The Fire's deaf

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1980 dans un village en Afghanistan

L’odeur de brulé.

De la cendre.

De la mort.

C’est tout ce que mes narines peuvent espérer sentir, alors que je suis entourée des flammes qui rongeaient tout le mobilier. Je cours pour leurs échapper, mais du verre brisé s'enfonce dans mes pieds et je tombe au sol, avant d’atteindre la porte. Les tirs résonnent dans tout le village, et les cris avec.

Les flammes m’entourent et me brûlent. Je me débats, mais ça ne sert à rien. On ne peut lutter contre la cruauté du feu.

Les cris de mes parents se sont éteints, contrairement au feu qui les a consumé. Ce ne sont plus que des formes noircies, semblables à du bois, desquelles s’échappent des odeurs nauséabondes. Je voudrais sortir, mais le feu bloque les issues, et les balles sifflent tout autour de la maison, rendant l’extérieur aussi dangereux que l’intérieur.

La porte vole en éclat.

Un grand homme vêtu d’un uniforme militaire et munis d’une grosse mitraillette se tient sur le palier. Il me voit. Effrayée, je cours dans ce qui reste de la maison.

Il tire, et il m’aurait eu si j’étais restée là une seconde de plus.

J’enjambe le cadavre de Papa et monte à l’étage. L’homme me suit, sans crainte des flammes. Le bois noirci grince, et l’escalier sur lequel je suis montée ne supporte pas le poids du militaire, qui tombe en lâchant un juron. Je vais me réfugier dans la salle la plus haute de la maison, là où les flammes n’ont pas encore réussi à monter. C’est-à-dire la salle interdite de Maman. Là où elle faisait avec ses amies de la magie.

Des pas précipités me disent que le militaire a réussi à monter à l’étage.

Pourquoi s’en prennent-ils à nous ? Que leur avons-nous fait, pour qu’ils nous tuent et nous brûlent ? Ce sont eux qui devraient mourir ! Ce sont eux qui devraient brûler !

J’entre dans la salle interdite, pleine de fumée, et je ferme la porte.

Les crânes de bouc et tous les objets étranges de maman n’ont pas changé de place. Comme si le temps s’était arrêté. Seule la fumée qui monte jusqu’ici témoigne de l’incendie.

Mais les jurons de mon poursuivant me ramènent au présent. Sans savoir quoi faire, je prends les premiers objets de maman que je trouve, une sorte de boule de cristal, et de la poudre. Mais en faisant cela, je renverse une bougie, qui embrase le tapis. J’hurle, terrifié. Des balles traversent la porte et se figent dans le plafond. Les flammes m’entourent et me mordent. Les pas du militaire se rapprochent. Désespérée et en colère, je lance au sol la boule de cristal, qui éclate dans une lumière rouge. Surprise, je lâche du même coup la poudre. Mais elle semble alimenter le feu, qui maintenant monte sur moi, insensible à mes cris d'effrois.

Le militaire entre, et me découvre, transformée en torche humaine. Pourtant, ni ma robe blanche, ni mes cheveux de jais ne s’enflamment. Les flammes ne me font finalement pas mal. Au contraire, elles me procurent une douce chaleur qui me rassure. Le feu m’aime. Je regarde mon poursuivant. Il mérite la mort.

L’homme écarquille les yeux, puis pointe sur moi sa mitraillette. Mais il n’a pas le temps de s’en servir. Les flammes se jettent sur lui, semblables à des serpents se jetant sur leur proie. Et elles le dévorent. Sous la douleur, il lâche sa mitraillette, il hurle, il se tord dans tous les sens.

Je le regarde, insensible. Je déteste les militaires. Il mérite ce châtiment.

Au bout d’un certain temps, ce n’est plus qu’un corps calciné, comme celui de mes parents. Je ne ressens plus rien pour eux. Ni peine ni colère. Je regarde mes mains, sur lesquelles dansent encore les flammes.

Les rares villageois encore en vie hurlent de peur. Ils sont rassemblés dans l’église, où les militaires mettent le feu. Les cris redoublent, sous les regards de leurs assassins.

Bientôt ce seront eux qui crieront face aux flammes. Face à leur mort.

Je souris faiblement.

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