08h58
Linda écrit avec calme, tout en observant Caroline et Camille poursuivre leur lecture attentivement. Soudain, Michel entre d’un pas léger dans la bibliothèque.
« Bonjour, tout le monde ! »
« On discutera plus tard, Michel ! On doit d’abord lire ce livre. »
« C’est un livre sur les aquinas, avec Camille on cherche comment ils se reproduisent. »
« D’accord, les filles ! »
(Camille est toujours aussi impulsive, Caroline est plus calme.)
Linda ferme son livre puis réajuste ses lunettes, tandis que Michel s’approche.
« Alors Linda, qu’est-ce que tu écris ? »
« Pour l’instant, j’écris un résumé des différentes espèces. »
« Pourquoi as-tu fermé ton livre ? Tu as des choses à cacher ? Encore un récit érotique ? »
« Non, je n’ai juste pas terminé ! Regarde plutôt le plan du village que j’ai fait dessiner à Noémie. »
Linda ouvre un livre dans lequel est dessinée une carte sur deux pages, mais ses pensées la trahissent.
(Comment j’ai pu commencer ce genre d’ouvrage, en plus j’ai inclus Mizuki dedans.)
(Linda a le sens du détail et Noémie dessine vraiment bien.)
« C’est très précis. »
La place centrale se trouve au centre du village, la boulangerie est positionnée au nord, juste à côté de l’épicerie. Le salon de coiffure est au sud, la boucherie et le fleuriste à l’ouest.
« Les ruelles sont bien dessinées, on repère facilement les ateliers. »
« En effet ! Noémie s’est vraiment appliquée dans son dessin et a bien suivi mes consignes. »
La forge se situe à l’est, la menuiserie et la taillerie à l’ouest. Plus au nord, la cordonnerie, le tailleur et le tanneur ; enfin, au sud-est, l’herboristerie qui est aussi l’officine.
« J’aime bien sa manière de représenter les champs, qui longent les routes. »
« Moi aussi, Michel, toutes ces petites plantes en donnent une idée très précise. »
Divers lieux de stockage sont à proximité des champs. L’auberge est à l’ouest, avant la sortie du village. Les vignes et le vignoble sont au nord-est. Les habitations sont concentrées dans la zone centrale où se trouvent aussi, la bibliothèque, l’école et le bain public.
« On peut même voir des gens discuter. »
« Noémie a aussi eu tendance à mettre des détails un peu superflus. »
Le lavoir, la ferme et l’écurie sont au sud. Des cabanes de bûcheron et de chasse longent la forêt.
« Ça me rappelle que c’est toi qui l’as encouragé à se mettre au dessin, Linda. »
« En effet, avoir des dessins amplifie les possibilités d’un texte. »
Michel observe le plan en lisant les différentes descriptions.
« Ces définitions que tu as ajoutées avec les numéros liés sont très pratiques. »
« Merci de ton retour, Michel. »
Mes perceptions passent sur les sens de Mizuki, alors que ceux de Linda s’effacent. Elle regarde les stands sans s’arrêter et marche d’un pas assuré au milieu du marché extérieur qui occupe la place centrale de Hanakaze.
(James est visiblement à l’affût de produits pour améliorer l’épicerie.)
Il est assez loin de Mizuki, près du stand d’un orfèvre, mais ses pensées me parviennent rapidement.
(Ces verres ont l’air solides, mais ses tasses en inox sont aussi très intéressantes.)
Le regard de Mizuki se pose un instant sur une fontaine sculptée dans un rocher au centre de la place centrale. La sculpture représente une enfant souriante d'environ cinq ans.
(Elle est vraiment magnifique !)
L’ouïe de Mizuki me permet de distinguer chaque dialogue, malgré le brouhaha. Dont celui d’Amara qui cherche un cadeau pour Will chez un marchand qui possède plusieurs articles de seconde main.
« Peut-être de nouvelles bottes, ou une chemise… non c’est trop banal ! »
Clarisse et Marc, eux, regardent tout dans les moindres détails, car ils sont prudents.
« Ce tissu n’est pas très propre, mais il est joli, qu’en penses-tu, Marc ? »
« C’est vrai, mais il est un peu usé ! On devrait demander une réduction. »
Mizuki marche d’un pas léger, mais rapide, tout en restant très attentive à ce qui l’entoure.
(Kyle a l’air de chercher un bijou. Il doit vouloir séduire Chloé.)
Les pensées de Kyle suivent celles de Mizuki.
(Non, ce n’est pas assez luxueux ! Pour une telle beauté, il faut le meilleur.)
Mizuki arrive devant le salon de coiffure, puis entre en laissant le brouhaha extérieur.
(J’aimerais prendre le temps de parler avec chacun d’eux, mais je pourrais y passer la journée.)
Annie range les produits dans les étagères, mais remarque Mizuki.
« Bonjour Mizuki, tu es magnifique comme d’habitude. »
« Merci pour le compliment, Annie. C’est quoi ces odeurs ? »
« De nouveaux shampoings que mon ancien professeur m’a envoyés depuis la capitale. »
(Annie porte des boucles d’oreilles, c’est sûrement un cadeau d’Henri.)
« Ils sentent vraiment bon. »
« Allez, assieds-toi ! Je suppose que tu veux la même chose que d’habitude ? »
« C’est exact, toujours pareil ! »
Mizuki marche vers la cabine au fond de la pièce, puis commence à se déshabiller. Elle plie sa veste, tandis qu'Annie tire le rideau d’un geste vif.
« Tu sais que tu n’es pas obligée de te mettre nue à chaque fois ? »
« Ça ne me dérange pas, et c’est plus pratique pour toi. »
Mizuki continue en retirant sa culotte qu’elle pose sur une table basse. Les pensées d’Annie ne tardent pas.
(Elle n’a vraiment aucune pudeur.)
« Allez, lève les bras. »
Annie enroule une grande serviette en laine autour de Mizuki pour la couvrir.
« Elle est vraiment douce, j’adore cette sensation sur ma peau, Annie. »
« Merci, Mizuki. Je prends toujours soin de ma cliente préférée. »
Mizuki s’assoit sur la chaise, puis penche sa tête en arrière avant de fermer les yeux.
« Tes cheveux sont magnifiques ! C’est tellement dommage que tu ne les laisses pas pousser. »
« J’aime qu’ils soient courts, c’est bien plus pratique ! »
Annie verse du shampoing dans ses mains, puis les frotte. Alors que la mousse se forme, un lointain souvenir me fait penser que ni moi ni Mizuki n’avons jamais été humains. D’après mes souvenirs, son apparence est celle d’une Hahaoya, mais cela n’explique pas sa condition physique parfaite. Mes origines sont certainement celles d’un Chishiki. Cela explique ma mémoire à long terme et mon incapacité à contrôler mes déplacements, mais qui m’a créé ? C’est encore un point que j’ignore, car ma mort date d’il y a longtemps visiblement.
« Annie, tu peux me raconter comment c’était quand tu étudiais à la capitale ? »
« Bien sûr ! J’ai de très bons souvenirs de mes études comme coiffeuse et esthéticienne. »
Annie commence à effectuer un shampoing sur Mizuki tout en étant bavarde.
« Laisse-moi te parler de la première coupe que j’ai réalisée. »
(Les mains d’Annie sont si douces.)
« D’accord, ça a l’air intéressant. »
« Ce jour-là, j’étais très nerveuse. Mon professeur s’est assis dans le fauteuil, puis m’a dit : »
Annie imite une voix rauque tout en appuyant légèrement pour faire mousser le shampoing.
« Allez, jeune fille, et je vous conseille de ne pas vous rater ! Sinon gare à vos fesses. »
« Que s’est-il passé ? »
(Tiens, on dirait que Mélanie ronchonne à l’étage.)
« Ce n’est pas vrai, où est-ce que je les ai mises ! J’en ai besoin pour cette après-midi. »
« Exactement ce qui devait arriver quand une débutante prend une paire de ciseaux. »
(Je me demande de quoi Mélanie parle ?)
« Tu veux dire que tu as raté sa coupe, Annie ? »
« Exact ! Il m’a réprimandé sévèrement, mais chaque propos était constructif. »
Annie continue le shampoing, tandis que Mizuki l’écoute attentivement.
« Est-ce que Mélanie s’en sort avec sa formation ? »
(Elle fait un vrai boucan là-haut.)
« Elle a encore besoin de pratique, mais ton oreille va mieux on dirait. »
« Trouvé ! Maman va m’entendre ! Je parie que c’est elle qui les a cachés ! »
(Cachés ?)
« Oui ! C’était juste une petite entaille, rien de grave, Annie. »
(Cachés quoi ?)
Mes perceptions passent sur les sens de Linda.
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