10h08

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Mizuki est assise face à Michel sur une grande table de pique-nique en pierre à la croisée des chemins au sud de Hanakaze.

« Alors, tu as eu le temps de penser au premier pari de nos quinze ans, Michel. »

« Oui, mais tu risques fortement de ne pas aimer. »

Michel fixe rapidement du regard un panneau où sont indiquées plusieurs directions en kilomètres :

Ardentia 50 ; Lumina 100 ; Sud. Célestia 300 ; Ouest. Mercia 150 ; Est.

Mizuki écoute le gazouillis des oiseaux et la brise qui bouge les feuilles des arbres.

« Si tu penses que je vais te laisser gagner par abandon, tu peux toujours rêver, Michel ! »

« Très bien ! Voici les règles. Le premier qui rentre avec l’objet de sa mission respective gagne. »

« Donc, la médicina pour moi et le minerai d’argent pour toi ! Ça me va. »

« On devra s’attendre près des piliers, mais en cas d’imprévu, on laissera notre sac à dos. »

Michel sort une carte de son sac, puis la déroule sur la table. Elle contient la localisation de Hanakaze et de ses environs. Il trace une ligne avec son index que Mizuki suit attentivement.

(Mizuki va sûrement bientôt se fâcher.)

« D'abord, ton trajet : cinq kilomètres par le chemin forestier ou trois en longeant la montagne. »

« Le terrain est vraiment accidenté, mais je vais longer la montagne. »

« Tu as le choix, mais n’oublie pas que tu seras près de l’autel du dernier sacrifice. »

« Je sais, papa, ne veut pas qu’on s’en approche. »

(Mince, j’ai oublié de prendre de quoi grignoter.)

« Exact ! »

« Quelle est la distance que tu dois parcourir, Michel ? »

« Cinq cents mètres ! De plus, la route est plate et pavée. »

« Tu as donc l’avantage sur les distances. C’est un peu déséquilibré pour moi. »

« Non, car il faut également prendre en compte le temps d’exploration des lieux. »

« Explique-moi ? »

« Pour toi, c’est une forêt que tu maîtrises. Pour moi, c’est une grotte sombre. »

« Est-ce que le temps de récolte compte ? »

« Excellente observation ! Cueillir des plantes et extraire du minerai d’argent est très différent. »

« Est-ce qu’il y a autre chose à prendre en compte ? »

« Il y a énormément de facteurs divers, comme notre condition physique et mentale. »

(Michel pense vraiment à tout !)

« Quoi d’autre ? »

« Notre charge d’équipement de départ, les types de terrains, les rencontres fortuites. »

« Bon d’accord, mais que devra faire le perdant ? »

« C’est simple, il devra satisfaire la demande du gagnant ! Je veux que tu portes une robe. »

Mizuki se lève brusquement, le regard sombre et la voix tremblante de colère. Malgré cela, Michel reste calme et déterminé.

« Tu sais parfaitement que je déteste porter des robes ! Cette idée est stupide ! »

« Eh bien ! Tu avoues déjà ta défaite, c’était une victoire facile. »

(Comme le fait de te manipuler, mais c’est pour ton bien, petite sœur.)

« Quoi ! Non… Je t’interdis de me sous-estimer ! »

« Te sous-estimer, mais je ne ferais jamais ça, voyons. »

Michel est donc manipulateur, cela me fait penser à Mirina.

(Mizuki a toujours eu cette aversion pour les robes sans même savoir pourquoi.)

« Très bien ! Quand j’aurais gagné, je te choisirai une robe sexy et tu regretteras ton choix ! »

Mizuki observe Michel avec attention, mais il reste parfaitement calme. Après un léger instant, elle soupire légèrement, puis sourit de nouveau tout en serrant la main de Michel.

« Avant de partir, je vais te montrer une amélioration du mizuara. Essaye de m’attaquer ! »

« D’accord ! Après tout, je suis toujours prêt à m’améliorer. »

Ils se déplacent vers une zone dégagée non loin de la table, où l’herbe est rase. Quelques pierres délimitent la zone, comme pour marquer un terrain. Mizuki reste détendue et immobile au centre, mais maintient son regard posé sur Michel qui dégaine son épée sans précipitation.

« Ne te retiens pas, d’accord ! Je vais me contenter d’esquiver au dernier moment. »

« Ne t’en fais pas, ce n’était pas mon intention. »

Michel s’élance subitement d’un pas éclair, puis soulève son épée d’un geste vif et l’abat sur elle.

« Pas mal ce mouvement, mais je l’avais vu venir ! »

Mizuki effectue une légère impulsion pour faire un quart de tour afin d’esquiver, tout en pensant.

(C’était juste. La lame est passée vraiment près de ma poitrine et j’ai failli abîmer mes vêtements.)

Michel incline son épée à quarante-cinq degrés avant de la remonter vivement vers Mizuki.

« Ce mouvement aussi est sympa, mais trop prévisible ! »

Avec un pas léger vers l’arrière, Mizuki incline son buste. Michel pense rapidement sans s’arrêter.

(Cette fois, la lame a frôlé son visage à moins d’un centimètre. Mizuki prend trop de risques.)

Mizuki reste parfaitement calme, et affiche un large sourire.

« Alors, tu ne peux pas faire mieux que ça ? »

Michel remet son épée à l’horizontale, puis enchaîne une entaille au niveau du torse de Mizuki.

(C’est une blague ! Pourquoi elle se laisse tomber ?)

Alors que son dos s’apprête à toucher le sol, Mizuki effectue un salto arrière, puis se relève d’une impulsion.

« Alors ! Tu en penses quoi, surpris ? »

Michel observe Mizuki avec une concentration intense, et tous les deux sont calmes et attentifs.

« Tu es plus rapide qu’avant, mais j’ai encore une surprise. »

« Je suis impatiente, montre-moi ! »

Michel abat une première attaque diagonale sur la droite.

« Je croyais que c’était une surprise ? »

Alors que la lame frôle son visage, Mizuki effectue un léger pas en arrière pour l’esquiver.

(Je l’ai eu ! Elle vient de me sous-estimer !)

Il incline son épée à quatre-vingts-dix degrés, avant de la faire remonter d’un geste rapide.

« C’était bien pensé, mais je l’avais vu venir. »

Mizuki se tourne pour accompagner le mouvement, mais les attaques de Michel s’enchaînent tout comme ses pensées.

(Pas question de relâcher la pression !)

Mizuki accompagne chaque geste d’une esquive, tout en tournant en cercle.

(Bon sang, j’ai la tête qui tourne !)

Michel s’arrête pour reprendre son souffle alors que Mizuki reste calme.

« Alors ! Est-ce que ça t’aide ? »

« Oui. Le mizuara est incroyable ! »

« Tu l’imites plutôt bien, mais tu perds du temps à calculer tes gestes. »

« Je sais, mais dis-moi, tu n’es même pas essoufflé et tu ne transpires pas. »

Mizuki fouille dans son sac, puis sort une serviette qu’elle tend à Michel.

« Merci. »

« Tu as remarqué, hein ! Ça a commencé juste après mes premières règles. »

« C’est sûrement lié à ton entraînement, donc ne te fais pas d'idées. »

« Tu sais, je pense que mon entraînement n’est pas l’unique raison. »

« Ah non ! Tu ne vas pas remettre ça, Mizuki, ça fait trois ans que tu persistes ! »

« Mais il est possible que je ne sois peut-être pas entièrement humaine après tout. »

« Écoute ! L’origine de tes parents biologiques n’a aucune importance, tu es ma petite sœur ! »

« Je suis totalement d’accord ! Il est temps de s’y mettre, bonne chance, Michel. »

(Eh voilà ! Elle s’arrête jusqu’à la prochaine fois.)

« Bonne chance, Mizuki. »

Mizuki part vers l’ouest en courant, tandis que Michel marche vers le sud calmement. Une dernière pensée qu’il émet me parvient pendant que ses sens s’effacent pour aller sur ceux d’Aya.

(Pourquoi Mizuki a cette idée saugrenue ? Même si c’est vrai, cela ne change rien pour moi.)

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