L’amour qui n’a pas d’adresse
— Hōru Arekusandà
Il y a des douleurs
qui ne crient plus.
Des silences polis
qui reviennent
sans prévenir,
quand la vie fait trop de bruit.
Ce n’est pas du chagrin.
Ni du manque pur.
C’est autre chose.
Un vertige précis,
juste au coin d’un souvenir.
Un rire qui ressemble au sien.
Un regard qui aurait pu.
Une fête où il aurait dû être là.
Et soudain,
la brèche.
Ce n’est pas un deuil —
car le deuil,
je l’ai déjà porté.
Mais une trace qui insiste.
Un reflet qui revient
quand je pensais
avoir traversé.
Je vis, oui.
J’aime. Je ris. Je crée.
Mais parfois,
je trébuche
sur une absence ancienne,
comme si elle avait laissé
un double fond à mes jours.
Je ne cherche plus à guérir.
Ni à comprendre.
J’accueille —
comme on accueille la pluie
sans parapluie.
Ce n’est plus une plaie.
C’est une pièce vide
au fond de moi.
Un lieu sans murs,
sans adresse,
mais que l’amour visite encore.
Un amour
qui continue
même quand plus personne
ne répond.
Un amour
sans lieu,
sans voix,
mais debout.
Toujours là.
L’amour qui n’a pas d’adresse.
© Tous droits réservés – Hōru Arekusandà
Hypoxie Sentimentale, 2025
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