Shana est assise sur le sol sec et granuleux d’une clairière. Elle se trouve au cœur d’une vaste forêt. Non loin, un petit ruisseau s’écoule doucement. Mon ERA a cette fois diminué de quinze points. La distance entre deux personnes est le facteur qui détermine le coût requis. Cependant, je devrais pouvoir contrôler mes déplacements, c’est très étrange.

Shana jette une bûche dans le feu. Il crépite vivement. Au loin, des firins virevoltent dans la forêt. Leur mélodie emplit les lieux comme une berceuse cette fois. Les pensées de Shana prennent le pas sur les miennes.

(Karl exagère vraiment !)

Shana au-delà de sa fatigue, est en colère.

(C’était son tour de monter la garde, mais au lieu de ça il ronfle comme un porc !)

Sous les fesses de Shana, des petits cailloux la démangent.

(J’ai demandé à Émi, mais elle s’est directement couchée.)

Shana regarde trois autres personnes endormies près d’elle, dont une femme qui rit bêtement dans son sommeil. Ses pensées continuent.

(En plus, elle a fait semblant de dormir pendant une heure !)

Elle est frustrée, épuisée, mais reste éveillée. Soudain, les pensées d’Émi me parviennent.

(Je voudrais avoir des seins aussi énormes que ceux de Shana, sans parler de ses fesses rebondies.)

Les pensées de Shana reviennent.

(Alain est tellement peureux, inutile de compter sur lui !)

Puis celle d’Alain enchaîne.

(Tellement de bruits différents, j’espère qu’on ne va pas se faire attaquer.)

C’est au tour de Karl.

(C’est injuste, pourquoi a-t-il fallu que cette foutue maladie touche Lili ?)

Un léger répit me permet d’observer l’immense forêt par le regard de Shana, tandis que des sons, comme celui des hiboux, s’équilibrent avec la mélodie des firins. Les pensées d’Émi reviennent.

(Avec le physique de Shana, aucun homme ne pourrait me résister.)

Celle de Karl.

(Lili est douce et gentille et elle ne mérite pas de souffrir. J’aurai cet argent !)

C’est au tour de celle d’Alain.

(Émi va tout dépenser dans des robes et du maquillage.)

Karl enchaîne.

(Tiens bon, petite sœur ! Tu seras bientôt guérie et après, on fera tout ce que tu aimes ensemble.)

Je constate que, malgré leur sommeil, chacun a des préoccupations variées. Shana, de son côté, joue avec son pendentif qu’elle fait passer entre ses doigts tel une pièce avant que ses pensées n’affluent.

(Je me demande si je finirais par retrouver papa, déjà, quatre ans qu’il a disparu.)

Elle frotte son short sur le sol, pour avancer ses fesses vers l’avant, puis incline la tête entre ses genoux.

(Maman était furieuse quand je lui ai appris mon inscription comme aventurière.)

Les pensées d’Émi reviennent.

(Je me demande quand je vais enfin réussir à séduire un homme riche !)

Difficile d’en enchaîner autant, cela crée une surcharge d’informations souvent inutiles, je dois apprendre à les filtrer, mais un observateur n’est même pas sensé entendre les pensées, juste observer les actions. Celle de Shana revient encore dans mon esprit, elle constate sans jugement.

(Je n’y avais pas fait attention, mais Émi a beaucoup de taches de rousseur.)

Soudain, un reniflement suivi de branches craquant alerte Shana. Un ours dans les fourrés les observe et le groupe est sans défense, tandis qu'elle saisit son arc, puis se lève rapidement.

(Je n’ai pas envie de le blesser, mais il ne va peut-être pas me laisser le choix !)

Il recule lentement dans la forêt. Les pensées de Shana sont aussi vives que les battements de son cœur. Après un court instant, elle se calme, et se rassoit près du feu, puis fixe Karl qui n’a même pas réagi et dort comme une marmotte en hiver.

J’analyse ce lieu dans mes pensées, la forêt de l’Autel, mais où est-il ? Celles de Shana reprennent encore le pas.

(Les cheveux réglisse de Karl sont tellement frisés.)

Elle rit doucement, ce qui la détend.

(On dirait le chien qui traîne près du restaurant de maman.)

Shana se met à regarder Alain.

(C’est bizarre d’avoir les cheveux longs pour un garçon, mais juger le physique est incorrect.)

Les sens de Shana s’estompent, me voilà de retour au village depuis ceux de Linda.