The Dead Fire

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Halloween. Le 31 octobre. Juste une date avec un nom, en somme. Une date où les enfants, sous les conseils de leurs parents, se déguisent et sortent la nuit pour réclamer des bonbons, avec la fameuse formule « Des bonbons ou un sort ? ». Quelle magnifique fête, qui apprend le chantage aux enfants…

J’écrase une cigarette dans le cendrier en cristal. Putain de vie. La sonnette résonne. Encore… Je regarde par le judas. Des gosses… super. Je n’ouvre pas la porte. Qu’ils aillent déranger quelqu’un d’autre. Je me rassois dans mon fauteuil de luxe et m’allume une nouvelle clope. Peu m’importe que ça me détruise les poumons. Je n’ai déjà plus de cœur, alors… La lumière du salon grésille. Allons bon. Il manquait plus que ça. Je me lève, mais la lumière a déjà cessé de faire d'la merde. Bah. On verra ça plus tard. Je me rassoie.

« Bonsoir. »

Je sursaute violemment, me levant du fauteuil. Je me retourne. Une petite fille aux cheveux noirs, et avec de grands cernes sous les yeux, habillée d’une robe blanche toute simple, me regarde. Me fixe, plutôt. Je lui donnerais environ 7 ans. Mais qu’est-ce qu’elle fait chez moi ? La porte était pourtant bien fermée. Je crois… Je reprends mon souffle.

« Que fais-tu ici ? » je demande, d’un ton rustre. « Ça t’amuse de t’introduire chez les gens pour leur faire peur ? »

La petite fille sourit faiblement. Un sourire atrocement banal, en vérité. J’ai toujours trouvé que ce qui fait peur était la normalité totale, et pas ces vampires ou sorcière pathétiques, en quoi tous les enfants se déguisent… Mais cette petite… toute seule au milieu de mon appartement trop grand, même pour moi, avec sa robe blanche, ses cheveux noirs et raide, ses cernes sous ses yeux noirs pénétrants, ce sourire simple et sans vie… Elle est vraiment terrifiante. Pas spécialement dans son physique. Mais dans son aura. Comme si un vrai fantôme avait surgi derrière moi.

La fille ignore ma question, et jette un regard distrait vers les cigarettes.

« Vous devriez faire attention. C’est dangereux les cigarettes. Il suffit qu’une vous échappe des mains, et… »

Putain… dans quel monde suis-je tombé ? Quel genre d’enfant dit des choses aussi sérieuses d’une façon aussi désinvolte ? Je fais un pas en arrière, avant de me reprendre. C’est moi l’adulte ici, non ? C’est moi qui devrais lui faire peur, pas l’inverse ! Je m’avance vers elle.

« Ecoute petite, si t’es là pour me donner des conseils sur les cigarettes, déguerpie. J’ai pas besoin de ton aide. Et si t’es là juste pour t’amuser, bah vas jouer ailleurs. C’est pas un parc ici ! »

La petite fille me regarde, comme si elle ne comprenait pas.

« Monsieur. Pourquoi vous avez peur ? »

Encore. Encore une fois des frissons me parcourent le dos. Oui, j’ai peur. Je suis terrorisé même. Cette gamine n’est pas normale. J’en suis sûr. Elle doit être autiste. Ouais, c’est ça, c’est une autiste. Sûr. Je la prends par la main et je vais pour la raccompagner à la porte. Elle ne va pas rester ici plus longte…

« Aïe ! »

Je lui lâche la main, la mienne étant devenu soudainement douloureuse. C’est moi qui ai crié. La gosse n’a pas dit un mot. Je regarde ma main. Des cloques de brulures sont apparues sur ma main.

« Qu’est-ce que… »

La fille me regarde dans les yeux, de son regard perçant comme des épines, et impénétrable. Le plus naturellement du monde, elle marche à travers mon salon, allant vers la commode. Elle s’arrête devant un cadre photo.

« C’est qui ? »

Sans vraiment savoir pourquoi, je lui réponds, presque malgré moi.

« C’est… c’était ma femme. ». La femme que j’aimais et qui s’est barrée avec un autre. Me brisant le cœur. Je n’aurais pas dû dire ça, je n’en avais aucune envie. Je baisse le regard, presque honteux. Et je me fige une fois de plus. Je n’avais pas prêté attention au pied de l’enfant depuis tout à l’heure. Or il se trouve qu’ils sont nus. Mais surtout ensanglantés. Je relève la tête. Elle me fixe une fois de plus. De ce regard… hypnotisant. Et soudainement, dans ses yeux, je cru voir passer deux flammes.

Je flanche, et tombe à genou, devant elle.

« Qui ? Qui es-tu ? Tu devrais, comme tous les gosses, frapper chez les voisins et demander des bonbons ou un sort ? Pourquoi… »

Elle sourit. Encore. Et là je vis distinctement les flammes briller dans son regard.

« J’ai déjà choisi, monsieur. Dit-elle de sa voix innocente. Pour vous, ça sera le sort. »

Je ne comprends pas. Pas tout de suite. En fait, je ne comprends qu’au moment où les rideaux s’enflammèrent, embrasant avec eux les tapisseries, et toute ma chambre à coucher. Le feu. Le feu. Le feu se propage. Le feu partout. Je me reprends et commence à paniquer encore plus. Les alarmes anti-incendie raisonnent à travers l’appartement. Je regarde en direction de la petite fille.

Elle a disparut ! Comment cela a-t-il pu se produire ? Son apparition, le feu, sa disparition... C’est impossible. Le feu bloque l’accès à la porte d’entrée… et par conséquent de sortie. Comment sortir, comment sortir ? Les fenêtres ! Je m’approche de la fenêtre la plus proche. Mais lorsque je m’approche, quelqu’un me regarde dehors. Je cri. Puis réalise que ce n’est pas « quelqu’un ». C’est moi. Du moins mon reflet. Sauf que dans mon reflet, mon visage est calciné, il ne reste qu’un crâne noirci. S’il ne bougeait pas comme moi, s’il ne portait pas mes vêtements… je ne me serait jamais reconnu. Je fais un geste de recul… et trébuche.

Je m’étale sur le tapis. Maintenant lui aussi pris dans les flammes. Elles m’entourent. Elles m’aiment. Elles s’agrippent à moi. Et, insensible à mes cris, elles me tuent.

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