07h20

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Henri est devant l’entrepôt principal de nourriture du village. Il regarde Elias sortir et s'approcher. De son côté, Noémie, observe les alentours avec un air réfléchi.

« Alors, où en sont les stocks de nourriture, Elias ? »

« Après vérification, nos réserves sont supérieures au prévisionnel qu’on avait établi. »

« Bien ! Le fait de limiter les ventes était une bonne idée. Kenji a encore eu raison. »

« En effet, Henri ! Cela va nous éviter d’acheter des provisions. »

« Au fait, Henri ! Pourquoi on utilise des bâtiments sans fenêtres pour garder la nourriture ? »

« C’est pour mieux conserver les aliments de la lumière du soleil qui est vite néfaste, Noémie. »

« Cela facilite aussi l’isolation et la solidité du bâtiment. »

« Je n’ai rien compris, Elias, mais merci pour l’explication ! »

« Tu as d’autres questions, Noémie ? »

Alors qu'Elias l'interroge, il laisse une pensée se former.

(Il faudra que je plie mon linge ce soir.)

« Est-ce que c’est vrai qu’il n’y avait qu’un entrepôt avant que Kenji ne dirige le village, Henri ? »

« Oui, Yumi, Marc et Clarisse me l’ont confirmé. »

« Il paraît qu’il a complètement brûlé lors de l’incendie ? »

« C’est le cas, Noémie. Cela s’est produit le vingt-six nympha quatre cent cinq. »

« Je n’étais pas encore au village à cette époque. »

Noémie tâte l'intérieur de sa poche, alors qu'elle pense rapidement.

(Mince, il faut que je pense à mettre la crème.)

Henri affiche un visage sérieux et réfléchit avec calme.

(Il faut que je parle à Elias plus tard.)

« Annie, Mélanie et moi, on venait à peine de s’installer. »

« Je m’en souviens, Henri. Moi aussi, je venais à peine d’arriver au village. »

« C’était quoi vos motivations pour vous installer à Hanakaze ? »

« C’est Kenji qui me l’a demandé et, comme je lui dois beaucoup, j’ai accepté. »

« Pour moi, cela vient du fait que mon village natal n’acceptait pas ma sexualité. »

« C’est horrible de rejeter quelqu’un pour ça ! »

(Les bras d’Henri font la taille de mes cuisses.)

Alors que la pensée de Noémie, est encore présente, celle d'Elias me parvient aussi.

(Noémie part toujours au quart de tour.)

« On en discutera plus tard, si tu veux, Noémie. »

« Avec plaisir, Elias ! En tout cas, Kenji a eu raison de faire construire plusieurs entrepôts ! »

« Exact, cela évite des risques inutiles, et les installer vers un bassin permet de gérer un incendie. »

« Je suis d’accord, car je garde de très mauvais souvenirs de ce qu’est vraiment la faim. »

« C’est vrai que toi et Linda êtes arrivées à Hanakaze en plein hiver et complètement affamées. »

« Oui ! On avait souvent faim avec Linda, que ce soit avant la mort de nos parents ou après. »

« Je me souviens que tu tenais Linda par la main et que vous étiez squelettiques et gelées. »

« Oui ! Pour reprendre un rythme d’alimentation normale, on est restées alitées plusieurs jours ! »

« Je me rappelle que Yumi ne voulait pas que vous sortiez du lit. »

« Yuna venait vous faire manger tous les jours ! Sans parler d’Annie qui vous couvait. »

« Il me semble d’ailleurs que Mélanie voulait que vous vous remettiez vite pour jouer. »

« Ha, ha, ha, ma fille voulait des amies de son âge. »

« C’est un peu gênant qu’Henri et Elias se rappellent de tout ça, mais aussi très agréable.

« Au fait, Henri ! Comment Kenji a-t-il réussi à éviter la famine ? »

« C’est simple, il a pris toutes les réserves financières et les économies de chaque villageois. »

« Il avait fait un discours pour convaincre les gens, si je me rappelle bien ? »

« Qu’est-ce qu’il a dit ? »

(Voilà que je joue encore les curieuses.)

« Il a prononcé son discours sans la moindre préparation et a dit mot pour mot… »

Henri prend une voix plus calme et dit d’un ton assuré…

« Soit on est unis, soit on se disperse ! C’est à vous de choisir, moi je ferai de mon mieux ! »

(C’est impressionnant, Henri imite bien la voix de Kenji !)

« C’est tout ! Moi, je pensais à long discours. Ça a suffi à convaincre les gens ? »

« Oui, même si c’est plus le fait qu’il a sorti ses propres économies qui a motivé tout le monde. »

« Combien en avait-il ? Il paraît que certains aventuriers sont riches ! »

« Assez pour payer près de la moitié de la nourriture pour une année. »

« Au fait, Henri ! C’est toi qui as trouvé Mizuki trois mois avant ça, n’est-ce pas ? »

« Exact, Elias, j’effectuais ma ronde de nuit et soudain ses pleurs ont attiré mon attention. »

(Elle ne parle jamais de ça.)

« Mizuki était encore un bébé à cette époque ? »

« Oui, Noémie, je l’ai trouvé dans un panier en osier, près des grands piliers à l’entrée du village. »

(Je savais que Kenji l’avait adoptée, mais c’est tout.)

« Tu peux m’en dire plus, Henri ? »

« Du sang encore frais se trouvait sur son visage. Son linge était humide et sentait fort. »

(J’ignorais ça… Pourtant, je m’entends bien avec Mizu.)

« Est-ce qu’elle était blessée ? »

« Non, ce n’était pas son sang ! Et impossible de suivre la piste de la personne qui l’a abandonnée. »

« Je crois que son prénom était sur un papier dans le panier ? »

« Tout à fait, Kenji, l’a d’ailleurs conservé pour l’adoption. »

« Pourquoi tu ne l’as pas adoptée toi-même ? »

(J’y pense, Mizu pourrait m’aider à séduire Michel.)

« Je n’étais pas assez sûr de moi pour éduquer un second enfant, même si Annie voulait l’adopter. »

« Kenji en a donc pris la responsabilité ? »

(Noémie sourit bêtement, elle a encore une drôle d’idée.)

« En effet, même s’il venait de perdre Émilie et qu’il devait déjà s’occuper de Michel. »

« Je me demande pourquoi Mizuki a été abandonnée ! »

« Aucune idée ! Ses parents étaient peut-être traqués, mais je n’ai aucun indice. »

« Elias ! Je voulais te remercier d’avoir été toujours gentil avec Linda et moi. »

« Inutile ! J’ai adoré le temps passé avec vous deux. »

« Au fait ! Tatsuya et Pete sont en retard, non ? »

« Ils semblent en effet, mais attendons-les encore un peu. »

« Oh ! je les vois… Ils arrivent par l’Est en passant devant le hangar. »

Tatsuya marche sur un large chemin empierré juste derrière Pete, qui arrive le premier.

« Henri, Tatsuya et moi avons terminé d’explorer le cimetière, sans rencontrer de souci particulier. »

« Bien, mais restez vigilants ! On doit être sûr qu’aucune zone d’infection ne se développe. »

« Tatsuya, c’est quoi ce truc blanc sur tes lèvres ? Est-ce que tu as bu du lait ? »

(Oups ! Je n’avais pas vu qu’il en restait.)

« Oh, ça… Ce n’est rien, ne t’en fais pas… »

Avec le dos de sa main, Tatsuya essuie rapidement ses lèvres, avant de le lécher, puis elle lance un regard sensuel à Pete qui lui sourit énergiquement.

« Oh, d’accord… »

(Ce truc semblait épais et visqueux, est-ce que ce serait du…)

(Heureusement, Noémie n’a pas l’air d’avoir compris, sinon elle aurait encore été gênée.)

Pete affiche un visage légèrement inquiet, tandis qu'il pense.

(Je n’arrive pas à croire que je n’avais pas remarqué ça, il faut que je sois plus attentif !)

Elias sourit tranquillement, alors qu'une pensée se forme.

(Pete et Tatsuya se sont amusés, mais je ne vais pas leur reprocher d’être un couple heureux.)

Henri pousse un soupir intérieur.

(Ces deux-là sont vraiment intenables quand je les laisse seuls.)

Les pensées et dialogues de chacun s’enchaînent désormais de façon plus fluide dans mon esprit, il devient plus simple de les distinguer sans le mentionner constamment, c’est plus agréable. Henri repense à la conversation qu’il a eue plus tôt avec Annie.

(Je comprends pourquoi Annie en riait, mais je ne peux pas les séparer.)

« Bon, assez discuté, on se remet au travail ! »

« Compris, Henri. Allez, Pete, on y va, tu sais inspecter cet endroit ! »

« Oh, oui, cet endroit, ça me va. »

« Noémie, tu viens ? »

« D’accord, Elias. »

Alors que le groupe se sépare, mes perceptions passent sur les sens de Mizuki.

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