Le jour arriva sans qu’elle le décide. C’était un jour gris, suspendu. Il pleuvait un peu, juste assez pour que les rues sentent l’asphalte mouillé et les souvenirs.

Marie-Louise l’attendit à la sortie du lycée. Elle tenait son sac comme un bouclier. Côme sortit, seul, ses écouteurs dans les oreilles. Il la vit. Il sourit, surpris.

— Marie-Louise ? Ça va ?

Elle prit une grande inspiration. Elle aurait voulu que ses mots soient poétiques, mesurés, puissants. Mais ils sortirent bruts, désordonnés.

— Je… je voulais juste te dire quelque chose. Je peux pas le garder plus longtemps.

Il enleva ses écouteurs. Elle fixa ses yeux, clairs, honnêtes, absents de tout mal.

— Je t’aime. Depuis longtemps. Je crois que je t’aime vraiment, Côme.

Silence. Long. Pesant. Il cligna des yeux. Il recula d’un pas, presque imperceptible.

— Oh… Marie-Louise. Je savais pas que… Je suis désolé. Vraiment. Je t’aime bien, tu es géniale, sincèrement… mais pas comme ça.

Elle hocha la tête. Elle ne pleura pas. Elle sourit même.

— Je sais. Je voulais juste… que tu le saches.

Elle rentra chez elle en marchant lentement sous la pluie. Chaque goutte sur son visage masquait les larmes qu’elle n’arrivait pas à pleurer. Elle sentit son cœur battre d’un rythme étrange, comme si quelque chose venait de se détacher à l’intérieur.

Elle rentra, monta dans sa chambre, s’allongea sur le lit.

Et dans son journal, elle écrivit seulement une phrase :

"C’est fait. Et maintenant, il ne me restera plus rien à espérer."