06h05
Mizuki enfile ses vêtements, tout en riant avec Shana.
« Je vais aller m’exercer un peu dans la cour ! Tu vas faire quoi, Shana ? »
« Je vais aller laver le linge, tu peux me dire où c’est ? Je visiterai aussi le village comme ça. »
« Dirige-toi sur la place centrale, puis vers le salon de coiffure et longe le chemin à l’est. »
« Merci ! Au fait, est-ce que je peux utiliser la cuisine ? »
« Tu peux faire comme chez toi. »
(J’ai hâte de goûter les bons petits plats de Shana.)
Shana attrape hâtivement le panier de linge sale, tandis que Mizuki la suit tout en pensant.
(J’ai hâte de voir ce dont je suis capable.)
Les sens de Tomo me guident alors qu’il s’apprête à quitter l’auberge en souriant.
*** *** ***
« J’y vais, maman ! Je dois me mettre en forme pour cet après-midi, Mizuki va m’entraîner. »
Alors que Tomo crie à plein poumon, mes perceptions passent sur les sens de Yuna.
*** *** ***
Elle soupire légèrement en descendant l’escalier, puis s’approche de la porte encore ouverte.
« Et voilà ! Comme d’habitude ! Mon crétin de fils ne pense même pas à me faire un bisou. »
Lucas et Léa remontent le chemin et s’approchent calmement de Yuna qui leur sourit.
« Bonjour Yuna ! Tomo a l’air en forme ce matin, et il court de plus en plus vite. »
« Je parie qu’il t’en fait baver, Yuna. »
« Tu n’imagines même pas, Léa, mais ça reste un gentil garçon. Vous partez chasser ? »
« Exact ! On a repéré de nombreuses pistes hier. Il faut aussi qu’on relève les pièges. »
« En tout cas, je suis content qu’on n’ait pas à assumer notre travail de garde à plein temps. »
« C’est vrai que vous êtes chasseur à la base. »
(Ils ont la même coupe courte, c’est mignon.)
« Kenji a raison, Lucas, c’est important qu’on soutienne les gardes avec nos compétences. »
« Je sais, Léa. En plus, garde à mi-temps, c’est pas mal. On se fait un meilleur salaire. »
« Quitte à discuter, venez manger quelque chose à l’intérieur. »
« Avec plaisir, Yuna, un bon petit déjeuner n’est pas de refus. »
« Je suis totalement d’accord, Léa. »
Yuna entre dans l’auberge suivie par Léa et Lucas. D’après le registre de Linda, ils sont mariés. Yuna les installe rapidement à une table, puis récupère de la cuisine des croissants au beurre, de la confiture de fraise ainsi que du jus d’orange et du café. Enfin, elle s’installe avec eux.
« Je suis curieuse, vous l’avez déjà fait, non ? Je parle de sexe. »
(J’adore ses croissants au beurre et la confiture de fraise.)
« Bien sûr, on le fait régulièrement. »
« Et tu n’as pas peur de tomber enceinte, Léa ! Tu sais, il y a des risques de maladie pour le bébé ? »
Une note personnelle du registre de Linda indique qu’ils sont jumeaux. Ils ont vingt-sept ans.
« Oui, on sait. On nous le répétait sans arrêt et nous disait que notre relation n’était pas saine. »
« Il est vrai qu’avoir un bébé est plus risqué, mais ça ne signifie pas qu’il sera malade. »
« Grâce à Kenji, nous avons pu nous marier officiellement. »
« Je sais, Léa, mais à la moindre vérification, la supercherie sera visible. »
« C’est vrai, Yuna, mais tant qu’on reste discret, personne ne pose de question. »
« Sans vous juger, j’ai quand même des doutes sur la relation que vous entretenez. »
« Je suis prête à tous les contredire ! »
« Que ferez-vous si vous avez un enfant et qu’il naît malade ? »
« On l’aimera et on le protégera, comme n’importe quels parents ! »
« En plus, on se protège à chaque rapport, pour limiter les risques. »
« J’en ai parlé avec Lucas. On peut tout à fait adopter un bébé, plutôt que de le concevoir. »
« Votre relation est-elle vraiment saine d’un point de vue psychologique ? »
« Autant qu’une autre ! Il y a des couples dits ‘normaux’ qui sont dysfonctionnels. »
« Lucas a raison ! Violence, adultère, mariages forcés. Beaucoup de divorces. »
« Avez-vous pensé que vous pourriez être isolés ? »
« Oui, c’était d’ailleurs le cas pendant plusieurs années, mais on s’est toujours soutenu. »
« Même nos parents nous ont rejetés, mais ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on abandonne. »
« Avez-vous un véritable motif derrière votre union ? »
« On s’aime, on se comprend, et on se sent bien ensemble. »
« Ce qui est plus que suffisant pour moi et Lucas. »
« Votre lien n’est-il pas aussi influencé par votre entourage ? »
« Évidemment, mais c’est le cas pour tout le monde. »
« Tes doutes sont légitimes, Yuna, et on est ouverts pour en parler sans tabou, mais j’aime Léa. »
« Des doutes ? Oh, pardon, je vous taquinais. En fait, vous avez mon soutien. »
« Merci, Yuna. »
« Léa et moi avons des rapports, bien sûr, mais c’est notre relation émotionnelle qui prime. »
« Lucas a raison, le sexe est juste un petit plus. »
« Vous pourriez vous en passer ? »
« Si c’est nécessaire pour qu’on reste ensemble, sans hésiter. »
« Je suis d’accord avec Lucas. Le sexe est agréable, mais ce n’est qu’une partie de l’amour. »
« Totalement d’accord avec toi, Léa, vous êtes super tous les deux. »
Mirina disait… Certains ne comprennent pas, même si tes mots sont sincères. Même si tu les dis avec gentillesse tout en écoutant les autres. Ils se refusent à entendre les cris d’amour et de joie. Personne ne peut satisfaire tout le monde, alors ne te focalise pas sur eux, sans pour autant les ignorer. Tu es toi, ils sont eux, chaque vie est unique, chaque choix différent. Il y a toujours des conséquences, mais sans volonté, rien n’avance.
Si on se base uniquement d’un point de vue médical, le risque de grossesse est problématique dans ce genre de relation, il y a aussi celui de la psychologie. Cependant, une augmentation, n’est pas nécessairement une validation.
Ils continuent de discuter tranquillement tout en mangeant. Certains les jugeront sans doute, mais ce n’est pas mon rôle. Je ne fais qu’observer.
Les sens de Shana me guident de nouveau.
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