09h43
Michel descend le chemin empierré qui mène vers la sortie d’Hanakaze. Soudain, la voix énergique d’Aya retentit, brisant le silence harmonieux de la nature.
« Michel !!!! »
Il s’arrête, puis se retourne calmement. Aya le rejoint rapidement en courant, puis, avec une impulsion, lui saute au cou.
« Tu pars ? Tu rentres quand ? Est-ce que je peux t’accompagner ? »
Michel l’attrape doucement par la taille, puis la repose au sol avant de s’agenouiller à sa hauteur. Le regard d’Aya ne le lâche pas. Elle passe rapidement sa main gauche dans ses cheveux mi-longs pour les ajuster derrière son oreille, puis prend une pose confiante qui fait bouger sa robe légère.
« Je vais à la grotte de Forgiennel ! Je rentrerai dès que possible, mais toi tu dois aller l’école. »
« D’accord, Michel ! J’attendrai ton retour en préparant un gros pot de miel rien que pour toi. »
Aya repart vers le village en courant, tandis que Michel se relève et continue d’avancer.
(Déjà neuf ans et presque aussi dynamique que Mizuki au même âge.)
Les sens de Mizuki reprennent le relais sur mes perceptions.
*** *** ***
Elle est sur la place centrale et fixe un marchand du regard.
(Ses cheveux sont aussi blancs que ceux de Yumi.)
« Je m’appelle Mizuki Ashura ! Eh vous, monsieur ? »
(Cette fille ressemble beaucoup à Ayame.)
« Tu comptes acheter quelque chose, Mizuki ? »
(Ses yeux sont couverts par un voile opaque, c’est intriguant.)
« Qu’est-ce que vous vendez ? »
« Divers produits artisanaux, regarde mon étal si tu veux être fixé. »
Mizuki observe l’étal d’un œil inattentif, mais en continuant de fixer Meita qui l’observe aussi.
(Il y a deux différences majeures. Ses cheveux sont plus courts et elle est plus jeune.)
Sur l’étal on trouve des tissus en soie, des bijoux luxueux, des statuettes finement ouvragées.
(Il est fortement probable que Mizuki soit la fille d’Ayame.)
Le prénom d’Ayame est pour moi comme un vague souvenir.
(Ses iris et pupilles sont jaunes. Et puis ses oreilles sont retroussées vers l’intérieur.)
« Il y a beaucoup d’articles, mais je ne vois rien qui m’intéresse. »
« C’est moi qui t’intrigue, n’est-ce pas, Mizuki ? »
« Oui ! Vous êtes différent des gens que je connais. »
« Mon nom est Meita Jikakur ! Je suis un Michiyuki ! »
(Sa peau est entièrement noire sans aucune autre couleur.)
« C’est quoi ces broderies ? »
« Ce sont des distinctions qui représentent mon statut social. »
(Ses mains n’ont que quatre doigts.)
« Vous êtes épéiste ? Mon père et mon frère sont très fort ! »
« Mon épée est une arme de cérémonie, mais peut être utilisée pour ma défense au besoin. »
« Tu es fier d’être un Michiyuki ! Je respecte ça, mais est-ce que tu peux m’en dire un peu plus ? »
« Nous sommes des nomades habitant dans les zones désertiques. »
(Sa tunique est couverte de broderies.)
« Tes yeux ont comme un voile sombre, à quoi sert-il ? »
« Cela me permet de regarder le soleil directement, et nos mains sont adaptées à nos montures. »
« Ton peuple est fascinant, mais au fait, est-ce que tu pries aussi la déesse Mirina ? »
(Autrefois, j’ai aidé Ayame à fuir les gens qui la poursuivaient.)
« En effet ! »
« C’est cool, moi aussi ! Mon frère, par contre, pense que la déesse est un concept. »
« Cela ne change rien, mais je suis surpris de ne pas être surveillé. »
« À Hanakaze, c’est normal de faire confiance, mais est-ce que tu comptes rester un peu ? »
« J’ai d’autres endroits à visiter, mais je repasserai avant de rentrer chez moi. »
Mirina disait que les Michiyuki étaient une nécessité, pour former un lien dans un dialecte unique.
« D’accord ! On pourra discuter plus tard alors. Bonne chance pour tes ventes, Meita. »
« Merci, on se reverra peut-être effectivement, Mizuki. »
Mizuki quitte Meita en souriant, puis suit le chemin vers l’ouest. Elle emprunte ensuite celui au sud qui mène vers la sortie d’Hanakaze. Mizuki observe les haies fleuries que la brise légère fait bouger tout en avançant tranquillement. Après quelques minutes, elle s’arrête devant deux grands piliers sculptés et regarde le ciel azur où les nuages semblent être figés, mais bougent pourtant bel et bien.
« Je compte sur toi pour veiller sur tout le monde pendant mon absence, Mirina ! Merci ! »
La respiration de Tomo devient audible en même temps que ses pas rapides et son souffle saccadé.
« Mizuki ! Attends-moi ! »
Il court d’un pas effréné vers Mizuki qui l’observe tranquillement en souriant. Épuisé, il s’arrête devant elle, puis pose ses mains sur ses genoux en essayant de reprendre son souffle.
« Prends le temps de reprendre ton souffle, Tomo. »
Après un court instant, Tomo, semble aller mieux.
« C’était une sacrée course que tu viens de faire, Tomo, tu as battu ton record. »
« Je voulais te remercier encore une fois de m’avoir sauvé du fouisseur, Mizuki ! »
« C’était il y a six mois, tu n’as pas besoin de me remercier à chaque fois. »
« Je sais, mais ça m’a fait réaliser que je devais devenir aussi fort que toi. »
« Dans ce cas, que dirais-tu d’un entraînement personnalisé demain après-midi ? »
« Super ! J’ai trop hâte d’y être, mais je dois aller à l’école. À plus tard, Mizuki. »
Tomo repart vers le village en sautillant, et cette fois, il n’a pas mentionné d’être invisible. Mizuki reprend sa marche tout en pensant.
(Je devrais me dépêcher, Michel doit m’attendre.)
Ses sens laissent place à ceux de Linda.
*** *** ***
Elle est assise sur le canapé de la bibliothèque et mange une part de fraisier. Noémie s’assoit au bureau, puis commence à lire à haute voix.
« Petit monstre solitaire, dont l’ouïe est affûtée, tu te nommes Fouisseur. »
« Fouissieur, est son nom scientifique, Noémie. »
« Ok ! C’est dans les forêts que tu te caches, grâce à ton écailleuse peau verte. »
« Il possède les propriétés des caméléons. »
« Compris. Tu mesures trente centimètres, pour trois kilos et te nourris de petits animaux. »
« Il chasse avec ces griffes acérées, mais ne fais pas trop attention, ce n’est qu’une ébauche. »
« Ma prochaine patrouille commence à onze heures ! Je veux lire tout ce que tu as écrit, Linda. »
« Ne te gêne pas, mais ne touche pas à mes livres érotiques ! »
« T’inquiète pas, je ne suis pas fan du sexe entre filles. »
Noémie continue de lire tranquillement les descriptions écrites par Linda.
(J’espère que Noémie ne va pas tomber sur mon ébauche érotique.)
Les sens de Mizuki guident désormais mes perceptions.
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