04h40
Me voilà de nouveau dans la chambre de Michel. Il est toujours assis à son bureau et lit calmement le même livre, tandis que je suis le texte avec lui depuis son regard. Mon ERA n’a diminué que d’un point. Je ressens sa capacité de lecture rapide et sa mémoire visuelle. Ses pensées viennent rapidement commenter ce qu’il apprend.
(Élidia est principalement composé de forêts, mais ça, je le savais déjà.)
Il tapote du doigt sur son bureau.
(Cependant, ce marais au sud d’Hanakaze a l’air immense.)
Il sourit avec envie en lisant.
(Bien sûr, ce n’est rien comparé au vaste désert d’Illis qui est situé à l’ouest de Célestia.)
Michel, se racle la gorge.
(En revanche, la vallée d’Umbravalle, est remplie de nombreux dangers.)
Umbravalle, d’après cet ouvrages est située à l’Est entre les villes d'Ardentia et de Lumina. Il est noté que c’est le territoire des monstres appelés aussi créatures hostiles aux humains. Michel tourne une nouvelle page avec impatience. En un court instant, ces pensées reviennent sur les miennes.
(Le tunnel creusé en l’an trois cent vingt dans la chaîne de montagnes d’Alpina est très important.)
Il réfléchit un court instant.
(C’est une voie commerciale terrestre entre Élidia et Férisia.)
Selon le livre, avant ce dernier, il fallait faire le tour du continent de Férentia par la mer, puis passer par la ville portuaire de Pelichia au sud où transitent les ressources maritimes.
Les pensées de Michel continuent.
(Les vastes plaines à l’Est.)
Il fait référence au développement de l’agriculture et de l’élevage à vaste échelle sans aucune industrialisation moderne. Le livre offre beaucoup de précision. La ville de Mercia est le cœur agricole du pays d’Élidia. Michel pense encore.
(Hanakaze est sur les terres de Férisia, mais la chaîne d’Alpina, nous laisse affiliés à Élidia.)
Soudain, la voix de Mizuki intervient.
« Papa vient de rentrer ! Il est dans le vestibule. »
« D’accord, merci pour l’info. »
« De rien, Michel ! Oh, et Papa m’a acheté de la brioche, je sens l’odeur sucrée d’ici. »
Mizuki a une meilleure ouïe que Michel, je n’ai rien entendu. Ces pensées sont fortes cette fois.
(Peu importe la difficulté, car je vais réaliser le rêve de maman !)
Me revoilà sur les sens de Mizuki alors que ceux de Michel disparaissent.
*** *** ***
Elle passe du viparita chakrasana à l’adho mukha vrksasana sans le moindre effort. Encore une baisse de un point… Je suis de retour dans la chambre de Mizuki. Ils discutent, donc je vais juste écouter pendant un instant.
« Tu sais, Michel, j’ai vraiment hâte de commencer officiellement mon apprentissage avec Yumi. »
« Une future herboriste en herbe, n’est-ce pas ! »
« Merci pour le jeu de mots, mais toi aussi tu dois être impatient que papa te forme ? »
« Évidemment ! C’est à moi de prouver que je mérite d’être le futur chef d’Hanakaze. »
« Compte sur moi pour te soutenir et t’aider à réaliser ton rêve ! »
« Pas en économie en tout cas, mais je vais quand même te tester ! »
« Très bien, mais prépare-toi à une surprise ! »
Mizuki effectue soudain, un grand écart latéral en souriant. Je ressens l’étirement de ses jambes, mais aucune douleur. C’est comme si cet exercice complexe était pour elle un divertissement. De plus, elle s’amuse en portant tout son poids sur la pointe des doigts, ce qui me laisse ce doute croissant, est-elle vraiment humaine ? Pourquoi est-ce que je me pose cette question ? Cela n’est pas mon rôle. Je ne fais qu’observer.
Alors que Mizuki est en Adho Mukha Vrksasana Samakonasana, Michel enchaîne le dialogue de façon fluide, mais comme mes pensées sont instantanées cela peut ne pas donner cette impression.
« Cite-moi les valeurs monétaires, Mizuki. »
« C’est facile ! Le bronze, le fer, l’argent, l’or et le platine ! »
« Combien pour une pièce de rang supérieur ? »
« Cent pièces de rang inférieur. »
« C’est correct ! Cite-moi les différents motifs pour identifier chaque pièce. »
« Ce sont des lettres B, F, A, O, P, suivies par l’apposition du sceau royal. »
« Maintenant, explique-moi comment tu as pu confondre une pièce de bronze avec une de fer ? »
« Je n’ai juste pas fait attention. En plus, Alice et Chloé m’attendaient pour jouer ! »
« Mizuki, faire attention à son argent est important. »
Les pensées de Michel ce manifestent soudain.
(Tiens ! Ce passage mentionne Patia.)
Il est intrigué et réfléchit.
(Je crois que c’est le village natal de papa.)
Mizuki resserre ses jambes, puis descend la gauche au sol. Elle place ses mains sur sa cheville et adopte ainsi la posture de l’urdhva prasarita eka padasana. Michel pense encore.
(J’ignorais qu’il avait été détruit par des bandits.)
Il est difficile même pour moi de tout analyser en même temps, mais cela doit être simple pour le Chishiki qui m’a conçu. Mizuki, après une courte réflexion, reprend la parole.
« Bon, d’accord. J’essaierai d’être plus attentive. »
« Content que tu comprennes, mais continuons avec trois raisons d’utiliser ce système. »
« La taille des pièces pour le poids, la… stabilité économique ? Et… la base reste identique ! »
« Dis-moi, comment sont-elles si elles viennent d’autres pays ? »
« Hum… Désolée, mais j’ai oublié. Tu sais que je trouve l’argent inutile. »
« Dans ce cas, tu redemanderas à Linda ! Après tout, elle t’a aidée à réviser, n’est-ce pas ? »
« Comment as-tu deviné ? J’ai été super discrète ! »
« Parce que je suis ton grand frère et que je te connais bien. »
« Sur ce point, tu gagnes, mais moi, je parlais de t’aider en tant qu’herboriste et combattante. »
« Je sais que je peux compter sur toi, mais essaie aussi de t’améliorer sur tes points faibles. »
« Au fait, as-tu une idée pour le pari qui fête nos quinze ans ? »
« J’y réfléchis encore, mais ne t’en fais pas. Je trouverai une idée originale. »
D’un geste assuré, Mizuki repose sa jambe au sol puis place ses genoux sous ses aisselles pour passer dans la posture du bakasana tout en continuant de parler avec calme, mais émotivité.
« J’ai envie de t’affronter, donc ne me fais pas attendre. »
« Compris ! On en reparlera tout à l’heure. »
Les pensées de Michel me parviennent, elles sont emplies de réflexion.
(D’après ce livre, les bandits ont attaqué Patia le 18/03/376. Cela veut dire qu’il n’avait même pas sept ans. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il a dû subir, mais il n’en parle jamais. C’est assez compréhensible au fond. Je sais par contre que c’est un aventurier qui s’est occupé de lui, mais papa ne m’a jamais dit son nom ; je crois qu’il ne le connaissait pas.)
Alors que les pensées de Michel expriment de la curiosité, les sens de Mizuki laissent leur place à ceux de Kenji qui est très souriant.
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