I
Je n’avais jamais embrassé ma mère.
La raison en est simple : je ne l’ai pas connue.
Du moins je ne me souviens pas d’elle, car pour ce que j’en sais,
elle m’a gardé quelques jours avant de m’abandonner.
Est-il possible de se souvenir de ses tout premiers jours ?
Quand je dit « je ne l’ai pas connue » ce n’est pas tout à fait exact
car je l’ai rencontrée au printemps dernier.
Avant cette date j’ignorais jusqu’à son existence.
Ce qui m’a été raconté est que, profitant de l’assouplissement des
réglementations Européennes en matière de filiation, ma mère a
entamé des recherches afin de me retrouver.
Cette recherche a commencée il y a deux ans et de façon
concomitante c’est à cette époque que les premiers signes de sa
maladie sont apparus.
Comme si la démarche d’aller réveiller le passé pouvait
contribuer à le faire disparaître.
Et le faire apparaître pour moi.
J’ai appris tous ces détails par la suite, de ma tante Lucie, la
sœur aînée de ma mère. Lucie était sa confidente et sa meilleure
amie. Elle devint par la suite la mienne.
Ma mère, Irène, m’a abandonné peu après ma
naissance pour des raisons qui s’apparente à la fidélité familiale.
Elle était marié au conte Odon de St Amand et par extension à
tout la lignée de ses ancêtres.
Elle avait réussi à dissimuler sa grossesse et a accoucher près du
site archéologique sur lequel elle travaillait en écosse.
Irène et son amant, mon père, étaient sur le site depuis trois
mois et préparaient ma venue avec le bon docteur Pierre, ami de
longue date de ma mère et qui deviendra par la suite comme un
grand-père pour moi, me racontant tout de sa jeunesse et
répondant patiemment à toutes mes questions.
Le dernier à avoir vu mon père aussi.
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