13h18
Son regard fixe des portes vétustes, tandis que ses jambes s’agitent dans un mouvement rapide de balancier. Elle sourit légèrement face à une ancienne église. Le coût de déplacement est élevé… Mon ERA n'est plus qu'à 648/999. J’espère qu’il n’y en aura pas trop comme ça.
(Je me demande si ma grande sœur va venir, j’ai tellement hâte de la rencontrer !)
Les murs fissurés sont couverts de lierre, une partie des vitraux est brisée sur l’herbe. La cloche gît au sol, mais Miki est assise sur ce banc et attend avec une impatience puissante.
(J’en peux plus d’attendre ! C’est pour quand ?)
C’est étrange, j’ai presque l’impression…
(Allez, j’en peux plus !)
Mes perceptions passent sur les sens de Mizuki.
*** *** ***
Elle essuie doucement, avec son pouce, les larmes qui perlent aux coins des yeux de Shana. Mon ERA a encore chuté rapidement, même si j'ai encore de la marge ; il devient de plus en plus urgent que je trouve comment gérer mes déplacements.
« Merci… Tu m’as sauvé la vie ! J’ai eu si peur… »
Brusquement, Shana enlace vigoureusement Mizuki qui lui rend chaleureusement son étreinte.
(Je dois d’abord l’aider à se calmer.)
« Je m’appelle Mizuki Ashura, et toi ? »
Mizuki fixe Shana dans les yeux avec un regard calme et doux.
« Merci… Mizuki… Tu m’as sauvée, sans toi je… »
Les sens de Noémie prennent le relais sur mes perceptions.
*** *** ***
Elle marche avec Elias sur le chemin de ronde derrière le lavoir. Tous deux sont attentifs aux alentours, mais cela ne les empêche pas de discuter joyeusement.
« Dis, Elias, tu crois que tu vas te trouver un petit ami au village ? »
« Aucune idée ! »
« On dirait que tu n’es pas pressé ? »
« Je ne dirais pas ça, mais c’est juste qu’ici personne ne me critique ou ne me rejette. »
« C’était différent à Aritia ? »
« Oui, mais on a déjà abordé le sujet ce matin, tu te rappelles ? »
« Je sais, mais j’arrive pas à croire qu’on puisse juger quelqu’un pour ce genre de chose. »
« Chacun a ses propres pensées et les critiquer ne nous rendra pas meilleurs. »
« Tu trouves toujours comment justifier l’injustifiable ! »
« Ils ont le droit de ne pas m’accepter, mais depuis quand utilises-tu des mots compliqués ? »
« Oh, j’ai entendu Linda le dire ! Dans tous les cas, ce sont juste des idiots s’ils te rejettent. »
« Nous avons tous un jugement de valeur différent, Noémie, il est important de respecter cela. »
« Moi, je juge que c’est des idiots ! De quel droit, il ose critiquer ton orientation sexuelle ! »
« Ce ne sont pas tant les individus, mais la société dans son ensemble qui pose ces jugements. »
« Dans ce cas, la société est bizarre. »
« Sûrement, mais il ne faut pas s’arrêter à cela et toujours être soi-même. »
« Tu peux compter sur moi ! Je te soutiens ! »
« Merci, mais on va prendre le temps d’expliquer notre ressenti, sans les forcer à nous accepter. »
« Hanakaze sera l’endroit le plus tolérant du monde, je suis sûr que les villageois seront d’accord ! »
Mes perceptions passent sur les sens de Shana.
*** *** ***
Elle est plus calme et tient ses mains sur celles de Mizuki.
(Mizuki est couverte de sang.)
« Merci encore de m’avoir sauvée, Mizuki ! Je m’appelle, Shana Elliot. »
(Le visage de Shana est couvert du sang des grikans.
« Tu peux me dire ce qui s’est passé ? »
« Je suis une aventurière de rang fer et nous cherchions une femme kidnappée par des bandits. »
« Est-ce que vous l’avez trouvée ? »
(J’espère que cette femme n’a rien !)
« Malheureusement non. Pour le moment, je ne suis pas en état de la chercher. »
« Je comprends, mais qu’en est-il des grikans ? »
(C’est une vraie boucherie, j’ai été trop lente !)
« Ils nous ont embusqué, mais si j’avais été plus vigilante et remarqué leurs présences… »
« Tu n’as pas dormi depuis combien de temps, Shana ? »
« Pourquoi cette question ? »
« Parce que je suis sûr que ce n’est pas ta faute. »
Mizuki sourit à Shana et lui caresse la joue délicatement.
« Sans sommeil, ce n’est pas facile d’être attentif ou réactif. »
« Environ deux jours… Parce que j’ai dû monter la garde à la demande de Karl. »
« Tu pourras te reposer ce soir, mais au fait, tu as dit que tu étais une aventurière ? »
« Depuis neuf mois, mais j’ai l’habitude des groupes expérimentés, et là… Je voulais les aider. »
(Shana sent l’urine, mais je ne vais rien dire.)
« Je suis désolée pour tes compagnons. »
« Merci, Mizuki. Au fait, quel est ton rang ? »
« Un rang ? »
« Ton rang d’aventurière ? »
« Je ne suis pas une aventurière. Je compte devenir herboriste. »
« Je comprends, mais tu es tellement forte. »
(Il faut que je fouille les corps des grikans…)
Shana se déplace machinalement près d’un grikan, puis s’agenouille pour fouiller ses brassards.
« Qu’est-ce que tu cherches exactement ? »
« Des ressources, c’est important de récupérer ce qu’on peut trouver. »
Mizuki se rapproche, puis commence à l’imiter.
« J’ai peut-être été un peu… »
« Non, tu as bien fait, Mizuki ! »
(Je vois bien que Shana essaie de s’occuper pour ne pas réfléchir.)
Mes perceptions passent sur les sens d’Annie.
*** *** ***
Elle range méticuleusement les cheveux coupés dans des petits sacs étiquetés, tandis que Richard entre en sifflotant dans le salon de coiffure.
« Bonjour, Annie. Est-ce que Mélanie est là ? »
« Bonjour, Richard ! Elle est à l’étage, tu veux qu’elle s’entraîne sur toi ? »
(Je me demande pourquoi Annie fait ça ?)
« Bien sûr, je veux pouvoir l’aider à progresser. »
« Mélanie ! Ton amoureux est là ! »
Une porte claque à l’étage. Les pas hâtifs de Mélanie se font entendre dans les escaliers.
« Maman ! Arrête ça ! Tu ne dois pas le crier de cette façon, tu embarrasses Richard. »
Selon le registre de Linda, Mélanie a dix-neuf ans, Richard vingt-deux et Annie quarante-deux.
« Désolée Richard, ce n’était pas mon intention ! Allez, Mélanie, je te laisse t’en charger. »
« Bien sûr, maman. Assieds-toi, Richard. »
(Ses cheveux sont déjà trop bien entretenus.)
Richard s’assied dans l’une des chaises, puis penche légèrement sa tête en arrière.
« Au fait, Annie, pourquoi tries-tu toujours les cheveux aussi méticuleusement ? »
« Parce que c’est une ressource de qualité, les cheveux peuvent servir à faire des perruques. »
« Selon Aurélie, ils sont aussi une bonne source de fertilisant. »
« Exact, Mélanie, mais ils doivent être mélangés à d’autres produits. »
« C’est impressionnant ! Je ne verrai plus jamais mes cheveux de la même façon. »
Mélanie prépare un shampoing, tandis qu’Annie continue d’organiser le rangement des cheveux.
« Ne regarde pas ma mère, Richard ! »
(Maman est tellement belle !)
« Désolé, mauvais réflexe. »
(Mélanie a les mêmes iris qu’Annie.)
Mélanie met rapidement une serviette sur Richard, puis commence un shampoing fruité.
(Les mains de Mélanie sont douces et ses cheveux glissent sur ses épaules à chaque mouvement.)
(Ma fille est jalouse, on dirait, mais je la comprends.)
Le visage ovale souriant de Mélanie se reflète dans le miroir, tandis qu’elle applique le shampoing.
« Au fait, Mélanie ! Tu n’aurais pas pris mon ancien uniforme de coiffeuse par hasard ? »
« Si, et il me va parfaitement comme Etsuko l’a ajusté à ma taille ! »
« Tu insinues que ta mère est petite ! »
(Mélanie, à mon caractère, et j’en suis très fière.)
« Je n’insinue rien, je constate ! »
(J’aime ces moments avec maman. Je nous sens unis.)
Mélanie et Annie se sourient rapidement, puis se concentrent sur leurs activités respectives.
(Eh voilà ! Ça recommence, encore, mais je n’arrive pas à savoir si elles se disputent ou s’amusent.)
Les sens de Mizuki guident de nouveau mes perceptions.
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