- HORACE -

6 minutes de lecture

Billy, Tchad et Otis retournèrent au pickup. Le professeur demanda :

Monsieur Kulzerwski - Je vous dépose ?
Billy - Si ça ne vous dérange pas.
Monsieur Kulzerwski - Allez, montez ! invita-t-il tout en esquissant un large sourire en direction de Billy. Ils traversèrent à nouveau la ville en longueur avant d'arriver au ranch des Davis. Ils descendirent et prirent leurs vélos qui étaient posés à l'arrière. Billy et Tchad saluèrent Otis avant de se presser vers la maison. Mais alors qu'ils avaient à peine le dos tourné, le pas déterminé à rentrer, et se coucher, le professeur dit :

Monsieur Kulzerwski - J'ai pensé à quelque chose !
Billy et Tchad - On vous écoute ! se réjouirent Tchad et Billy simultanément
Monsieur Kulzerwski - Je sais que beaucoup de choses ont changées depuis tout ce temps, mais Stanley ne me parle que de vous, vous lui manquez je crois.

Billy eut un léger temps d'hésitation, le temps semblait s'être dilaté un court instant avant qu'il ne se décide à répondre :

Billy - Oui, lui aussi il nous manque...
Monsieur Kulzerwski - Vous n'avez qu'à passer à la maison demain, je suis sûr que ça lui fera le plus grand plaisir !

Tchad - Alors à demain !
Monsieur Kulzerwski - D'accord, à demain vous deux !
Billy - Bonne nuit monsieur…, ajouta Billy alors que le pickup avait déjà repris la route.

Ils firent le tour de la maison. Comme d'habitude, ils grimpèrent sur le cabanon qui jouxtait la maison afin d'atteindre la fenêtre en hauteur. Elle était fermée. Ils furent alors obligés de passer par la porte d'entrée. Il fallait d'abord espérer qu'elle soit ouverte, mais aussi qu'Horace ne les attendait pas, assis dans son fauteuil, fixant la porte d'entrée et guettant le moindre individu qui pourrait rentrer.

Billy s'approcha de la porte d'entrée, abaissa la poignée ; par chance, la porte était ouverte. Ils s'engouffrèrent alors dans l'obscurité du vestibule. Désormais, ils devaient atteindre les escaliers. Le parquet grinçait sous leurs pieds. Ils étaient à mi-chemin quand la lumière du salon s'alluma.

Horace était bien là, comme un seigneur, assis dans son fauteuil en cuir, son verre de whisky posé sur le guéridon juste à côté de lui. Son expression faciale en disait long, il avait les sourcils grossièrement froncés, le regard lointain et méprisant, la mâchoire serrée et la bouche fermée. Billy et son ami étaient totalement déboussolés, plantés là, au milieu de la pièce. Le regard acerbe d'Horace les transperçait.

Calmement, Horace demanda à Billy de s'approcher et lui dit :

Horace - Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Billy - Rien, pourquoi ?
Horace - Pourquoi tu es sale comme ça ?
Billy - J’étais dehors.
Horace - Primo, il me semble que je t'ai dit de rentrer avant 23h. Secundo, pourquoi tu es tout sale ?

Horace haussa brusquement le ton. Billy était traversé par la voix rauque et lourde de son grand-père. Il répondit d'une petite voix :

"Billy - Je ne sais pas...
Horace - Tu oses me dire que tu ne sais pas... ?
Billy - Vraiment, je l'ignore...
Horace - Je n’ai pas fini, tertio, qu'est-ce qu'il fait là lui ? s'adressant à Billy mais sans un regard pour son ami, juste derrière. Horace se leva difficilement de son fauteuil, et se précipita sur Billy, le saisit violemment à l'épaule et le lança contre les escaliers. Billy était terrifié, son grand-père était sous l'emprise de l'alcool et commençait à devenir dangereux. Il ordonna à son ami : "Tchad ! Tire-toi !", son ami l'écouta, prit ses jambes à son cou et sorti et de la maison.

Billy de son côté devait échapper à son grand-père qui lui barrait la route. Il monta alors les escaliers en quatrième vitesse et courut se réfugier dans sa chambre. Il ferma la porte à clef et barricada l'entrée avec sa commode. On entendait le pas lourd de son grand-père qui venait écraser une après l'autre les pauvres marches de l'escalier.

Il était maintenant derrière la porte, il grognait, il marmonnait, Billy était totalement terrorisé. Horace se mit alors à tambouriner à la porte, il tenta de l'enfoncer plusieurs fois, sans succès. On l'entendit redescendre les escaliers, d'un pas décidé. Billy soupira profondément.

Ce réconfort fut de courte durée, car on discerna à nouveau le pas brusque et dur d’Horace qui remontait les marches. Il était essoufflé, comme le prouvaient ses profondes inspirations, suivies de difficiles expirations, saccadées, de l’autre côté de la porte. Il se mit à détruire la porte à la hache. Il frappa une fois, deux fois, et ainsi de suite, la porte ne tiendrait plus longtemps. Billy hésita, mais finalement recula. Son grand-père venait d’achever la porte. Il arracha les derniers morceaux de bois qu’il restait, avant de renverser la commode d’un seul coup de pied. Billy recula encore jusqu’à la fenêtre.

Horace entra dans la chambre, le menaçant de sa hache. Il n'était plus qu'à quelques mètres de Billy. Ce dernier croyait son sort scellé. C'était sans compter sur l'arrivée de Tchad, qui fracassa le crâne d'Horace avec une batte de baseball. Le vieil homme tomba au sol, en relâchant sa hache. Billy était recroquevillé, la tête enfouie dans ses bras. Tchad debout devant lui brandissait sa batte au-dessus sa tête en signe de victoire.

Il s'avança vers son ami et lui tendit sa main pour l'aider à se relever. Ce dernier lui dit :

Billy - Merci...
Tchad - C'est un coriace ton grand-père ! affirma Tchad tout en s’esclaffant.
Billy - Vite ! On s'en va, avant qu'il ne se réveille…
Tchad - Prends ce dont tu as besoin, on va chez moi.
Billy - D'accord.
Tchad - Il faut dire ça à mes parents !
Billy - Non ! Surtout ne dis rien...
Tchad - Mais Billy ! Il a failli te tuer...
Billy - Je sais, je sais qu’il est dangereux, alcoolique et complètement fou, mais c'est la seule famille qu'il me reste..., objecta Billy, attristé et désemparé.
Tchad - D'ailleurs, j'ai pensé à quelque chose…
Billy - Quoi ?
Tchad - Je me suis dit qu'on pourrait peut-être recontacter Stan et Olie…
Billy - Eux ?
Tchad - Billy...Je sais qu'ils te manquent au fond.
Billy - Tchad, après tout ce qu'il s'est passé ?
Tchad - Je sais que c'est pas évident, mais à quatre, on serait plus fort et ça nous aiderait peut-être à ressouder les liens.
Billy - C'est une situation délicate...
Tchad - Je sais bien que ça demande une véritable réflexion et même peut-être un effort de notre part, surtout pour toi, mais imagine, comme au bon vieux temps…
Billy - J'ai bien peur qu'on ne retrouve jamais cette complicité.
Tchad - Sois pas si négatif, ça reste nos amis.
Billy - Nos amis ? Ils nous ont presque abandonnés...
Tchad – Abandonnés ? T'y vas un peu fort, je pense qu'ils n'avaient pas vraiment le choix.
Billy - Et bien l'essentiel ça aurait été de nous tenir au courant et de garder contact.
Tchad - Tu penses qu'ils ont toujours les talkies-walkies ?
Billy - Tu veux les appeler ?
Tchad - On pourrait essayer, non ?
Billy - Comme tu veux, tu connais mon avis là-dessus...
Tchad - Je vais essayer, d'accord ?
Billy - ..." Billy ne répondit pas en signe de désapprobation. Tchad sortit un talkie-walkie et changea le canal de communication jusqu'à arriver sur celui de Stan :

Tchad - Stan, ici Tchad, est-ce que tu nous reçois ?
Stan - ...
Tchad - Stan, ici Tchad, est-ce que tu nous reçois ?
Stan - ...
Tchad - Stan, ici Tch...
Billy - Tu ne vois pas qu'il n'est pas là, arrête d'essayer, ils nous ont oubliés..., intervint Billy.

Tchad ressaya :

Tchad - Stan, ici Tchad, tu nous reçois ?
Stan - …, toujours pas de réponse, Tchad se résigna et reposa le talkie-walkie sur la table de chevet. Billy prépara quelques affaires. Ils quittèrent la maison vers 00h00. Ils enfourchèrent leurs vélos et se dirigèrent vers le domicile des Clayton.

Ils déambulaient dans les rues calmes et silencieuses de la ville, respirant l'air pur et frais de cette nuit d'été. Il n'y avait qu'eux dans les rues, sur les boulevards, le monde semblait les avoir oubliés. La lune pour seule compagnie, ils continuaient leur route à travers Phoenix.

00h43, ils arrivèrent enfin chez Tchad. Ils posèrent leurs vélos dans l'allée de garage. Ils firent alors le tour de la maison. Tchad se saisit d'un tournevis et souleva le cadre de la fenêtre pour atteindre le loquet. Il le rabattit et put enfin ouvrir la fenêtre. Ils se glissèrent à l'intérieur de la maison avec flegme et maîtrise. Tchad referma délicatement la fenêtre. Ils déposèrent leurs affaires sur le sol, se couchèrent et s'endormirent directement, épuisés par cette terrible aventure.

Dans un profond sommeil, ils étaient sûrement dans un monde utopique et grandiose, ignorant que dans peu de temps, un cauchemar déchaîné allait venir faire s'écrouler le magnifique dôme de verre de leurs rêves...

Annotations

Vous aimez lire Thomas BECKER ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0