04h12

4 minutes de lecture

Le regard de Michel fixe le portrait d’une femme aux longs cheveux de jais. Ce dernier est posé sur sa table de nuit, près du réveil qu’il arrête d’un geste. Sa chambre aussi est assez sobre et le matelas bien plus raide. Il sourit fièrement en plongeant son regard dans les iris ébènes d'Émilie.

{Bonjour maman ! J’espère que le festival des Quinze t’a plu ?}

Son murmure est mélancolique. Je ressens sa tristesse pendant qu'il fixe cette image peinte à l'huile. Je constate aussi que mon ERA a diminué d’un point.

« Merci d’avoir arrêté ton réveil ! »

La voix de Mizuki est douce et claire, ce qui fait sourire encore plus Michel.

« De rien, petite sœur ! »

Il garde ce visage souriant, presque rieur, pendant qu'il passe ses mains dans ses cheveux. Ses pensées commencent à altérer les miennes, tout comme le font celles de Mizuki.

(Bon ! Je vais éviter de trop traîner au lit, sinon autant rester couché.)

Sa chambre n'est pas très meublée ; cependant, l’étagère est remplie d’ouvrages variés. Soudain, il se lève, puis marche d’un pas assuré vers son bureau où il s'assoit avec calme avant de saisir la carte posée sur le livre.

{Pour Michel Ashura, de la part de Linda Mayer, félicitations pour ta majorité.}

Avec un large sourire, il range la carte dans le tiroir du bureau, puis s’assoit et ouvre le livre.

« Je parie que tu lis le livre que Linda t’a offert hier ? Tu as vu sa carte ? Elle a vraiment une belle écriture. Je suis un peu jalouse. »

La voix de Mizuki résonne de nouveau au travers de la cloison qui sépare leurs deux chambres.

« En effet ! D’ailleurs, Mizuki, tu devrais aussi lire pour t’instruire. »

« Tu sais bien que je n’aime pas la géographie ! »

« Connais-tu au moins le nom de notre pays ? »

« Évidemment ! Le nom est Élidia ! Je ne suis pas aussi instruite que toi, mais je ne suis pas bête. »

« C’est exact. Est-ce qu’un sujet t’intéresse particulièrement ? »

« La géographie est ennuyeuse, tu sais que je préfère l’exploration ! »

« Que dirais-tu si je te racontais ce que dit mon livre de notre village ? »

« D’accord, je t’écoute ! »

Michel tourne les pages, puis s’arrête sur celle qui parle de Hanakaze. Il lit rapidement le passage de tête et réfléchit quelques secondes.

« Entouré d’une forêt luxuriante où la faune et la flore s’épanouissent, se niche dans une superficie de cinq kilomètres carrés un village pittoresque nommé Hanakaze, où, en été, les arbres imposants offrent une ombre rafraîchissante lors des fortes chaleurs. À tout cela vient s’ajouter une longue rivière cristalline qui serpente à travers les terres fertiles, donnant des récoltes délicieuses, le tout sous le regard calme de la chaîne de montagnes d’Alpina, qui depuis le nord offre sa protection. »

Son élocution est claire et sa voix énergique.

« C’est très beau, mais est-ce que tu n’aurais pas un peu arrangé le texte ? »

La voix de Mizuki est joyeuse et dynamique.

« Les informations factuelles restent exactes. »

Comparée à Mizuki, la bougie de Michel reste éteinte sur le bureau, alors que les Firins éclairent la pièce depuis l'extérieur. La fenêtre close limite les bruits, mais le clapotis des Aquinas est audible depuis la vasque de sa commode. Il semble que je ne perçoive que les pensées clairement formulées, ce qui n'est pas un mal.

« J’aime ta façon de raconter, mais j’ai déjà exploré le village dans les moindres recoins ! »

« Et si on changeait de sujet ! Parle-moi de la tenue qu’Etsuko t’a confectionnée ? »

« Je ne l’ai pas encore essayée, mais j’aime beaucoup son style simple et sa couleur sombre. »

« Est-ce que tu t’es amusée au festival hier ? »

« C’était génial ! Surtout le numéro d’Alice et Chloé qui jouaient des rivales farouches ! »

Le rire de Mizuki fait sourire Michel, qui continue de lire tranquillement.

« Tom est venu me voir juste après pour me parler, mais il s’est mis à rire nerveusement. »

Michel bâille légèrement, puis se frotte les yeux sans se déconcentrer.

« C’est bizarre. Il n’est nerveux qu’avec toi, Mizuki ? »

« Je sais, Michel, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi. »

La voix de Mizuki indique une faible inquiétude dans l’intonation.

« Laisse-lui du temps, ça ira. »

(Il est peut-être amoureux de Mizuki ?)

« Tu as sûrement raison, mais hier j'ai quand même voulu lui demander pourquoi. Cependant, Mike est venu me défier en duel à ce moment précis. »

« Celui-là a le chic pour tomber au mauvais moment. »

« Papa lui a dit que ce n’était pas approprié et qu’il devrait patienter. Et toi, tu t’es amusé ? »

« Samuel m’a raconté une anecdote qui date d’il y a six mois. »

« Raconte-moi tout, je veux savoir ! »

« Un homme travaillant pour la famille royale est venu le démarcher à la boulangerie. »

« Quoi ! Samuel ne m’en a pas parlé, c’est injuste ! Continue ! »

« Il était prêt à payer une très grosse somme d’argent, mais Samuel a poliment refusé en disant… »

Michel sourit énergiquement, puis imite une voix bruyante et ferme.

« Je n’irai nulle part où ma femme n’est pas ! Veuillez m’excuser, j’ai des pâtisseries au four ! »

Le bruit du rire de Mizuki retentit soudain et cela incite rapidement Michel à l’imiter. Pendant plus d’une minute, ils rient ensemble, puis Mizuki reprend la parole en riant encore un peu.

« Ça ressemble tellement à Samuel, je l’imagine bien avec son air bougon. »

« Moi aussi ! Au fait, j’ai vu qu’Henri t’avait portée sur ses épaules ? »

« Exact, et c’était cool, car j’avais une vue imprenable du village. »

Les sens de Michel s’effacent et me voilà de nouveau lié à ceux de Mizuki.

Commentaires

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 13 versions.

Vous aimez lire MirinaIshiki ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0