TRANSFUGE
Ils arrivèrent enfin vers la sortie, la vraie, celle que tout le monde utilise habituellement. Pas ce répugnant conduit d'évacuation dans lequel Billy et Tchad s'était faufilés la première fois. L'endroit donné l'impression d'avoir été saccagé, des casiers étaient renversés, des classeurs et des feuilles étaient éparpillés un peu partout sur le sol, des morceaux de verre jonchaient également le sol. Il faisait nuit dehors, l'ambiance sinistre qui régnait donnait la chair de poule à Tchad. Seule la lune éclairait les plaines. Les plaines d’Arizona.
Billy, contemplait le magnifique ballet des étoiles qui illuminaient le ciel et lui faisait ressentir cette étrange sensation de plénitude et d'apaisement. La sensation que l'on a quand on revient chez nous après un long périple. Tchad vint rompre le silence qui régnait :
"Tchad - On fait comment pour les autres ?
Billy - On va le laisser ici, et on va aller les chercher
Tchad - Le laisser ici ? Tu es sûr de cette idée ?
Billy - Qu'est-ce que tu veux qui lui arrive, il fait nuit et il n’y a personne ici
Tchad - Ça ne me paraît pas être l'idée du siècle, mais bon, je te suis !
Billy - C'est parti on y retourne." Et ils repartirent au portail, auprès de Sakharov, Curie et Faraday.
Ils répétèrent l'opération trois fois et terminèrent en se laissant tomber à côté d'eux. Tchad passa sa main sur son front, Billy lui dit :
"Billy- On y est !
Tchad - On a réussi !
Billy - Dieu seul sait ce qui nous attend maintenant
Tchad - On a déjà passer cette épreuve, on est capable de tout maintenant
Billy - Je repense à quelque chose
Tchad - Quoi donc ?
Billy - Quand nous étions encore au campement, Edison a parlé de détruire le portail
Tchad - Et alors ?
Billy - On l'a pas fait, tu crois qu'on devrait ?
Tchad - Si le détruire peut nous sauver et la planète aussi, je pense que oui
Billy - J'ai une seule appréhension
Tchad - Laquelle ?
Billy - Edison ne m'a pas dit si le détruire ferait exploser le bâtiment qui est construit autour
Tchad - Effectivement, nous sommes face à une fâcheuse décision
Billy - Selon toi, on doit faire quoi ?
Tchad - D'un côté, détruire ce portail et empêcher une armée d'extraterrestre assoiffée de sang d'envahir la Terre et d'asservir la race humaine, ou alors, ne rien faire et devenir les esclave d’une société fachiste décadente, honnêtement, le choix est vite fait
Billy - Et si tout explose ?
Tchad - Dans ce cas nous mourrons en héros
Billy - Il vaut mieux ne rien faire et peut-être attendre d'autres instructions de la part d'Edison
Tchad - L'autre question c'est : comment on va rentrer, sachant qu'on a quatre extraterrestres de presque deux mètres à cacher
Billy - La vraie question c'est où on va les cacher
Tchad - Y'a une grange derrière chez toi
Billy - Tchad ! On en a déjà parlé, c'est non !
Tchad - Roh...
Billy - Ton sac !
Tchad - Ils ne rentreront jamais dedans réfléchis deux minutes
Billy - Mais non andouille ! On doit récupérer ton sac, maintenant que le bâtiment est vide, on doit retrouver ton sac
Tchad - J'avais compris c'était juste pour te faire une blague." Dit Tchad en fronçant ses sourcils en signe de moquerie. Ils partirent alors à la recherche du sac, abandonnant leurs amis dans le hall du laboratoire. Ils descendirent les escaliers et retournèrent dans la salle où Tchad l'avait laissé.
Pas la moindre trace du sac. Ils enquêtèrent alors dans les salles avoisinantes. Première salle, rien. Dans la deuxième salle, rien, seulement quelques tubes à essai renversés et des centaines de feuilles qui jonchaient le sol. Tout à coup, ils entendirent un bruit, cela provenait d’une salle un peu plus loin. Ils se regardèrent, inquiets. Ils rejoignirent la salle d’où le bruit provenait.
"Tchad – J’ouvre doucement la porte
Billy - Si quelqu'un ou plutôt quelque chose surgit, je lui lance mon sac dessus et j'essaye de l'assommer
Tchad - Reçu cinq sur cinq." Tchad saisit alors délicatement la poignée et l'abaissa doucement.
Il recula et poussa la porte d'un coup. Une masse était là, tapie dans l'ombre, Billy n'hésita pas et déclencha un jet de sac à dos, qui vint percuta la masse en question. Cette dernière s'écroula sur le sol. Ils entendirent alors des grognements. Pas de lumière, pas de lampe torche Billy, ne savait pas du tout ce qui se tenait là, à seulement quelques mètres de lui. La peur commençait à s'installer en lui.
Cette peur grandissait, elle l'avait même totalement pétrifié, il était fixé là, ne pouvant pas bouger, à la merci de ce qui se trouvait dans la pénombre. Tchad était derrière lui, il avait à peine osé mettre un pied dans la salle et cherchais désespérément à savoir ce qu'était cette masse sombre, en regardant au-dessus de l'épaule de son ami. Une lumière s'alluma, une petite lampe de bureau. Nos deux amis eurent la même réaction :
"Billy et Tchad - Monsieur Kulzerwski !" Dirent-ils simultanément. L'homme qui se trouvait face à eux n'était autre que le père de Stanley, l'un de leurs meilleurs amis. Il répondit alors :
"Monsieur Kulzerwski - Billy ? Tchad ? Qu'est-ce que vous faites ici ?
Tchad - C'est à vous qu'on devrait poser cette question !" Dit Tchad surpris de cette rencontre des plus improbables. Billy reprit :
"Billy - Monsieur, que faites-vous ici ?
Monsieur Kulzerwski - Billy, je travaille comme qui dirait ici
Billy - Vous travaillez pour ces tarés ?
Monsieur Kulzerwski - J'ai été embauché récemment pour m'occuper d'observation scientifique
Billy - Quelle genre d'observation, et pourquoi ils vous ont embauché ?
Monsieur Kulzerwski - C'est secret défense je ne peux pas parler de ça !
Tchad - Vous étiez professeur de biologie au lycée et vous vous retrouvez à travailler dans ce laboratoire, c'est très...impressionnant
Billy - Monsieur, vous devez nous dire ce que vous savez, la vie de millions de gens est en jeu
Monsieur Kulzerwski - D'accord, d'accord, mais vous aussi, dites-moi ce que vous savez
Billy - Nous vous dirons tout ce que nous avons vu
Monsieur Kulzerwski - Vu ? Vous...vous y êtes aller ?
Billy - Oui
Monsieur Kulzerwski - La vie de millions de gens vous dites…Seigneur
Tchad - Quoi ?
Monsieur Kulzerwski - C'est pire que ce que je craignais...
Billy - Que se passe-t-il ?
Monsieur Kulzerwski - Vous avez été en contact avec le mucus ? Vous en avez touché, respiré, ingurgité peut-être
Billy - Wow, wow, wow, deux secondes, de quoi vous parlez ?
Monsieur Kulzerwski - J'étudie des échantillons d'une substance inconnue, une sorte de mucus avec des propriétés étonnantes et absolument dangereuses
Billy - À quoi ressemble ce mucus ?
Monsieur Kulzerwski - C'est une épaisse substance noire
Tchad - Une substance noire !
Monsieur Kulzerwski - Exactement, une substance noire extrêmement toxique et dangereuse !
Tchad - La même substance que dans la salle du portail ?
Monsieur Kulzerwski - Quoi ? Vous en avez vu, vous en avez respiré, touché, quoi que ce soit ?
Billy - Non ! Non ! Et encore non !
Tchad - La substance s'écoule du plafond, là-bas, dans la salle du portail
Monsieur Kulzerwski - C'est extrêmement grave…
Billy - À quel niveau de gravité
Monsieur Kulzerwski - La substance a de très étranges propriétés thermiques
Billy - De quel genre ? Dites-nous tout, ce n’est pas le moment des énigmes et des devinettes
Monsieur Kulzerwski - Cette substance refroidit considérablement l'air ambiant, mais à contrario cette vague de froid fait entrer les objets et les matières en état de fusion
Billy - Vous vous voulez dire que le froid fait fondre les objets
Monsieur Kulzerwski - Exactement
Tchad - Billy, tu te souviens, l'ordinateur, les casiers, tout avait commencé à fondre
Billy – Que se passerait-il si ce mucus venait à se rependre ?
Monsieur Kulzerwski – Il modifierait considérablement les propriétés de l’atmosphère et dérèglerait complètement les événements météorologiques
Billy – Et ensuite ?
Monsieur Kulzerwski – Il pourrait y avoir une nouvelle ère glaciaire
Tchad – Une ère glaciaire ? En plein milieu de l’Arizona, mais vous rigolez ?
Monsieur Kulzerwski – C’est tout à fait sérieux…
Billy – Seigneur…
Monsieur Kulzerwski - Ce n'est pas tout, dernièrement j'ai entendu dire que le portail était très instable, il est donc possible que les deux mondes s'interpénètrent
Billy - Que voulez-vous dire ?
Monsieur Kulzerwski - Le climat d'un monde rentre dans celui de l'autre, si j'en crois ça, se froid glacial provient de cette planète lointaine
Billy - Mais c'est impossible !
Monsieur Kulzerwski – Si, c’est certain
Billy – Monsieur, sauf votre respect, il n'y avait pas la moindre trace de glace ou de neige, rien qui pourrait laisser supposer que le froid s'engouffre à travers le portail
Monsieur Kulzerwski - Vous en êtes sûr et certains ?
Billy – De l’autre côté on se serait cru chez nous. Ça ressemblait plus aux plaines que l'on peut trouver ici, mais il n’y avait pas trop de cactus
Monsieur Kulzerwski - Je vous demande pardon ?
Billy - Je disais simplement que les cactus étaient rares là-bas
Monsieur Kulzerwski - Non ! Avant ça ! Qu'est-ce que tu as dit !
Billy - À propos des paysages là-bas ?
Monsieur Kulzerwski - Parles-moi en
Billy - Je vous l'ai dit, ça ressemblait fortement à nos plaines, c'était quasi désertique et très sec
Monsieur Kulzerwski - Je crains le pire !
Tchad - Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Monsieur Kulzerwski - Disons que normalement il est quasiment impossible que les paysages terrestres soient calqués à l'identique là-bas !
Billy - Impossible ?
Tchad - Ça veut dire : qu'on ne ce n'est pas possible." Susurra Tchad tout en expulsant un rire absurde. Billy hocha la tête de gauche à droite tout en levant les yeux au ciel en signe de résignation.
"Billy - Monsieur, je pense que nous avons un problème...
Monsieur Kulzerwski - Quel problème ?
Billy - Là-bas, nous avons libéré cinq spécimens extraterrestres qui étaient prisonniers dans des caissons de verre
Monsieur Kulzerwski - Attendez...Vous avez fait quoi ?
Billy - Et ensuite, nous les avons amenés ici
Monsieur Kulzerwski - Vous êtes en train de me dire que cinq spécimens extraterrestres, sont ici ?
Billy - Seulement quatre, l'un d'entre eux a été tué…
Tchad - Ils sont dans le hall du bâtiment pour être exact
Monsieur Kulzerwski - Vous ne seriez pas totalement tombés sur la tête par hasard ?
Billy - Monsieur, comprenez bien que ce sont désormais nos amis et de potentiels alliés
Monsieur Kulzerwski - De potentiels alliés ?
Billy - Une guerre se prépare monsieur...
Monsieur Kulzerwski - Seigneur, ayez pitié de nous
Billy - Un problème persiste, nous ne savons pas où nous pourrions les cacher
Monsieur Kulzerwski - On croirait rêver, vous voulez les cacher...
Billy - Pas le temps de rigoler monsieur, une armée est en route et Lloyd s'est rallié à eux
Monsieur Kulzerwski - Lloyd ? Vous voulez dire Tobias Lloyd, le général ?
Billy - Certainement lui, je n'ai vu que son nom
Monsieur Kulzerwski - Il faut partir, je connais sûrement un endroit où nous pourrions aller..." Ils quittèrent le bâtiment avec le 4x4 du professeur Kulzerwski, leurs quatre amis étaient derrière. Ils avaient pu un peu boire et un peu à manger, ce qu'il restait au laboratoire. Le portail quant à lui continuait de dégouliner de substance noire...
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