Je ressens le goût sucré de la brioche, mais c’est bien plus intense que quand Michel en mangeait. Le jus d’orange est doux en bouche, son sourire est radieux.

(La brioche était délicieuse, et le jus d’orange est parfait pour l’accompagner.)

Alors que je perçois la pensée de Mizuki, ses sens s’effacent et me revoilà sur ceux de Michel.

*** *** ***

Il s’étire légèrement, tout en fixant Richard, Mike et Katsuya.

« C’est bon pour l’échauffement, vous êtes prêts à commencer l’entraînement ? »

(J’ai rendez-vous avec Mélanie au salon de coiffure cet après-midi.)

« Quand tu veux, Michel. »

« Je ne vais pas me retenir, Michel ! »

(Je dois passer voir Yumi pour cette démangeaison gênante.)

« Si je gagne, tu devras m’aider à sortir avec Mizuki, Michel ! »

Michel expire doucement avant de se mettre en garde de quarte, pendant que Richard, Mike et Katsuya se coordonnent pour l’encercler. Richard s’élance rapidement sur Michel en effectuant une entaille diagonale, mais il la dévie rapidement avec le plat de sa lame, puis contre-attaque avec une frappe verticale précise, mais l’intervention immédiate de Mike avec un coup de taille la bloque. Les attaques s’enchaînent sans délai, chaque coup est non seulement puissant, mais aussi précis, bien que la sueur coule déjà sur le front de chaque combattant, dont les muscles sont tendus.

(Richard est physiquement plus fort que moi, mais moins rapide.)

Michel analyse tout en combattant.

(Mike a tendance à ne compter que sur sa vitesse. Katsuya est imprévisible, donc dangereux.)

Richard effectue un coup de taille latéral, mais Michel pare l’attaque avec une frappe opposée, puis repousse son adversaire en utilisant sa propre force. Katsuya intervient avec une entaille verticale, mais malgré la surprise initiale, Michel parvient à la dévier de justesse avec une frappe ascendante, avant d’expirer. Sans s’arrêter, chacun reprend son souffle entre deux mouvements.

(La différence est immense entre un duel et un combat, mais c’est l’occasion de progresser.)

Les pensées s’enchaînent pendant les actions.

(Michel progresse tellement vite comparé à nous.)

Richard semble jaloux.

(Bon sang, j’ai l’impression d’encore être à la traîne !)

Mike s’en veut de ce retard. L’entraînement se poursuit avec intensité et personne ne lâche rien.

(Moi aussi, je veux m’améliorer !)

La dernière pensée de Katsuya laisse place à la douceur du tissu sur les fesses de Mizuki dont les sens deviennent mes perceptions.

*** *** ***

Son pantalon et sa culotte baissés sur ses chevilles, elle attend assise sur la chaise des toilettes.

(Le coussin est vraiment confortable, grâce à ça, je ne sens pas le contact du bois sur mes fesses.)

Un souffle rauque est audible sous le sol, mais Mizuki n’est pas inquiète. Elle lève la tête pour regarder son reflet dans le miroir accroché au plafond, qui permet à la lumière qui passe par la lucarne de se diffuser dans la pièce.

(J’espère que les scatodus aimeront le repas. Linda m’a dit qu’ils ne mangeaient que ça.)

Mizuki sourit en fredonnant quelques mots, tandis qu’un filet d’urine commence à couler.

♪Un petit besoin, de tous les jours, que chacun fait à sa façon, c’est une chose si naturelle et pourtant non évoquée, mais alors pourquoi, ne pas en parler? Cela est-il si gênant ? Eh bien, cela dépend des gens, car chacun est différent. C’est pourquoi l’intimité, est ici la petite clé.♪

Mes perceptions glissent soudain sur les sens de Linda.

*** *** ***

Elle écrit avec plaisir, tout en sifflant joyeusement.

/Scatodidius est ton nom scientifique, mais tous t’appellent, scatodus. Certains te trouvent bizarre au vu de ce que tu manges, mais pour toi, excréments et urine, sont naturels. Pour mieux te comprendre, je vais d’abord te décrire. Tu es large de trente centimètres, pour quinze de haut. Dodu et rond, ta peau brune est visqueuse, mais cela est très utile pour toi. Tu as de courtes pattes trapues dotées de mains aux doigts préhensiles. Une tête ronde avec de grands yeux globuleux, des narines dilatées. Ton immense bouche est ton unique orifice, qui te sert autant à manger, qu’à pondre tes œufs !/

Le scatodus effectue un rôle écologique majeur ! Mirina effectuait des recherches sur lui.

/Même si je sais que tu es asexué, tu ne pratiques l’activité, qu’une seule fois par année. En moyenne, tu vis vingt ans. Ton souffle rauque te protège, mais t’aide aussi à trouver l’amour. Enfin, tu creuses sous nos maisons, des tunnels symétriques que tu entretiens pour t’occuper de nos problèmes, en supprimant, les odeurs naturelles, et les déjections. Alors merci à toi, gentil mammifère, qui nous permet de ne pas penser à cela./

C’est d’ailleurs là que le badge sur sa blouse s’est décroché pour tomber dans une déjection.

(Bon ! J’ai bien mérité une petite pause.)

Linda se lève, puis marche vers l’étagère à côté du canapé où une pancarte en bois indique : Réservé à la bibliothécaire, ne pas toucher.

« Voyons, quel livre choisir ? ‘La fleur désenchantée’ ? Ou ‘La jeune fille égarée’ ? »

Linda attrape soudain un livre intitulé : ‘Le temps d’une nuit’, puis retourne s’asseoir.

(J’aimerais en trouver que je n’ai pas déjà lus, mais c’est difficile de se procurer ce type d’ouvrage.)

Les premières lignes révèlent un texte érotique, tandis que Linda glisse ses doigts dans son short. Je ressens son excitation.

(Je devrais peut-être en écrire un, mais sans inclure des personnes que je connais.)

Par chance, les sens de Linda laissent place à ceux de Michel. Vivre ce type de sensation est très dérangeant pour moi, heureusement que je n’ai plus d’enveloppe physique.