19h07
Michel regarde Shana lui sourire alors qu’ils sont sur le pas de la porte de la forge.
« On dirait qu’on a beaucoup discuté, mais ce fut très agréable. »
« Tu as raison, Kuroki, viens, Shana, je vais te montrer le chemin jusqu’à chez moi. »
« D’accord, Michel ! Merci Kuroki, je suis contente d’avoir pu parler de mon père. »
« Moi aussi, mais repasse quand tu veux, Shana. »
Michel reste proche de Shana, sans la toucher, mais ils se regardent chacun furtivement.
« Tu as l’air fatiguée, Shana ? »
(Sa peau semble délicate, mais je vois qu’elle s’entraîne beaucoup.)
« Une nuit de sommeil me fera du bien. »
(Michel s’inquiète pour moi, et ça me rend heureuse.)
Mes perceptions reviennent sur les sens de Mizuki.
*** *** ***
Elle est assise sur une surface confortable et respire d’un souffle léger. Soudain, la lueur d’une bougie éclaire la pièce et elle ouvre les yeux. Elle se trouve dans le salon, sur le canapé.
« On dirait que ta journée était épuisante pour que tu fasses une sieste, tu veux m’en parler. »
Kenji s’assoit sur le canapé, puis pose une main chaleureuse sur l’épaule de Mizuki.
« Il s’est passé tellement de choses, Papa ! Je ne sais même pas par où commencer. »
(Elle a dû passer une journée compliquée vu l’état de ses vêtements.)
« Eh bien, par le début. »
Mizuki se met à rire, puis commence à raconter sa journée en parlant de chaque détail. Alors qu’elle mentionne les grikans, Kenji la saisit vigoureusement par les épaules, ce qui la fait sursauter.
« Est-ce que tu vas bien ? Tu n’es pas blessée ? »
(Papa a l’air effrayé, c’est la première fois.)
« Ça va, je n’ai même pas une égratignure. »
« Je suis content de l’entendre. »
(Ces vêtements sont sales, mais je ne m’attendais pas à ça.)
« Tu sais, j’aurais préféré éviter de les tuer. J’ignore pourquoi je me suis emportée comme ça. »
« Je vais être très claire : si tu vois un grikan, ne réfléchis pas, et tue-le ! »
« Mais, tous les grikans ne sont pas forcément mauvais, Papa. Certains doivent être amicaux, non ? »
« J’ai suffisamment d’expérience pour savoir qu’il n’y a rien de bon chez ces monstres. »
« Il doit quand même y en avoir des gentils ? C’est obligé, ils ne peuvent pas tous être méchants. »
« Inutile de prendre des risques, mais je suis fier de toi, Mizuki. Tu as sauvé une vie. »
Mirina parlait des grikans comme d’un mal pour un bien.
« Papa, pourrais-tu me parler des grikans ? Sont-ils tous si terribles, au-delà de leur apparence. »
« Je comprends ta curiosité, mais on en parlera quand Michel et Shana seront la. »
Mizuki se lève d’un bond, puis se précipite dans le couloir, tandis que la porte d’entrée s’ouvre. Elle court rapidement vers le vestibule, puis s’incline devant Michel.
« Je suis désolée de m’être emportée. »
(J’espère que Michel ne m’en veut pas, j’ai été trop loin.)
Elle reste inclinée devant Michel et Shana qui la regardent calmement.
« C’est plutôt à moi de m’excuser, mais ne t’inquiète pas, j’ai déjà commandé ta robe à Etsuko. »
Mizuki relève la tête avec un large sourire, puis elle serre la main de Michel fermement.
« Parfait, je respecterai notre pari. Même si je n’ai pas envie d’en porter une. »
« Bien, parce que le design que j’ai imaginé va te plaire. »
« On verra… Au fait, Shana, j’ai demandé à Henri d’aller chercher le corps de tes compagnons. »
« Merci, Mizuki. Je suis soulagée de voir que votre différend est réglé. »
« Moi aussi. Désolée de t’avoir inquiété, pour ce soir tu dormiras avec moi. »
(C’est la première fois que je dors avec quelqu’un, je suis excitée.)
« D’accord, ça me va, Mizuki. »
« Bon, je vais préparer le dîner. »
« Je vais vous aider, monsieur ! J’ai très envie de cuisiner. »
« Appelle-moi, Kenji, Shana. »
« D’accord, Kenji. »
« Je vais mettre la table, tu me donnes un coup de main, Mizuki ? »
« Bien sûr, Michel ! J’ai hâte de goûter à ta cuisine, Shana. »
Ils se dirigent tous vers la cuisine. Shana trouve rapidement ses marques grâce aux indications de Kenji.
« Tu te débrouilles très bien en cuisine, Shana. »
(Sa dextérité et sa précision sont évidentes !)
« Merci Kenji, c’est ma mère qui m’a tout appris. »
(Il doit avoir l’habitude de cuisiner.)
« Que fait-elle ? »
(Cela serait utile que Shana s’installe au village.)
« C’est propriétaire d’un restaurant à la capitale. »
(J’ai déjà l’impression que Shana fait partie de la famille.)
« C’est bon, la table est prête. »
« Merci, Michel ! »
Shana dépose une salade composée sur la table, puis du riz basmati avec de la viande de cocin, et pour accompagner le repas, Michel sort un vin fruité à la menthe.
« Shana, Mizuki m’a dit que tu étais une aventurière de rang fer. C’est impressionnant à ton âge. »
« Pas vraiment ! Sans Mizuki, je ne serais plus là. Au fait, quel était votre rang, Kenji ? »
« Eh bien, j’ai été promu au rang argent, juste avant que je n’arrête. »
« Papa, je pourrais atteindre quel rang si je devenais une aventurière ? »
« Avec tes capacités, Mizuki, tu aurais le rang argent, mais tu serais vite limité sans magie. »
« Qu’en est-il pour moi ? »
« Si tu arrives à contrôler ton élément, Michel, tu pourrais passer rang or. »
(Argent ? J’aurais dit, or, pour Mizuki, mais Kenji la connaît mieux que moi.)
« Dans ce cas, je vais inventer de nouvelles techniques pour surpasser mon manque d’éléments. »
« Je ne doute pas une seconde que tu puisses le faire, Mizuki. »
« Je vais me concentrer sur mon escrime, je ne contrôle pas encore mon ERA pour le moment. »
« Changeons un peu de sujet, et parle-moi un peu de ta journée, Michel. »
Michel commence à raconter ce qu’il a vécu, et tout le monde est attentif.
« Si tu as trouvé une émeraude contre ce géomorphe, cela indique un niveau intermédiaire. »
« Est-ce que c’est impressionnant qu’il l’ait battu, Papa ? »
(Émilie, notre fils, est extraordinaire.)
« Oui, car il était seul. »
(La viande de cocin est trop bonne, c’est comme si je mangeais du porc mais avec la tendresse du veau et le goût du bœuf. Le vin a un arôme délicat avec une odeur mentholée. En plus, le riz est tendre, mais craquant et fond sous la langue.)
« Merci Papa, le combat n’a pas été simple. »
(Shana est vraiment belle !)
(Michel n’arrête pas de tourner son regard vers Shana, il est évident qu’il a un coup de foudre.)
« Michel, c’est quoi cette histoire de bijou ? Ça ne fait pas partie de notre pari. »
« Je sais, mais j’aimerais que tu le portes avec la robe. »
(Il rajoute des choses sans mon accord, et je n’aime pas ça.)
(J’aurais dû lui demander son avis, mais je n’avais pas prévu de trouver cette émeraude.)
« Bon d’accord, après tout tu t’es donné du mal. »
« Shana, ta façon de manger est très différente de la mienne, tu tiens tes couverts étrangement. »
(Je n’y crois pas, voilà qu’il m’ignore encore !)
« C’est ma maman qui m’a enseigné l’étiquette, elle reçoit souvent des nobles dans son restaurant. »
« Papa, est-ce que tu as déjà entendu parler d’un aventurier qui s’appelle Alaric ? »
« Seulement de nom, Mizuki, mais c’est un célèbre aventurier de rang platine. »
(Dommage Kenji ne sait rien, mais tout le monde ne peut pas connaître mon père personnellement.)
« Mizuki. Je pense qu’il est temps qu’on parle des grikans plus en détails. »
« Oui, je veux en savoir plus et comprendre pourquoi ils sont aussi violents. »
« Leur chef est un Chog. Il dépasse les deux mètres avec un corps massif, une peau noire et épaisse, des muscles extrêmement développés. Son visage large est brutal, avec des traits anguleux et des yeux rouges. Il peut broyer des rochers sans armes, et se bat avec une hache forgée dans un lourd métal sombre. »
(C’est un sujet sérieux, et je vais la pousser à prendre conscience du danger.)
(Il a l’air fort, je me demande si je peux le battre.)
« Est-ce que tous les Chogs se ressemblent ? »
« Ils ont tous des similitudes, Mizuki, mais les Chogs sont juste un type de grikans spécifique. »
(Shana affiche un regard nerveux, mais je ne sais pas comment la rassurer.)
« Le Chog est toujours entouré par ses lieutenants, les Kariss. »
(Il faut vraiment que je progresse, car je suis loin d’être à la hauteur pour un tel combat.)
« Comment on les reconnaît, les Kariss, Papa ? »
(C’est étrange, pourquoi j’ai envie de l’affronter.)
« En moyenne, un grikan mesure cent trente centimètres, un Kariss est plus grand de quarante. »
« Il y en avait un parmi ceux qui nous ont attaqués, les autres l’appelaient, Grigs. »
« Je vois… »
(Ce n’est pas bon signe, le Chog ne doit pas être loin tout comme le Skar d’ailleurs.)
« Si je comprends bien, ils sont organisés au combat. »
« En effet, Michel, ils se battaient avec férocité et agilité et ont leur propre langue. »
« Est-ce qu’ils vénèrent Mirina ? »
(Après tout, c’est la seule déesse qui existe, enfin je crois.)
« Non, Mizuki, ils vénèrent un sombre dieu maléfique qui exige des sacrifices. »
« Si je comprends bien, l’autel du dernier sacrifice était un de leurs lieux de culte ? »
« En effet, Michel, mais il n’est plus utilisé depuis longtemps. »
« Papa, comment s’appelle leur dieu ? En quoi est-il différent de Mirina ? »
« Il s’appelle Khaos. Il aime les conflits, la mort et la souffrance. »
Ce nom ne m’est pas inconnu, mais impossible de savoir où je l’ai entendu.
« La religion des grikans semble au cœur de leur culture ? »
« Exact, Michel. Ils sont prêts à tout pour satisfaire leur dieu. »
(Je me demande jusqu’où elle est différente de la nôtre.)
« Que font-ils dans leur culture, Papa ? »
« Une de leurs traditions est la cérémonie du sang qui exige des sacrifices pour leurs victoires. »
« C’est horrible, comme religion. »
(Il faut que je m’adapte en fonction, donc j’ai besoin d’information.)
« Quel type d’unité ont-ils ? »
« Archer et mêlée, ils combinent ces compétences pour former des groupes d’assaut redoutables. »
« S’ils n’ont pas de tank dans leurs groupes, leurs ouvertures devient énorme ? »
(J’ai eu vraiment de la chance, sans Mizuki je n’ose même pas imaginer ce que j’aurais subi.)
« Inutile de penser ça, car ils préfèrent charger que défendre, ce qui les rend très brutaux. »
« Connais-tu leur langue, Papa ? »
« Oui, Michel. C’est difficile de savoir ce qu’ils vont faire sinon. »
(Michel essaie d’imiter ma façon de manger, c’est mignon !)
(Je pense que Shana aussi est amoureuse de Michel. J’ai eu ce type de coup de foudre pour Émilie.)
(Papa sait tellement de choses, c’est vrai qu’il a beaucoup d’expérience.)
« Qu’en est-il de leur méthode de reproduction ? »
« Pourquoi tu veux savoir ça, Michel ? »
« Parce que c’est un point essentiel dans une guerre ! »
« Elle est liée à leur culture et à leur religion. Ils croient que la procréation est un acte sacré qui doit être accompli sous le regard de leurs prêtres et leurs rares femmes sont vénérées. »
(Je comprends mieux pourquoi les aventuriers avec qui j’ai voyagé disaientt toujours : les grikans sont les pires créatures qu’on peut rencontrer.)
(Les grikans font des choses tellement horribles.)
Je me souviens d’un chercheur voulant assister à chaque accouplement.
« Si je comprends bien, elles sont chargées de donner naissance aux futurs guerriers de la horde. »
« Exact. »
(Même avec de la bonne volonté, il nous sera impossible de négocier avec les grikans. Il faudrait les exterminer)
« Quelle est la durée des grossesses ? »
« Courtes. Les nouveau-nés grandissent vite. »
« Dans ce cas, leur nombre devrait nous submerger ! »
« Non, car dès leur plus jeune âge on leur enseigne la mort. »
« Je hais les grikans ! Ils sont monstrueux. »
« C’est aussi mon cas, Shana. »
(Je pense encore que certains grikans doivent être gentils. Une espèce, ce n’est pas qu’un individu.)
(J’en ai encore de mauvais souvenirs. ils sont rapides, puissants et n’ont aucune peur de la mort.)
(J’ai peur de la réponse, mais je dois savoir.)
« Papa, est-ce qu’ils le fond aussi avec des humains ? »
« Oui, Mizuki. Ils peuvent se reproduire avec les autres races sans problème. Cependant, ils considèrent les femmes capturées comme des trophées de chasse et n’hésitent pas à recourir aux mutilations et amputations pour les transformer à leurs goûts. »
(C’est donc ça que j’aurai subi si Mizuki ne m’avait pas sauvée. Je… Non, je ne veux pas y penser.)
« Ces grikans sont des monstres, aucune chance qu’on puisse s’entendre ou discuter avec eux. »
Mirina disait… Ce type n’est pas net et ne cherche pas notre survie.
(Quand j’écoute papa, je comprends qu’il a souffert, mais...)
« Je suppose que c’est à chaque fois un grikan qui naît ? »
« Exact, Michel, mais on doit aussi parler du Skar. »
« J’ai entendu dire qu’il utilise la magie noire pour contrôler l’esprit des plus faibles. »
« En effet, Shana. Ils les forcent à participer à des rituels sanglants et dégradants. »
(Non, je refuse de croire qu’ils sont tous mauvais !)
« Selon moi, il est bien plus dangereux que le Chog, même si beaucoup le sous-estiment. »
« Est-ce aussi un type de Grikan ? »
« Oui, Michel. Son aspect est différent. La première fois que j’en ai vu un, j’avais dix-sept ans. »
« C’était à tes débuts en tant qu’aventurier, peux-tu m’en dire plus ? »
(Ces souvenirs me hantent, mais Mizuki doit comprendre pourquoi il ne faut pas hésiter à les tuer.)
« Notre mission était de porter secours à un village assiégé par une horde de grikans. Il massacraient les habitants et enlevaient les mères ainsi que leurs enfants pour les emmener dans leur repaire. »
(C’est horrible, mais…)
« On a réussi à les repousser, mais ce fut un carnage avec plus d’une trentaine de morts. »
« Ils ont fui ? »
« Non, ils ont seulement pris ce qu’ils voulaient. »
« Les femmes et les enfants ? »
« En effet, Shana. C’est pour ça qu’on les a suivis jusqu’à une sombre caverne sinistre et sinueuse.
(Je sais que papa dit vrai… Cependant, la vie n’est pas qu’une série d’événements !)
« Nous avons découvert un véritable enfer, avec des femmes enchaînées et torturées. Certaines étaient forcées de trancher la gorge de leurs enfants, tandis que les grikans riaient en se vantant de leurs exploits et en exhibant fièrement les trophées de leur cruauté. »
« Vous les avez sauvés, n’est-ce pas ? »
« Oui, Michel, mais les survivants étaient traumatisés. Ils ne s’en sont jamais remis. »
(Je dois rester positive, il y a sûrement du bon chez eux.)
(Ça a dû être horrible pour papa de vivre ça, et il est vraiment fort pour le supporter.)
(Kenji est un aventurier hors pair, je pourrais lui demander des conseils pour progresser.)
(En tout cas, ses monstres sont abjects ! Si Hanakaze était attaqué… Je dois devenir plus fort.)
(Dans tous les cas, les grikans sont vraiment des monstres ! Je les tuerais tous si je le pouvais.)
« C’est quand j’ai vu le Skar exiger des mères qu’elles égorgent leurs enfants en riant que j’ai compris la dangerosité de la culture grikans. »
« Je crois que j’en sais assez pour le moment ! Je vais aller me coucher, tu viens, Shana ? »
(Je vois que je l’ai mise mal à l’aise, mais c’est pour son bien.)
(J’espère que je ne vais pas faire des cauchemars.)
« Oui, je te suis, Mizuki. »
(Je me souviens aussi que ce jour-là, j’ai su que je devais apprendre leur langage et c’est pourquoi j’ai capturé un grikan pour le forcer à m’apprendre, mais je ne vais pas leur parler de ça vu les choses que j’ai dû faire.)
(Je me sens mal, mais je suis également très excitée, ce qui me donne envie de vomir.)
(J’aimerais être à la place de Mizuki en ce moment, car dormir avec Shana doit être génial.)
(Je me demande vraiment pourquoi il y a chez moi deux émotions contradictoires.)
Les filles quittent la cuisine avec calme et longent le couloir, puis montent l’escalier d’un pas léger. Elles entrent dans la chambre de Mizuki avec calme. Mizuki se déshabille, puis met ses vêtements dans le panier de linge sale, avant de se tourner vers Shana en souriant.
« Allez, Shana, tu ne vas pas dormir toute habillée. »
(Mizuki ne porte pas de soutien-gorge ?
« Non, bien sûr. »
Mizuki se glisse énergiquement sous la couverture, tandis que Shana retire ses vêtements.
« Allez viens, Shana, ne sois pas timide ! »
(Elle prend le temps de les plier après tout ça !)
Shana se glisse également sous la couverture, tandis que Mizuki plaque ses seins sur son dos.
« On est un peu serrées, Mizuki ! »
(Cette proximité est gênante, mais réconfortante.)
« Oui, mais c’est confortable. »
(Shana a vraiment la peau douce, j’aime son contact.)
« Ta main est sur mon ventre ? »
(C’est bizarre, mais je me sens vraiment en sécurité.)
« Est-ce que ça te gêne ? »
(Sa respiration est vraiment rapide.)
« Non ! En fait, c’est rassurant. »
(Bien sûr que ça me gêne, mais je ne veux pas qu’elle me lâche.)
Mes perceptions passent sur les sens d’Annie.
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