- IN MEMORIAM -

9 minutes de lecture

Billy était à bout de forces, il restait là, allongé sur le sol de cette immense plaine désertique. La nuit était en train d'arriver et les étoiles commencèrent à se réveiller les unes après les autres et bientôt la voûte céleste serait totalement parsemée de milliers de petits scintillements. Tchad, qui n'avait pas voulu assister à l'amputation, était resté toute l'après-midi à part. Il arriva et s'assit à côté de son ami. Il leva les yeux au ciel et dit :

« Tchad – Je réalise toujours pas
Billy – C’est difficile à imaginer je sais
Tchad – Ça va toi ?
Billy – Comme quelqu’un qui vient d’assister à une amputation sans anesthésie mais sinon ça va
Tchad – Tu es vraiment fort mentalement pour avoir participé à ça
Billy – Il fallait bien que quelqu’un le fasse, et les deux autres étaient en train de s’occuper de Curie
Tchad – Tu crois qu’il va s’en sortir ?
Billy – Je pense bien, Edison a fait de son mieux et la plaie est plutôt nette, par rapport au matériel qu’il a utilisé
Tchad – Il y a dû avoir beaucoup de sang
Billy – On a tout fait pour stopper l’hémorragie, mais Edison avait les mains totalement enduites de sang et ça continuer de s’écouler
Tchad – Beurk, rien que d’y penser ça me répugne. » Dit Tchad tout en grimaçant et en frissonnant.

Billy reprit tranquillement :

« Billy – Et toi, ça va ?
Tchad – Je n’ai pas vraiment voulu assister à ça…
Billy – Je comprends, de toute façon, tu es une mauviette !
Tchad – Hé, personne ne me traite de mauviette !
Billy – Haha, joli ! » Dit Billy tout en tapant dans la main de son ami en signe d’affection. Tchad dit :

« Tchad – Je pense qu’on devrait se reposer, tu as eu une dure journée en plus
Billy – C’est vrai, une bonne nuit de sommeil me ferait le plus grand bien
Tchad – Bonne nuit mon pote
Billy – Bonne nuit vieux ! » Billy frappa à nouveau dans la main de son ami.

Le lendemain matin, nos deux amis furent à nouveau réveillés avec le soleil. Edison arriva très vite vers eux et dit :

« Edison – Kepler !
Billy – Comment ça Kepler ? » Dit Billy soucieux.
Edison – Kepler s’est réveillé, on doit absolument lui demander
Billy – Vous croyez que c’est le bon moment, il doit être encore très faible
Edison – Nous n’avons pas le choix, notre sort en dépend. »

Billy et Tchad se levèrent et tous les trois accoururent dans la tante de fortune dans laquelle Kepler était allongé. Edison s’approcha doucement de ce dernier et lui parla doucement :

« Edison – Kepler
Kepler - … » Pas de réponse, ce dernier bougeait pourtant les yeux mais était si faible qu’il n’arrivait pas à s’exprimer. Edison réessaya :

« Edison – Kepler
Kepler – Edison… » Le son qui sortait de sa bouche était étouffé et saccadé, il avait la respiration courte et n’arrivait pas à articuler. Edison reprit une troisième fois :

"Edison - Qu'est-ce que tu as vu là-bas, qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Kepler - Le Grand homme...
Edison - Continues…
Kepler - Le Grand homme...La grande porte a été forcée...La légion foule nos terres...Le sud est brûlant et l'horizon hostile." Billy intervint :

"Billy - Edison, on ne comprend rien, qu'est-ce qu'il essaye de dire
Edison - Il dit que le militaire est de retour avec un plus grand groupe de soldats et qu'il a traversé le portail
Billy - Et la suite, le sud est brûlant ? L'horizon est hostile ?
Edison – Ils ne sont plus très loin au sud, et ils arrivent avec de très mauvaises intentions
Billy - On fait quoi maintenant ?
Edison - J'ai bien peur que nous ne soyons pas disposés à les combattre
Billy - Alors nous devons fuir ?
Edison - Fuir serait difficile au vu des circonstances dans lesquelles Kepler se trouve, nous aurions du mal à le transporter
Billy - Mais nous n'allons quand même pas les laisser nous capturés, ou même pire
Edison - Alors nous devrons nous sacrifier pour vous permettre de vous enfuir
Billy - Non ! Edison je refuse de partir et de vous abandonner à une mort certaine
Edison - Nous n'avons plus le temps, nous n'avons plus le choix." Une petite larme commença à se former et descendit le long de la joue gauche de Billy. Edison réfléchit quelques instants et dit :

"Edison - Billy, écoute moi
Billy- Je vous écoute
Edison - Une fois que nous les verrons au loin, vous devrez vous enfuir, contournez les ruines, et marchez une dizaine de kilomètres vers l'ouest, vous arriverez à d'autres ruines, une sorte de petit amas de gravats, vous devrez reprendre vers le sud et vous retrouverez le portail
Billy - Nous devrons le traverser, et vous laissez ici ?
Edison - Notre destin à présent, c'est de nous sacrifier pour te permettre de survivre. Tu es un homme bon Billy, tu ne ressembles pas à ces monstres assoiffés de pouvoir et de haine, tu as un supplément d'âme, une bonté naturelle et un goût prononcé de l'humilité et de l'entraide
Billy - Edison..." Billy fondait en larmes tout en continuant de l'écouter :

« Edison – Quand tu auras traversé le portail, il te faudra le détruire, par n’importe quel moyen
Billy – Non, je ne pourrais pas…
Edison – Tu devras pourtant le faire, si tu le détruis, ton monde et ton espèce pourront continuer de subsister, à toi de changer les choses
Billy – Et que faites-vous de Vinci ?
Edison – Il restera ici, nul ne peut se rendre sur votre planète sans le portail, et inversement. » Billy se résigna, il devait détruire le portail et laisser ses nouveaux amis ici, à la merci d’une mort certaine.

La journée défile et toujours pas la moindre trace du groupe de Lloyd. La nuit commence à tomber sur la plaine, Lloyd et son groupe n’avait pas pointé le bout de leurs nez. Peut-être avaient-ils fait demi-tour, peut-être s’étaient-ils résignés à ne pas venir. Avaient-ils abandonné ce projet machiavélique et s’étaient-ils reconvertis dans le tricot ? Voilà les questions que Billy se posait. Il trouvait tout cela très étrange mais quelque part cela ne pouvait que le rassurer.

Les étoiles commencèrent à nouveau à apparaître les unes après les autres, comme des lumières qu’on allume au fur et à mesure. Billy se dit alors qu’il valait mieux aller se coucher, il s’allongea non loin de Tchad et tous deux s’endormirent en regardant la voûte céleste

00h, Billy dormait paisiblement aux côtés de Tchad et non loin du feu qui crépitait. Tout à coup, il ressentit une étrange vibration. Une deuxième suivit quelques secondes après. Les secousses étaient répétées et se faisaient de plus en plus fortes. Il comprit aussitôt qu’un danger s’approchait, et réveilla donc son ami. Ce dernier n’étant pas satisfait par cela et ne manqua pas de le lui faire savoir :

« Tchad – Qu’est-ce qui se passe ?
Billy – Tchad ! Tchad ! Réveille-toi !
Tchad – Roh ! » Tchad grognait de désagrément. Billy continua :
« Billy – Réveilles toi ! Debout ! Quelque chose vient vers nous !
Tchad – J’ai ma petite idée de ce que c’est !
Billy – Et donc, c’est quoi ?
Tchad – Mon poing dans ta tronche si tu ne me laisse pas dormir ! » Dit Tchad tout en poussant un rire bête. Billy rétorqua :

« Billy – Et tu te crois drôle ? On n’est pas là pour rigoler !
Tchad – Bon ! » Tchad se redressa, il était agacé.
« Tchad – Tu as fait un cauchemar et maintenant tu commences à me taper sur les nerfs, et je reste poli
Billy – Tchad, j’ai le sentiment que quelque chose va se passer dans très peu de temps. » Dit Billy sur un ton très inquiétant. Un grondement sourd commença à se faire de plus en plus fort et le bruit semblait devenir de plus en plus clair.

Cela ressemblait au rugissement de plusieurs moteurs, des véhicules semblaient se rapprocher. Billy se leva et observa la ligne d’horizon, rien. Pourtant le grondement persistait dans cette direction. Mais un instant plus tard, un grondement similaire semblait provenir de la direction opposée. Edison avait lui aussi été réveillé par ce bourdonnement assourdissant. Il se rapprocha de nos deux amis et dit :

"Edison - Billy ! Tchad !
Billy - Que se passe-t-il ?" Dit alors Billy de plus en plus inquiet. Edison reprit :
"Edison - C'est eux !
Billy - Mais c'est impossible !
Edison - Ils nous ont tendu un piège, ils pensaient que nous allions oublier leur venue !
Billy - Que devons-nous faire ?
Edison - Fuyez, prenez vos affaires et courez le plus vite possible, nous allons tenter de les ralentir !"

Tchad et Billy prirent leurs affaires et se mirent alors à courir comme des dératés, tandis que deux groupes de militaires arrivèrent de part et d’autre du campement. Lloyd était en première ligne et ordonnait ses hommes. Avec sa radio, il demanda à l’autre groupe de prendre le campement. Lui, prit place dans l’une des trois jeeps qui l’accompagnaient et se mit en poursuite des deux adolescents. L’autre groupe prit en otage chacune des créatures, en attendant le retour de Lloyd.

Billy et Tchad, de leur côté, courraient aussi vite que possible, rien n'y faisait, la jeep rattrapait peu à peu leur avance. Tchad manqua de tomber une première fois, et finit par trébucher. Et en quelques secondes la jeep eu le temps de revenir à leur hauteur. Lloyd en descendit, accompagné de deux hommes. Il ordonna :

"Lloyd – Attrapez les, je les veux vivants ! » Et aussitôt les deux soldats dégainèrent leurs armes et les capturèrent. Ils les firent monter dans la jeep et reprirent la direction du camp. Une fois arrivé, Lloyd commanda les opérations et demanda qu’on fasse venir tout le monde devant lui. Il s’exprima alors sur un ton grave et froid :

"Lloyd - Tout le monde est enfin là, emmenez-les au camion !" Dit-il tout en pointant du doigt, Edison et son petit groupe.

Il reprit sur un ton beaucoup plus agressif, tout en se tournant vers Billy :

"Lloyd - Quant à vous deux ! Vous viendrez avec moi !" Très vite en commençant à embarquer le groupe d'Edison, les soldats se rendirent compte qu'il manquait quelqu'un et vinrent immédiatement prévenir leur supérieur :

"Caporal Mills - Général, quelqu'un manque à l'appel !
Lloyd - Comment ça ? Qu'est-ce qu'il se passe encore ?
Caporal Mills- Le sujet Kepler est introuvable
Lloyd - Eh bien trouvez le !
Caporal Mills - À vos ordres monsieur !" Et les militaires repartirent afin de retrouver la trace de Kepler.

Il était en réalité toujours allongé dans sa petite tente, ne pouvant pas marcher. Une demi-heure plus tard, Lloyd ordonna la levée du camp :

« Lloyd – Sergent O’connor !
Sergent O’connor – Oui mon général ?
Lloyd – Qu’en est-il de votre recherche, avons-nous retrouvé le sujet Kepler ?
Sergent O’connor – Nous cherchons toujours mon général
Lloyd – Arrêtez de chercher et trouvez-le !
Sergent O’connor – Nous avons fouillé les alentours mais il semble s’être volatilisé
Lloyd - Je ne vous laisse que dix minutes, pas une de plus, au-delà de ce délai, vous et vos hommes aurez de très mauvaises déconvenues
Sergent O’connor - À vos ordres monsieur ! » Les militaires activèrent leurs recherches et dix minutes plus tard, Kepler avait été découvert. En tentant de le faire sortir de la tente, ils comprirent qu’il lui manquait une jambe, et ne pouvait donc pas se déplacer. Il était lourd, il n’avait plus la force de se tenir debout et s’appuyait de tout son poids sur le soldat qui l’avait relevé. Le sergent O’connor retourna voir Lloyd pour lui expliquer la situation :

"Sergent O’connor - Général !
Lloyd - O’connor ! Ça y est vous l'avez trouvé ?
Sergent O’connor - Affirmatif, il était dans une des tentes
Lloyd - Très bien, faites-le monter dans le camion !
Sergent O’connor - Il réside tout de même un léger souci

Lloyd - De quoi s'agit-il encore, vous commencer à m'énerver
Sergent O’connor - Le sujet présentait certainement de graves blessures et ils ont dû l'amputer de la jambe gauche, il ne peut plus marcher et il tient difficilement debout
Lloyd - J'arrive dans quelques minutes, tenez-vous prêt à partir
Sergent O’connor - Affirmatif mon général !" Quelques minutes plus tard, tout le monde était prêt à partir, Lloyd arriva à son tour. Edison, Curie, Sakharov et Faraday était à gauche, à genoux auprès du camion. Quant à Billy et Tchad, ils étaient à genoux, accompagnés de deux soldats, à côté de la jeep.

Le pas écrasant des rangers de Lloyd piétinait le sol sablonneux de la plaine sauvage avec un grondement lourd et grave. Kepler était allongé au milieu de tout ça, spectateur de la scène malencontreuse. Le militaire arriva à sa hauteur, s’accroupit et sorti son arme. Et il prononça ces quelques mots :

"Lloyd - Nous n'avons pas le temps pour les faibles !" Avant d'abattre Kepler d'une balle dans la tête. Edison, Billy et les autres eurent la même réaction, et commencèrent à se débattre dans tous les sens, essayant de se détacher de leurs liens.

Tout le monde hurlait, de rage, de peine, cela provoquait un vacarme assourdissant et Lloyd reprit sur un ton sarcastique :

"Lloyd - En route, j'ai l'impression que l’on peut mourir en restant trop longtemps ici !" Dit-il en arborant un large sourire en coin et un regard moqueur. Et ainsi ils reprirent la route en direction du portail...

Annotations

Vous aimez lire Thomas BECKER ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0