06h17

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Shana est toujours assise près du feu de camp dans la clairière. Ses pensées envahissent les miennes encore une fois.

(Maman a sûrement déjà ouvert le restaurant et doit être en train de mitonner des plats délicieux.)

Son ventre gargouille légèrement pendant que ses pensées se portent vers de vieux souvenirs.

(J’aimerais être avec elle comme autrefois pour cuisiner, mais ma priorité reste de retrouver papa.)

Elle monte la garde silencieusement, mais je ressens son ennui, couplé à son épuisement. Ses pensées continuent.

(Je ne peux pas me laisser distraire, le danger peut arriver n’importe quand.)

Ses sens laissent place à ceux d’Etsuko.

*** *** ***

Elle est assise sur le canapé dans l'atelier de couture qui est au rez-de-chaussée de la maison des Naeki. Etsuko est en train de coudre une robe à la main, tandis que Yuki dort paisiblement la tête posée sur ses cuisses charnues. Les pensées d'Etsuko me parviennent rapidement.

(Yuki est tellement mignonne ! Dire qu’elle aura six ans le mois prochain.)

Etsuko fait des mouvements lents et méthodiques, tout en restant attentive aux réactions de Yuki.

(J’ai le temps d’ajouter un motif floral et un bouquet de marguerites rendrait bien en bas de la robe.)

Les pensées de Yuki sont douces.

(Les cuisses de maman sont le meilleur oreiller du monde !)

Etsuko observe un instant la pièce modeste où de nombreux mannequins aux tenues diverses longent les murs en pierre. Son regard se pose sur le comptoir central où sont rangés des bobines de fil, des écheveaux de laine, des ciseaux de tailleur et des patrons en papier. Pendant qu’elle pense.

(Mizuki avait l’air heureuse de recevoir mon cadeau, mais je me demande si elle l’apprécie.)

Alors que Yuki bouge légèrement dans son sommeil. Etsuko arrête ce qu’elle fait, puis caresse les cheveux de sa fille en pensant.

(Je demanderai à Annie de lui faire des couettes.)

Malgré l'absence de technologie moderne, le savoir-faire est très avancé. Etsuko coud à la main avec une technique optimisée pour que chaque geste soit efficace.

(Yuki est tellement mignonne ! C’est le plus beau cadeau que Kazuya m’ait fait !)

Etsuko essuie une larme du dos de sa main, avant de murmurer fortement ce qu’elle pense.

{Pourquoi a-t-il fallu que ces horribles bandits l’assassinent !}

Yuki ouvre doucement les yeux, tandis qu’Etsuko s’efforce de lui sourire.

« Maman ? »

Yuki a une pensée soudaine.

(Ses cheveux ont la même couleur que le chocolat noir de mamie.)

« Tout va bien, ma puce, tu peux dormir encore un peu si tu veux. »

Yuki ferme à nouveau les yeux et blottit sa tête contre les cuisses de sa mère en souriant.

(Maman porte encore le joli ruban blanc de papa pour tenir ses cheveux en tresse.)

(Ses cheveux bruns sont les mêmes que ceux de son père, mais ses yeux noisette sont les miens.)

Les pensées s’enchaînent, mais je commence à mieux les distinguer.

(J’aimerais tant qu’il soit encore là. Nous n’avons même pas eu le temps de nous marier.)

Etsuko sèche encore une larme, mais sourit en regardant le visage tout rond et joyeux de Yuki.

(Je vais m’assurer qu’elle soit heureuse !)

Les sens d'Etsuko s’effacent et ceux de Mizuki prennent le relais. Mes perceptions semblent s’élargir.

*** *** ***

De toutes les personnes du village, Mizuki est celle qui m’offre le plus d’ouvertures sensorielles. Elle s’accoude sur le bois lisse de sa fenêtre, puis observe Michel partir vers le sud. Le soleil se lève doucement, les firins sont déjà tous partis, sa chambre s’éclaire lentement.

(Michel est déjà loin, mais j’ai envie de prendre le temps et de réfléchir avant de sortir.)

Mizuki ferme les yeux.

(Kuroki est en train de frapper l’acier et la résonance du métal est vive.)

Ses sens semblent s’étendre au-delà de ce qui est humainement possible.

(Les pales du moulin provoquent un léger crissement quand le vent les fait bouger.)

Depuis ses sens, le monde m’apparaît plus vaste et c’est agréable pour l’analyser.

(Le murmure cristallin de la rivière est relaxant, surtout avec le clapotis paisible des aquinas.)

Les sons et odeurs deviennent perceptibles, comme si la distance n’était plus présente.

(La mélodie des firins qui disparaît lentement dans des grottes résonne désormais.)

Le mélange de tous ces sons différents se fait harmonieux et distinct.

(Les apinas bourdonnent déjà, car elles sont prêtes à aller butiner.)

Mizuki est souriante et détendue. Je ressens sa tranquillité.

(Les cocins dégagent une forte odeur très agréable.)

Les sens de Linda prennent le relais, mais cela me prive des sensations ressenties avec Mizuki.

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