Une maman pour Noël

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AU TRAVAIL... EN MODE ACTRICE !!!

L’infinie blancheur de Noël m'irritait les nerfs, je demandais à ce qu’on me donne dix plaids. Le ras-le-bol de cette grande chaîne n’avait fait qu’attiser les cœurs, pour les connecter à d’autres acteurs tout aussi beaux l’un que l’autre. Mais maintenant, alors que je sirotais un chocolat chaud, assise dans la scène qui projetait un grand rond sur moi, tout ce bling bling médiatique me donna de l’urticaire.

Me voilà à présent, dans ce grand van-limousine.

Ce qui n’arriverait pas dans ma vie future serait justement de fonder une famille et de me marier.

Les « happy end » sont dignes d’un film de mauvais goût pétillant de champagne. Non seulement, il faut se farcir la dinde desséchée, et en plus, le maestro de Noël est juste bon à faire siffler les oreilles. Et puis, personne ne le dit, mais rester une ou deux pour regarder les fameux téléfilms donne la nausée au public de l’autre côté de l’écran !

Bref, P-N est tout juste un prétexte pour faire rêver des gamins.

AU CHATEAU... DE MON DOMAINE NORTH POLE

Le ciel brumeux n’annonce rien de bon, à part une tempête à venir dans les prochaines heures.

Les bougies des lustres brillent dans la pénombre et les font chavirer comme trente-six chandelles. Soudain, tout s’éteint !

La nappe blanche est soulevée comme le fantôme de la Dame Blanche. Poussière accumulée dans les recoins du palace, les couverts tintent et se cognent dans un bruit d’argenterie, laissant le public coi.

Parfaitement, tout s’orchestre pour laisser une petite place à l’amour de ma vie : mon château des rêves de moi gamine.

Je fredonne « All I want for Christmas is you » de Mariah Carey.

— Avez-vous besoin de quelque chose d’autre que moi, bébé ? ricané-je, les yeux humides de respect pour Mrs Snowman, mon persan, qui se cache près du feu de cheminée, sur mes genoux, moi-même sur une chaise à basculer.

Il ferme complètement ses yeux, en ronronnant, et je flatte son encolure, en jetant un coup d’œil émerveillé sur son gros ventre, qui abrite sûrement des habitants.

Il m’est de plus en plus lourd de le soulever, le porter, l'asseoir, mais c’est bien la seule lueur dans ma vie à sourire comme Mona Lisa. Sa vie présente est tellement simple : il mange et dort et cherche un peu d’affection. Son futur va s’avérer un peu compliqué : une portée et beaucoup d’amour à donner.

Mais les animaux ont un instinct naturel qui les pousse à donner leur temps à leur maitre.sse et leurs petits.

Je dois peut-être me réincarner et devenir un de ses chatons et tout serait plus simple. Je soupire, Mrs Snowman bâille silencieusement et moi, bruyamment.

— C’est l’heure d’aller se coucher, ma belle créature d’ourse polaire. Les gens comme toi sont probablement dotés d’un instinct de survie et menacées de voie d’extinction.

Mais ne t’en fais pas… Maman Ourse va survivre sur un iceberg solitaire, certes, mais ce ne sera pas le Pôle Nord.

Après avoir déposé mon chat sur son coussin, il fait une envolée de crottés dans son bac à litière, situé juste à côté. Ah le bac… lui au moins, il a une assurance, mais enfin, qui vivra verra.

Je soupire, me lève pour nettoyer son bac, jette un coup d’œil à sa gamelle, pas loin non plus. Cette mi-baleine mi-phoque est un peu maladroite, mais simple d’esprit.

J’éteins les flammes de la cheminée. Ici, dans ce château sombre et froid, je me sens presque solitaire, mais c’est ça qui est plaisant.

Je zappe sur la télé : rien d’intéressant. À part, la pub pour croquettes pour les chats.

Vraiment, ce que j’aime en hiver, c’est l’idée d’être en tête en tête avec un film de Noël. Je sais que ça peut paraître bête, mais qui sait, si mon acteur préféré apparaît sur Netflix, je déclencherai des hourras en l’applaudissant !

Enfin… peut-être que quand je serai actrice, je changerai d’avis.

Le salon est peu décoré. Pas de chaussettes au-dessus de la cheminée pour les enfants. Pas de calendrier de l’avent sur lequel on garde les chocolats.

Bref, rien de festif à première vue.

Le seul sapin que je consens à regarder est celui dans le parc qui entoure la propriété de North Pole.

Je l’ai héritée de mes parents, après qu’ils ont décédés dans un accident de voiture… le jour de Noël. Oui, pas très joyeux.

Ça explique en partie ma haine pour ce jour si joyeux et cette habitude de me moquer des personnages dans mes séries, un tel et une telle actrice, à l’oreille soyeuse de mon chat.

Je quitte le décor sobre du salon pour monter à l’étage de la tourelle qui abrite ma chambre. Une volée de marches après — plus de dix au moins — j’ouvre ma porte et me jette sur mon lit.

Pourquoi - vous devez vous demander – je dors dans cette mansarde, un coin sur lequel les pigeons ont l’habitude de souiller la toiture couleur de neige-caca-d'oie ?

De cet endroit, je peux observer et commander comme quand j’étais gamine. Mes parents sont mes souvenirs de ma vie d’avant et je ne veux pas y penser mais… la nostalgie est plus présente depuis que Mrs ? Mr ? Snowman n’accède plus à cet étage.

Ma déco de ma chambre est aussi sobre : deux cadres de photos en noir et blanc de mes parents un peu façon vieillot.

Peu m’importe, cet endroit ne peut pas être atteint par mon chat.

Avant tout, il m’importe de ne pas la laisser monter si haut dans son état inhabituel.

Ça fait deux mois. Une longue attente…

Oui, alors, vous allez dire que j’aurai dû la faire stériliser.

Mais les choses sont devenues hors de contrôle quand un gros mâle qui vit probablement dans les environs a remporté le prix du compagnon de Mrs Snowman. Je ne veux absolument pas savoir qui est son proprio, mais c’est décidé, si je veux en savoir plus sur lui, il faut que je le suive à la trace.

Je ne sais pas si Mrs Snowman était prête à devenir mère.

Je suis un peu Miss Grinch… version humaine.

À part les cadres, mon plancher est un peu pourri. Je ferai peut-être bien d’appeler un bricoleur.

C’est normal que je voie une marche de l’escalier ?

Mon lit remplit presque toute la pièce… non, en fait, je dors par terre sur un matelas pourri… aussi, ben dis donc.

Vous comprenez maintenant, ce n'est pas la joie, hein ?

Les murs nus de ma tourelle montrent une vie démunie et misérable. Je m’affale sur mon matelas et m’assoupi en écoutant le bruit du vent qui siffle et fait grincer le château anti-conte de fée.

Je sursaute en m’étirant : j’ai entendu un bruit suspicieux et anormal.

L’air est si froid qu’il me fait un peu tourner la tête et engourdit mes mains, malgré mes dix plaids empilés sur mon futon. J’ouvre la fenêtre en hésitant.

La musique horripilante me saisit tout de suite et un « O » se forme sur ma bouche.

- Ho ho ho ! hue, un inconnu en rouge et blanc, en passant devant moi à dix mètres d’en bas, juché sur un traineau dirigé par une mule indocile.

Mais… qu’est-ce que… un inconnu dans mon parc ?

- Hé ! je hurle. Arrêtez-vous immédiatement, hors de mon domaine, ou j’appelle les flics !

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