09h16
Linda est toujours assise à son bureau dans la bibliothèque. Elle discute encore avec Michel qui est debout et lui fait face.
« J’ai fait un recensement. Hanakaze a gagner quarantes habitants en quinze ans. »
« C’est lié aux flux migratoires et aux naissances, n’est-ce pas, Linda ? »
« Exact ! De plus, la sécurité, les stocks alimentaires et les finances ont largement augmenté. »
« C’est une très bonne nouvelle, mais on doit pouvoir encore améliorer ça. »
« Kenji effectue déjà un travail exemplaire ! C’est un leader très compétent. »
« Tu as raison et j’admire mon père pour ce qu’il a déjà accompli. »
« En comparaison, ton grand-père a fui le village comme un lâche ! Sans vouloir te vexer. »
« Je n’ai pas connu mon grand-père et papa ne parle jamais de lui. »
« Mieux vaut oublier ce genre d’individu. »
(Michel tient de Kenji, ça j’en suis certaine.)
« Au fait, Linda ! Tu as inclus sur ma fiche que j’étais qualifié pour ce travail ? »
« Exact ! Tu seras notre prochain chef ! Donc, tu joues un rôle crucial. »
« Je vois. Mais qu’en est-il de la démographie d’Hanakaze en comparaison des autres villages ? »
« Hanakaze compte quatre-vingt-douze habitants, c’est la moyenne haute. »
(C’est moi ou les doigts de Linda ont un parfum sucré ?)
« Tu as l’air perplexe ? »
« Exact ! Dans les prochaines années, la population pourrait doubler, surtout avec des remparts. »
« Je vois. Cela exigera d’augmenter considérablement nos ressources et notre bâti. »
« Cela changera la dynamique du village et il faut le prendre en compte. »
« En effet ! On risque d’être beaucoup moins soudés. »
« Pardonne ma curiosité, mais pourrais-tu me parler de ta mère ? »
« Selon papa, maman était attentive, chaleureuse et souriante. Elle avait toujours un mot gentil. »
« Je vois. C’est dommage que nous l’ayons perdue. »
« Tu as des informations sur la sécurité des villages avec une population similaire à Hanakaze ? »
« Normalement, c’est un garde pour dix habitants, mais on en a deux fois plus ! »
« Peux-tu me parler du village où tu as grandi ? Son nom est Hakari, il me semble. »
« Exact ! Sa position est à treize kilomètres à l’Est d’Hanakaze, avec un emplacement similaire. »
(Je pense deviner ce qu’a fait Linda, mais c’est son droit.)
« Comment se porte-t-il ? »
« Selon les dernières infos que j’ai, il n’est plus habité au vu de la mauvaise gestion globale. »
« C’est dommage, mais en tout cas, ton recensement est très précis avec tous ces détails. »
Le registre me permet d’identifier chaque villageois, mais pourquoi des souvenirs d’eux sont déjà présents dans ma mémoire, avant même mon éveil. Serait-ce dû à un observateur de ma création ?
« N’en profite pas trop, même pour la bonne cause. Ces données sont à titre informatif. »
Mes perceptions passent sur les sens d’Annie.
*** *** ***
Elle sèche délicatement les cheveux de Mizuki avec une serviette.
« Voilà, Mizuki ! Le shampoing est fini et tes cheveux sont bien secs. »
« C’est parfait, Annie ! L’odeur boisée du shampoing est comme une balade en forêt. »
Mizuki écarte sa serviette, puis lève les bras en l’air.
« La première fois que tu es venue me voir pour ça, c’était trois mois après tes premières règles. »
Annie applique une mousse sous les aisselles, les jambes et le pubis de Mizuki.
« C’est ce jour-là que tu m’as expliqué l’utilité ainsi que le fonctionnement des poils. »
« Au fait… Tu n’éprouves pas de gêne sur le fait que je touche tes zones intimes ? »
« Non ! Je te fais confiance et j’aime être chouchoutée. »
Annie attrape un rasoir dans un tiroir, puis commence à travailler avec des gestes précis.
(J’entends Mélanie fouiller dans la chambre d’Annie, je me demande ce qu’elle cherche.)
Les sens d’Etsuko prennent le relais sur ceux de Mizuki.
*** *** ***
Elle ouvre la porte d’une main en tenant celle de Yuki de l’autre, puis entre dans la bibliothèque.
(Il y a trop de monde ! Heureusement que maman me tient la main.)
Michel s’approche en souriant, puis se met à la hauteur des yeux de Yuki.
(Elle a de très beaux iris noisette.)
« Tu grandis vite, dis-moi, Yuki ? »
(Qui c’est déjà ?)
« Euh… »
(Je me rappelle, c’est Miche… Euh, non… Michel !)
« Tu vas bientôt avoir six ans, tu es presque déjà une grande fille. »
« En effet ! Yuki pousse si vite que je dois ajuster tous ses vêtements régulièrement. »
Michel tend sa main vers Yuki, qui la saisit timidement.
« Bonjour… »
(Sa main est toute dur ! Je n’aime pas la sensation !)
« Tu es incroyable, Michel, tu ferais un excellent père. »
« Merci, Etsuko ! Vous cherchez un livre en particulier ? »
« Oui… Yuki voudrait lire les contes de Takari. »
« C’est un bon choix ! J’aime bien l’histoire. On le lisait souvent avec Mizuki. »
Michel se relève, puis guide les filles vers une étagère à gauche de Camille et Caroline. Yuki s’arrête et lâche la main d’Etsuko, qui suit Michel.
(Elles ont trop l’air concentrées.)
« Vous lisez quoi ? »
« La reproduction des aquinas, on veut tout savoir ! »
(La maman de Yuki est jolie.)
« C’est un livre détaillé sur les aquinas, tu veux le lire avec nous ? »
« Oui ! J’aime trop les aquina ! Maman ! Tu viens, je veux m’asseoir sur tes genoux. »
Michel attrape le livre dans l’étagère, puis le tend à Etsuko qui le saisit.
« Merci Michel, je vais aller m’asseoir avec les filles. »
« Bien sûr, Etsuko. »
(Je suis content que les enfants soient heureux, c’est toujours bon signe.)
Michel retourne vers Linda, tandis qu’Etsuko s’assied ; puis installe Yuki sur ses genoux.
« Regarde comme cette image est jolie, Yuki ! C’est un aquina dessiner à la main ! »
« C’est vrai qu’elle est belle, Caroline ! Tu as vu, Maman ? »
« Oui, ma puce. »
(J’aime voir le sourire de Yuki. Elle est encore timide, mais change doucement.)
Les sens de Shana guident de nouveau mes perceptions.
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