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Je me défais, mais je ne meurs pas.
L’automne me prend, il ne me tue pas.
Il me parle en frissons, en silences dorés,
En souffles de vent que je laisse entrer.

Mes feuilles s’en vont — je ne retiens rien.
Chacune emporte un éclat du matin.
Un souvenir vert, un frisson d’été,
Des mots d’oiseaux que j’ai tus, par fierté.

Je les regarde tomber sans colère,
Je les bénis avant qu’elles touchent la terre.
Elles dansent encore, les braves, les fières,
Puis s’endorment au pied de ma lumière.

J’entends les hommes dire que je décline,
Que je me tords sous les pluies fines.
Mais je me tends, moi, vers le sommeil,
Je me prépare à l’autre merveille.

Car l’automne n’est pas la fin, non, jamais.
C’est un soupir, un souffle, un secret.
C’est le moment où tout se dépouille,
Où le cœur bat sous l’écorce qui rouille.

Je suis vieux peut-être, mais je sens encore
Les racines vibrer, profondes et fortes.
Je sens la sève qui ralentit sa course
Mais garde en elle la promesse des sources.

Je n’ai pas peur des cieux en fuite,
Des nuits plus longues, des aubes plus timides.
Je suis un arbre, je sais attendre.
J’ai vu l’hiver, je l’ai laissé me fendre.

Et puis revient la chaleur timide,
Le bourgeon nu, fragile, candide.
Mais pour l’heure, je m’incline, je ploie,
Je me défais, mais je garde la foi.