Prologue 

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Pour les enfants des temps nouveaux, restera-t-il un chant d'oiseau ? - Jean Ferrat

Janvier 2040

Le soleil, le reverrais-je seulement. Les jours passent, ne se ressemblent pas pour autant, mais j'évolue dans un flou. À mon âge, j'ai déjà connu le soleil, la vraie sensation de chaleur sous ma peau, les brûlures qu'il m'infligeait et que je redoutais tant. Ces brûlures me manquent désormais. Le vent glacial qui soufflait dans mes oreilles et me faisait souffrir d'énormes otites me manque tout autant. Il n'y a pas un jour où je ne rêverais pas de courir sous la pluie, la vraie, et sentir ses gouttelettes sur mes joues. L'odeur de la pluie sur l'asphalte avait quelque chose d'authentique. Ici, les copies de ces sensations peuvent duper les plus jeunes. Ceux qui n'ont jamais vécu au-dehors. Mais ceux ayant passé la trentaine n'y prendront jamais aucun plaisir.

Les journées se résument à survivre, à attendre. Nous ne savons même pas exactement ce que nous attendons, car nous savons au fond de nous que nous mourrons ici. Nous nous concentrons sur l'essentiel : assurer la survie de nos enfants, assurer notre propre survie et surtout œuvrer pour qu'un jour la vie soit à nouveau normale. Nombreux sont ceux qui ont renoncé à se réfugier ici, préférant la mort à la survie. Nombreux sont ceux qui ne sont là que pour leurs enfants, car il leur était inimaginable de les voir périr là dehors. Et certains sont comme moi, essentielle à ce projet. Je n'ai pas eu le choix de rejoindre ce mouvement, ma conscience m'interdisait de laisser ces personnes à leur propre sort.

Cette situation est l'aboutissement du travail de ma vie. Je n'aurais jamais cru une seconde que l'on aurait besoin d'en arriver là pour assurer la survie de l'espèce humaine et d'autres espèces animales. Je l'avais commencé pour ne pas regretter de n'avoir rien fait. J'ai piloté chaque détail de cette installation, mon équipe a exploré chaque recoin de cet endroit pour en faire l'endroit propice à la survie. Quarante-deux mètres sous terre. Les études avaient prouvé que c'était l'endroit le mieux sauvegardé de la planète. Une réelle bulle d'air sous terre.

Une petite île de paradis qui regorgeait de ressources et qui avait été épargnée par l'Homme.

Le soleil m'avait toujours fasciné. L'exotisme des îles et sentir l'odeur de l'océan était des choses que l'on avait pris pour acquis. Il n'y avait pas un jour où je ne pensais à la surface ; à ce sable fin qui nous attendait quarante mètres au-dessus de nos têtes. Certaines personnes ont pris l'habitude ici de se réunir toutes les semaines pour imaginer comment la terre a bougé durant ce laps de temps. Les enfants n'ont que les photos à contempler et leurs dessins se font de plus en plus abstrait. La nouvelle génération n'a jamais mis les pieds dehors. Ce n'était pas ce qui était prévu. La dernière solution possible a été la seule solution possible.

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