Linda est toujours assise à son bureau dans la bibliothèque. Elle écrit encore avec calme, et alors que je lis ses mots, je ressens comme une sorte de dualité étrange.

/Furvivius est ton nom scientifique, mais tous t’appellent furvius ! Tu es un mammifère nocturne si mignon, avec ta frétillante truffe rose et tes pétillants yeux réglisses. Ta bouche minuscule sourit sous tes moustaches frémissantes ! Pendant que tu agites tes petites oreilles rondes, sur ton adorable frimousse ovale. Enfin, avec cette fourrure grisâtre et tachetée de noir, tu es tout doux tandis que ta longue queue touffue et tes fines pattes, se terminent, par de petites griffes crochues./

Le furvius permettrait d’éviter l’usage de pesticides. Pourquoi cette idée me traverse l’esprit ?

/Ta nourriture se compose d’insectes nuisibles et de petites plantes toxiques ! Tu habites les espaces confinés, mais tu excelles dans l’art de grimper. Grâce à ta vitesse exceptionnelle. Tes petits cris signalent le danger, tandis que tes couinements discrets t’offrent l’amour. Une portée de trois à cinq individus, avec huit ans de vie en moyenne. J’aimerais que tu ne sois plus chassé, même si ta viande est délicieuse, tellement tendre et savoureuse !/

Au coin de sa bouche, un filet de bave coule, mais elle l’essuie rapidement avec un mouchoir. Ses pensées prennent le pas sur les miennes et sont remplies de cette dualité qui me fait douter.

(Je regrette vraiment de vous avoir goûtés, mais le goût de votre viande est tellement juteux.)

Linda se lève et emprunte l’escalier d’un pas léger, tandis que l’écologie occupe mes pensées. Mirina pourrait sûrement m’aider. Mirina, qui est-ce ? Linda entre dans la cuisine, puis fouille dans un tiroir du vaisselier.

(Où est-ce que j’ai mis la cannelle ?)

Ses pensées s’enchaînent et je n’arrive pas à me concentrer.

(Ce n’est pas vrai ! Noémie a encore grignoté en cachette !)

Mirina ? D’où me vient ce nom ? Elle disait une phrase qui était :

« Sans harmonie, personne ne survivra, donc on s’adapte ou on meurt. »

Les pensées de Linda reprennent le dessus sur les miennes.

(Bon, tant pis ! Ah, la voilà !)

Alors que de nouveau les sens de Kenji reviennent au détriment de ceux de Linda.