07H05
Mizuki est toujours accoudée à sa fenêtre.
(J’entends déjà les cris stridents des vulturis qui proviennent des montagnes au nord.)
En un instant, une nuée passe dans le ciel, faisant bouger les cheveux de Mizuki d’une bourrasque.
(Cette nuée était assez petite. Je n’en ai compté que soixante-sept.)
Mizuki observe les champs labourés, puis les bâtiments en pierre de taille, dotés de toits en tuiles.
(Ce magnifique paysage change chaque jour et je ne m’en lasse jamais ! Mais parfois, je me demande qui sont mes parents biologiques.)
Les sens de Thomas prennent le relais sur ceux de Mizuki.
*** *** ***
Il est encore à son bureau dans sa chambre et est concentré sur un document auquel il réfléchit intensément. Mon esprit reste clair dans ses analyses, c'est appréciable.
(Je devrais également parler aux enfants de notre déesse, même si je sais qu’ils prient déjà, Mirina.)
Mirina ? Serait-ce la même personne que celle de mes souvenirs ?
(Après tout, grâce à sa sagesse, les humains ont eu droit à une seconde chance.)
Que veut-il dire ?
(J’en profiterai pour expliquer la façon dont notre déesse perçoit la religion dans les textes sacrés.)
Une chose me revient en mémoire, un badge, avec un nom inscrit dessus. Mirina disait :
La religion doit être neutre, car le concept de la morale est propre aux humains, et non aux divinités.
(D’abord, chacun est libre de la prier comme il l’entend, ou non. Elle ne porte aucun jugement.)
C’est un peu bancal, mais pourquoi pas.
(C’est votre volonté qui décide qui vous êtes et ce que vous faites.)
Je ne suis pas non plus ici pour juger, mais pour observer.
(Elle n’est pas là pour punir, ni pour guider nos vies, mais seulement nous observer.)
Je me rappelle que Mirina disait aussi :
Être croyant n’est pas un problème, mais un choix, et chacun se définit par ce qu’il fait.
(Mirina veille sur le monde pour assurer son équité, afin que chacun puisse y vivre.)
C’était la personne la plus intelligente du laboratoire et je la revois manipuler ses éprouvettes.
(Mirina possède une vision globale du monde et son jugement est toujours neutre.)
Nous menions des expériences génétiques sur les animaux, les végétaux et les insectes.
« Bon ! Il est temps que j’aille en classe pour tout préparer. »
Alors que Thomas se lève, mes perceptions changent et passent sur les sens de Tomo.
*** *** ***
Il descend les escaliers de l’auberge, située au rez-de-chaussée de la maison des Igunachi, d’un pas vif, tout en souriant et en pensant vivement.
(Il est bizarre, ce petit être invisible.)
« Maman ! Je vais jouer avec mes amis avant l’école. »
La puissante voix féminine de Yuna retentit depuis l’étage, tout comme ses pensées contrariées qui me parviennent.
(Si ce garnement compte encore échapper à ses corvées !)
« Tomo, attends une minute ! »
Sans l’écouter, Tomo quitte l’auberge en courant… tandis que Yuna descend lentement l’escalier. Ses sens ont pris le relais sur ceux de Tomo qui est déjà loin. La question est pensait-il à moi ?
*** *** ***
« Ah… Ce garçon est intenable ! Il ne m’a même pas laissé l’embrasser. »
Le regard de Yuna fixe une boîte sur le comptoir, tandis qu’une porte s’ouvre au fond de la salle.
« En plus, il n’a même pas pris son goûter… C’est vraiment agaçant ! »
« Laisse-moi le faire à sa place, Yuna. »
Takumi la serre tendrement dans ses bras, puis soulève son menton avec le pouce et l’index.
(Il me fait rougir comme si j’étais une petite fille inexpérimentée.)
« Oui… Vas-y, mon chéri. »
Avec un geste tendre, Takumi pose ses lèvres sur celles de Yuna, puis l’embrasse avec passion.
(Mon mari est le meilleur pour embrasser, c’est l’une des raisons qui m’ont fait tomber amoureuse.)
(Les douces lèvres de Yuna sont juste parfaites, tout comme sa peau soyeuse au teint de pêche.)
Le baiser est doux et délicat, avec de légers reculs et de courtes pauses pour prolonger ce moment.
« Tu embrasses comme un dieu ! Finalement, je suis contente que Tomo ait filé »
Takumi laisse doucement sa main glisser dans les longs cheveux ivoire de Yuna.
« C’est facile quand je le fais avec une déesse. »
Yuna observe la tache de naissance sur la joue gauche de Takumi, puis regarde ses yeux ébènes. Son regard se pose aussi sur ses cheveux bruns coupés en crew cut.
« Tu veux qu’on aille se promener un moment, Yuna ? »
« Oui, j’aimerais aller faire un tour à l’épicerie. »
« Parfait, j’en profiterai pour t’acheter ton cœur. »
« Vilain flatteur, cela va te coûter très cher. »
« Le prix n’est point un problème, car mon amour est infini. »
« Vraiment, et où le caches-tu donc ? »
« Il ne vous est pas visible, gente dame, car pour cela il vous faudrait un miroir. »
« Eh bien, commençons à en chercher un de suite. »
Ils se prennent la main en riant, puis quittent l’auberge d’un pas léger.
Les sens de Yuna laissent leur place à ceux de Henri.
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