Michel affronte Richard dans un duel féroce, Mike profite de l’occasion pour l’attaquer avec une fente verticale. Cependant, Michel pivote sur le côté d’un pas fluide, puis dévie l’attaque d’un geste précis avec le fil de sa lame. Il enchaîne avec une entaille horizontale, mais Richard intervient pour la bloquer avant de contre-attaquer avec le plat de son épée. Mike en profite pour reculer d’un bond vers Katsuya qui reste attentif à chaque action.

{C’était à un cheveu ! Sans Richard, je me serais fait avoir !}

{Michel est vif, fort, rapide, et il arrive à analyser nos mouvements en plein combat.}

Katsuya s’élance d’un pas vif sur Michel ! Il enchaîne une série d’entailles horizontales, verticales et diagonales, mais Michel bloque chacune d’elles avec des parades rapides et coordonnées, tout en contrant les assauts de Richard qui ne le lâche à aucun moment.

(Mes bras commencent à être douloureux et ma respiration s’accélère.)

Je ressens la douleur de Michel, mais remarque aussi que chaque combattant transpire et s’essouffle face à l’intensité de l’entraînement.

(Je dois changer de méthode ! Je vais tenter de copier partiellement Mizuki.)

(C’est épuisant de se battre contre Michel, sa capacité d’analyse est exceptionnelle.)

Alors que la pensée de Richard me parvient, les sens de Kenji guident désormais mes perceptions.

*** *** ***

Il caresse tendrement le doux pelage d’une bête attelée à une charrette juste devant l’écurie. Cette dernière est située proche de la maison des Kulligan.

(Je suis content d’avoir acquis un karios pour le village. Il est vraiment athlétique et intelligent.)

Kenji pense avec sérénité, tandis que Will s’approche d’un pas ferme, suivi par Sonia et Joe qui sont détendues et rient en se taquinant.

« Nous sommes prêts, Kenji. »

« Dans ce cas, il est temps de partir, Will. »

« Ok, je monte à l’arrière ! »

(Le pelage du karios est sombre, mais j’aime ses touches dorées.)

« Laisse-moi une place, Joe ! »

(Ces deux-là se comportent toujours comme des gosses.)

Alors que la pensée de Will me parvient, chacun prend place dans la charrette, puis Sonia sort un sac en toile de son sac.

« Tu dévores nos réserves avant d’arriver, Sonia ? »

(Elle a encore oublié de prendre un bain !)

« Inutile de t’énerver, Joe ! J’ai acheté ces gâteaux secs à Samuel ce matin. Kenji est témoin ! »

Le karios avance avec calme sans être guidé, tandis que Will observe la route.

(J’espère que le voyage va être calme, en tout cas les oreilles du karios sont à l’affût.)

Kenji se tourne vers Joe et Sonia qui sont assis entre les caisses et les tonneaux.

« Tu es toujours aussi gourmande, Sonia ! Je me demande même si tu ne bats pas Mizuki. »

« Si les pâtisseries de Samuel sont délicieuses, ce n’est pas de ma faute et je surveille ma ligne. »

« Tu fais juste la course pour rattraper les cocins ! »

(On dirait qu’il sent une odeur. Son court museau bouge rapidement en frottant le sol.)

« Le travail à la ferme est aussi important que le métier de garde, Joe. »

« Je sais, Kenji ! D’ailleurs, Sonia est douée là-dedans ! Surtout quand elle finit couverte de boue ! »

Joe rit à gorge déployée, pendant que Will passe la main dans ses courts cheveux et se gratte la tête.

« Je me demande lequel de nous deux a le plus souvent fini dans la boue ? »

(Ses cheveux sont vraiment gras.)

« C’est moi, Sonia, mais toi, tu en as encore sur ton maillot ! »

« Je ne vois pas en quoi c’est grave ! La boue, ce n’est pas sale. »

(Joe est trop propre sur lui.)

(J’adore le regard d’ébène de ma sœur, mais moi, j’ai hérité de l’azur de maman.)

« Tu as raison, Sonia, mais quand on sort du contexte de la ferme, mieux vaut se changer. »

« Exact, Will ! C’est un principe de société. Il faut donner une bonne image de soi. »

« Ce n’est pas mon problème si les gens sont bêtes au point de me juger sur ma tenue. »

« Oublions ça ! Donne-moi une pâtisserie plutôt. »

(Ses cheveux bruns sont pleins de paille.)

« Ok, Joe ! J’en ai plein de toute façon. »

« Un instant ! Sonia, tu as en partie raison, mais Joe et Will n’ont pas tort non plus. »

« Je ne comprends pas, Kenji. On ne peut pas tous avoir raison ? »

« Une société est un ensemble de règles légales et morales qui permet de vivre en cohésion. »

« Qu’est-ce que ça change, je suis juste moi-même. »

« Je sais. Tu es libre de tes choix, mais tu dois également t’assurer de respecter une norme. »

« C’est-à-dire ? »

« Selon l’environnement dans lequel tu te trouves ou te rends, des règles s’imposent. »

« Je ne suis pas convaincue. Je suis comme je suis et c’est tout ! »

« C’est juste une explication informelle, Sonia. »

« Je me rappelle ce que Kenji m’a dit quand j’ai commencé à fréquenter Amara. »

« C’était quoi, Will ? »

(Will a de beaux iris ambres, je l’envie.)

« La première impression ouvre la porte, après c’est à toi de faire le reste. »

« Ok ! Je vais y réfléchir, mais je ne promets rien, Kenji ! »

« Au fait Kenji, le karios a l’air très attentif depuis tout à l’heure. »

Sonia fixe le Karios avec un grand sourire.

« C’est vrai qu’il est trop mignon avec ses oreilles pointues, mais légèrement arrondies. Sans parler de son museau court qui est allongé et de ses pupilles verticales aux iris ocre. »

« On n’a pas demandé à quoi il ressemblait, Sonia ! »

« Oups, désolée Joe ! Je pensais à haute voix. »

(Tiens, il remue sa longue queue élancée.)

« Il a sûrement senti un animal, mais reste sur tes gardes, Will. »

« Compris, Kenji, je serai attentif. »

Sonia se rassoit sur son bouclier, puis mange rapidement un gâteau. Ses cheveux frottent sur ses épaules, ce qui fait tomber de la paille. De son côté, Joe ajuste la corde de son arc pendant que le karios continue d’avancer. Après plusieurs minutes, le groupe arrive à la croisée des chemins au sud d’Hanakaze.

« Il emprunte seul la route d’Ardentia, je me demande comment il sait où on va ? »

« Les karios savent lire dans les pensées et comprennent notre écriture, Will. »

« C’est dingue ce truc ! »

« Carrément ! »

(Tiens… où est passé mon gâteau aux figues ? Je parie que Charlotte l’a mangée ! Ma fille est une vraie chipie !)

Mes perceptions passent sur les sens de Mizuki.