- ÉVASION -

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Pendant le trajet en jeep, Billy n'arrêtait pas de penser à ce qu'il venait de se passer, il revoyait en boucle cette scène morbide. Il revoyait la haine dans les yeux de Lloyd et toute cette colère qu'il a exprimé au moment d'abattre froidement Kepler. Billy compris à ce moment que Lloyd n'avait aucune peine ni compassion, s’il devait torturer, il le ferait, s’il devait tuer, il le ferait. Rien ni personne ne semblait pouvoir résister à cette fureur de vaincre.

Tchad était appuyé contre la vitre et regardait le paysage défiler à grande vitesse, la même vitesse à laquelle l'exécution avait eu lieu. Le bruit du coup de feu résonnait dans sa tête comme un écho. Lloyd et l'un de ses soldats étaient assis à l'avant séparés de Billy et Tchad par une grille en fer. À l'arrière on sentait dans l'atmosphère comme un lourd sentiment de tristesse mélangé à de la rage.

Contrairement à devant, où Lloyd ne put s'empêcher de faire une remarque désobligeante sur l'exécution qu'il avait perpétrée : "Il a bien giclé celui-là !" ce à quoi le soldat répondit : "Superbe tir mon général !". Cette phrase déclencha chez Billy une puissante rage et une grande soif de vengeance, il fronça les sourcils et serra fortement ses dents.

Lloyd se retourna et dit à Billy :

"Lloyd - Ne pleure pas pour ça mon garçon, ce n’est pas le dernier que tu vas voir dans cet état, gardes un peu de larme pour les 4 autres !" Billy ne répondit pas, à l'intérieur de lui la colère ne faisait que grandir et commençait à le ronger de toute part. De l'autre côté, à l'arrière du camion, les quatre autres étaient épuisés, épuisés par ce mélange étrange de sentiments, la difficulté de réaliser ce qui venait de se passer. Une scène qui semblait durer des heures dans leurs souvenirs mais qui en réalité c'était passé en quelques secondes. La fatigue était en train de les enlacer, la soif, la faim, tout cela contribuait à rendre l'atmosphère particulièrement dure et insoutenable.

Tout à coup, ils s'arrêtèrent, au milieu de nul part. Billy regarda par la vitre, autour de la jeep, il n'y avait rien, rien de plus que quelques ruines et quelques arbustes secs. Lloyd descendit de la voiture, suivi quelques instants plus tard par le soldat. Lloyd ordonna :

« Lloyd – Faites les descendre de la voiture !
Caporal Mills – À vos ordres mon général ! » Le soldat s’exécuta et fit descendre Tchad. Ce dernier était encore dans ses pensées et semblait totalement déboussolé. Puis ce fut au tour de Billy. Il descendit d’un mouvement lourd et grave, écrasé par le poids de la haine. Son regard aiguisé lézardait sur tout ce qu’il y avait autour de lui.

Il finit par croiser le regard de Lloyd, mal lui en pris quand ce dernier lui fit remarquer, tout en s’avançant vers lui :

« Lloyd – Écoute moi bien ! Ici, c’est moi le chef, c’est moi qui donne les ordres et enfin c’est moi qui dis quand est-ce que tu peux parler et quand est-ce que tu fermes ta bouche, alors n’essaye pas de jouer les gros durs avec moi et reste tranquille ! » Billy détourna instantanément le regard et assoupli sa posture. Tout à coup, arrivèrent à l’horizon de multiples masses sombres, elle se déplaçaient en rangs serrés. Un soldat vient alors prévenir le général :

"Caporal Mills - Général !
Lloyd - Au rapport soldat
Caporal Mills - Ils arrivent mon général, ils sont nombreux !
Lloyd -Excellent, faite les remonter dans la voiture et préparez l'échange !
Caporal Mills - À vos ordres mon général !" Le soldat s'exécuta et fit remonter Billy et Tchad dans la jeep. Puis il se dirigea auprès du camion pour en faire descendre les 4 créatures qui y étaient enfermées depuis plusieurs heures. Ils étaient désormais seuls, Billy chuchota :

"Billy – Tchad…
Tchad - ...
Billy – Tchad…
Tchad - Quoi ?" Dit-il sur un ton abattu, Billy reprit :
Billy - Écoute, il faut vraiment qu'on se tire de là !
Tchad - Et tu comptes faire comment ?

Billy - Je sais que ce n’est pas facile, moi aussi j’ai du mal à m’en remettre, mais il faut qu'on sauve notre peau maintenant
Tchad - Et tu comptes laisser les autres ici ?
Billy - Tchad...
Tchad - C'est toi qui pleurait y'a même pas un jour parce que tu ne voulais pas les abandonner, et maintenant tu ne penses plus qu'à toi
Billy - C'est plus compliqué que ça, on aurait pas dû se mettre dans ce pétrin
Tchad - Maintenant qu'on y est, on en sortira tous ensemble
Billy – Nous ne sommes que six, ils sont une vingtaine, et ils ont des armes
Tchad - Ca m'empêchera pas d'essayer
Billy - Tu veux te faire tuer ou quoi ?
Tchad - Je veux juste sauver mes amis...
Billy - On pourra pas les sauver, ils vont sûrement être tués
Tchad - Dans ce cas, moi aussi
Billy - Tu t'entends des fois, tu veux mourir ici, loin de ta famille, à des milliers de kilomètres de chez toi ?
Tchad - Je mourrai peut-être loin de ma famille, mais avec mes amis, en ayant tout fait pour les sauver sans me défiler comme un lâche
Billy - Tu sous entends que je suis un lâche ?
Tchad - Je veux juste dire qu'avant de s'avouer vaincu, on pense à toutes les éventualités
Billy - La mort, c'est une éventualité selon toi ?
Tchad - Pas assez pour me faire perdre espoir
Billy - Et donc pour toi l'espoir c'est rester assis là, la tête contre la vitre et voir tes précieux amis se faire exécuter
Tchad - Ils ne se feront pas exécuter
Billy - Ah bon ? Et pourquoi ça ?
Tchad - Ils vont être échangés
Billy - Qu'est-ce que tu en sais ?
Tchad - Ils arrivent...
Billy - Qui ça ?
Tchad - L'armée de Vinci
Billy - Comment tu sais que ce sont eux ?
Tchad - Le soldat vient de le dire à son général
Billy - On n’entend rien, les vitres sont épaisses
Tchad - J'ai lu sur ces lèvres
Billy - Tu sais lire sur les lèvres toi ?
Tchad - Mon grand-père était sourd et muet, ma grand-mère m'a appris à lire sur ses lèvres
Billy - Et maintenant ? On fait quoi ?
Tchad - En tout cas on ne va pas rester ici
Billy - Ça c'est sûr !
Tchad - Le problème, c'est qu'on est menottés…
Billy - Les clefs doivent être sur le soldat qui conduisait
Tchad - Je le vois, il est là-bas, derrière le camion, il faut qu'on le fasse venir et qu'on lui prenne
Billy - Tu es fou, ça grouille de garde ici
Tchad - On n’a pas le choix !" Tchad et Billy se mirent alors à faire du bruit pour attirer l'attention du soldat qui était en train d'ouvrir les portes arrière du camion.

Il finit par entendre le bruit et retourna auprès de la jeep.

Il ouvrit la portière et dit :

"Caporal Mills - Ho les merdeux ! Tenez-vous tranquille !
Billy - J'ai envie d'aller pisser !
Caporal Mills - Il manquait plus que ça, je vais te détacher et t'accompagner un peu plus loin, toi tu restes là !" Dit-il en s'adressant à Tchad.

Le garde se rapprocha alors de Billy et commença à défaire les menottes. Au moment où il lui retira, Billy lui envoya un énorme coup de poing, ce qui l'assomma. Tchad s'écria alors :

"Tchad - Ouais !
Billy - Maintenant je te détache et on file jusqu'au camion pour libérer les autres
Tchad - J'ai une meilleure idée
Billy - Quoi encore ?
Tchad - Tu verras
Billy- D'accord, vite faut qu'on file." Dit Billy tout en détachant son ami. Les deux se cachèrent derrière la jeep, et se faufilèrent discrètement jusqu'au camion. Personne à l'intérieur, ils montèrent du côté passager, à l'abri des regards. Billy regarda par la grille qui donnait sur le plateau arrière, ses amis était toujours attachés et entassés au fond de la remorque. Les clefs étaient toujours sur le contact, Tchad dit alors à Billy :

"Tchad - Tu sais conduire non ?" Dit Tchad tout en agitant les clefs du camion.

Billy reprit en chuchotant :

Billy - J'ai conduis la vieille camionnette de mon grand-père, je jamais un engin pareil !
Tchad - C'est le même principe !
Billy - On n’a pas le choix de toute façon." Billy échangea de place avec Tchad et s'assit sur le siège conducteur. Il mit le contact, et tout le monde se retourna vers le camion. Il démarra et les soldats comprirent que quelque d'étrange se passait sous leurs yeux.

Billy écrasa la pédale d'accélérateur et le camion commença à sortir des dunes. Lloyd hurla :

"Lloyd - Qu'est-ce qu'il se passe, rattrapez ce camion !" Les soldats montèrent alors dans les jeeps et se mirent en chasse du bahut qui filaient à vive allure à travers la plaine. L'armée de Vinci était proche et la monnaie d'échange venait de prendre la fuite. Vinci s'approcha de Lloyd et lui dit d'un ton froid :

"Vinci - Alors où sont-ils ?
Lloyd - Nous avons eu un léger problème
Vinci - Continuez, misérable humain !
Lloyd - Les deux adolescents ont volé le camion qui transportait vos semblables, et ils sont parti en direction du portail
Vinci - J'aurais dû me douter que vous étiez des incapables
Lloyd - Sauf votre respect, ma section est d'un immense professionnalisme et dotée d'excellentes capacités d'attaques
Vinci - Piteuse espèce que les humains, je devrais m'en occuper moi même !
Lloyd - Si je puis me permettre
Vinci - Ne dites rien ! Vous avez déjà mal agi une fois, donc estimez-vous heureux d'être toujours en vie, vous et vos hommes." Vinci rameuta ses troupes et ordonna la poursuite de la marche vers l'est, vers le portail...

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