée, avec sur un côté les locaux administratifs et de l’autre des kiosques destinés aux agents commerciaux, taxis, locations de voiture…

Nos bureaux sont ouverts sur le hall et permettent de surveiller les mouvements de passagers discrètement. Je suggère que vous y attendiez mon signal. Ensuite ce sera à vous de jouer.

Marjorie Westwood reprit la parole.

— Selon les informations données ce matin, le vol est attendu en fin de journée. Nous n’avons pas encore l’heure précise. Le contrôle aérien nous la communiquera dès qu’ils auront eu confirmation du plan de vol de retour. Nous avons largement le temps d’être sur place et de reconnaitre les lieux avant l’arrivée de notre oiseau. Il est quinze heures. Je veux tout le monde sur place, entièrement équipés, pour dix-sept heures. Mitchell, c’est vous qui êtes en charge du chien renifleur ?

— Oui Madame, ne vous faites pas de soucis. Rex et moi, nous serons prêts à l’heure dite.

— Parfait, on se retrouve tous sur place dans deux heures.

Après trois heures de vol, le pilote du Piper Cheyenne affrété par Mick Brown prit contact avec le contrôle aérien de Miami. Il se fit reconnaître et confirma son heure probable d’arrivée pour dix-neuf heures dix. Le contrôleur lui donna la route d’approche à suivre pour North Palm Beach. Dès la fin de la conversation avec l’avion, il décrocha son téléphone pour prévenir la tour de contrôle de North Palm Beach. L’information fut aussitôt relayée aux équipes de la TSA et de la DEA sur place.

Dans l’avion, Mick Brown retira son bandeau et sortit de sa léthargie. Derrière lui, les quatre hommes dormaient eux aussi. Seule Lucia continuait à faire la conversation avec les pilotes. Le plan de vol avait d'abord amené l’appareil au-dessus des Iles Turk et Caïques pour éviter l’espace aérien cubain, puis ils avaient survolé les Bahamas avant d’atteindre les côtes de Floride au-dessus des Everglades, au sud de Miami. Le Piper remontait maintenant le long de la côte, la ville de Miami sur sa gauche. Brown proposa à la jeune femme de prendre sa place pour la laisser profiter de la vue. Le pilote commentait les principaux sites : Miami Beach, Hollywood…

— C’est là qu’ils font les films ?

— Non, répondit le pilote avec patience, le Hollywood du cinéma, c’est en Californie, à Los Angeles. Maintenant, c’est Fort Lauderdale. Je vous suggère d’attacher vos ceintures, nous allons bientôt atterrir.

L’avion amorça sa descente puis fit un large virage à gauche, dans l’axe de la piste 32 de l’aérodrome. Quelques minutes plus tard, les roues touchèrent le sol et le pilotage coupa les gaz.

— Nous sommes arrivés à North Palm Beach. Bienvenue aux Etats-Unis.

Dans les radios tactiques de l’équipe d’intervention, le message fut relayé. L’avion est au sol. Un petit tracteur tirant une remorque s’approcha et la porte s’ouvrit. Lucia fut la première à mettre le pied à terre. Le reste du groupe la suivit, passant les caisses d’instruments au bagagiste, puis Brown descendit à son tour. Il demanda à chacun des membres du groupe de lui remettre leur passeport avant qu’ils se dirigent vers le hall d’arrivée. Le fonctionnaire prit les documents et entra les données sur son terminal. Un message s’afficha sur son écran.

— Monsieur Brown, auriez-vous l’amabilité de faire patienter quelques minutes votre groupe, un de mes collègues va venir s’occuper de vous.

— Pourquoi ? Il y a un problème.

— C’est une simple formalité.

Matt Lloyd sortit d’un bureau et se dirigea vers Brown.

— Monsieur Brown, je suis Matt Lloyd de la TSA. Je vous prie de m’accompagner dans mon bureau. Ce sont vos bagages ?

— Oui, ce sont les instruments du groupe qui m’accompagne, ils viennent pour enregistrer à Miami.

— Nous allons procéder à un contrôle de routine. Il n'y en a pas pour longtemps.

Brown n’eut pas d’autre choix que de suivre Lloyd. La tournure des évènements ne lui plaisait pas du tout, mais il n’avait guère de choix. Il vit arriver un groupe d’hommes et femmes en blousons bleu accompagnés d’un labrador. Le chien se dirigea vers le chariot de bagages. Il s’arrêta devant les étuis à guitare et se mit à aboyer. La femme qui semblait diriger le groupe s’adressa aux musiciens qui firent tous un signe de dénégation de la tête. Un homme muni de gants préleva les deux valises sur le chariot et les posa sur une table. Le chien se manifesta de nouveau. Sur un signe de Westwood, l’agent ouvrit les valises. Après avoir sorti les deux guitares, il n’eut aucun mal à déceler le mécanisme donnant accès aux sachets de poudre. Marjorie alla rejoindre Lloyd et Brown dans le bureau.

— Monsieur Brown, à partir de ce moment, vous êtes en état d’arrestation pour importation illégale de drogue sur le territoire des Etats-Unis. Je vais maintenant vous lire vos droits.

L’agent spécial sortit une carte de sa poche et commença à énoncer les rubriques de l’avertissement Miranda.



* DEA : Drug Enforcement Administration

** TSA : Transportation Security Administration

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Eros Walker ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0