Encre de sève
Hōru Arekusandà
Infusion.
Ma différence en écorce,
quelques racines d'âme
à peine pesées.
Des pétales de cœur,
les miens,
parsemés par milliers
dans une mare d’alcool.
Macérés.
Concentrés.
Totalement démesurés.
Une décoction. À leur faire avaler.
Qu’ils sentent mes mots,
mes émotions —
les maux qui s'enracinent.
Aucun demi-ton.
Aucune demi-mesure.
Germer sous leur peau.
Hurler, une note falsetto.
Éveiller en eux
les nœuds de la diférence.
Dénouer.
Plus jamais de staccato.
Qu’ils s’abreuvent
de mes eaux.
Qu’en eux,
ils portent mes os.
À l’oreille —
une mélodie.
Legato.
Basse, baryton, ténor.
Vibrato.
À la manière a cappella,
sans artifice,
sans filtre.
Ma plume,
un pot d’encre —
de sève.
Transfusée,
directement
dans leur sang.
Un la qui bourgeonne dans les alvéoles,
dans vos lymphes,
un sol aigu qui tremble,
pulsion —
vibrato planté là,
fleurit dans la gorge,
et s’y déverse
en sépale d’identité.
Qui s’élève, s’entrelace,
se hisse jusqu’au fa dièse du cœur —
et ne retombe plus.
J’y pousse —
orchidée dissonante,
voix-lyre enracinée
dans le larynx du monde.
Mauvaise herbe,
l’intolérance —
en floraison.
S’ouvre, malgré elle,
sur des accords.
Chaque fleur,
diférente —
mérite de s’ouvrir,
de connaître l’harmonie.
Une vie
en consonance
avec elle-même.
© Tous droits réservés — Hōru Arekusandà
Annotations