Shana entre dans le lavoir en souriant. Son regard se pose sur Tom et son air contrarié devient évident.

« Repose cette culotte, espèce de pervers, tu n’as pas honte ! »

Shana hurle, Tom se retourne.

« Je peux… »

Il est paniqué et cache et serre la culotte dans ses mains tremblantes.

« Excuse-toi immédiatement ! De plus, tu vas devoir t’expliquer avec Mizuki ! »

Shana regarde Tom avec mépris, tandis qu’il tremble encore plus, et commence à pleurer.

« Je suis désolé, Shana ! S’il te plaît, ne dis rien à Mizuki, je ferai tout ce que tu veux. »

(Je me suis un peu emportée, en plus j’ai porté des jugements hâtifs…)

« Je ne veux pas qu’elle me déteste, je suis amoureux d’elle, mais j’ose pas lui avouer.

(Il n’est pas si méchant, en fait, il est même mignon dans un sens.)

« Ce que j’ai fait est mal, je le sais, mais je ne peux pas m’empêcher de la sentir. »

(J’ai l’impression d’être passée de la gentille à la méchante en une seconde.)

« Bon, relève-toi. »

Le visage de Shana s’adoucit, elle tente de calmer Tom en posant une main sur son épaule.

« Promets-moi de ne pas recommencer ! »

Tom hoche la tête puis instinctivement porte le tissu vers son visage.

« N’essuie pas tes larmes avec sa culotte ! »

« Désolé, Shana. C’est promis, je ne le ferai plus. J’ai lavé, séché et plié tous les vêtements. »

« Merci, Tom. »

« De rien, mais… euh… il y a juste la culotte de Mizuki que je n’ai pas… »

« Je m’en occuperai plus tard ! Mais pourquoi tu n’avoues pas tes sentiments à Mizuki ? »

« Je suis trop timide, en plus, mon corps ressemble plus à celui d’une fille que d’un garçon. »

« Mizuki ne te jugera pas là-dessus. »

Tom rougit en se caressant le bras.

« Peut-être, mais même ma voix est féminine, et j’ai comparé mon pénis à… »

Les joues de Shana virent au rouge tomate en une seconde et sa gêne m’est perceptible.

« N’en dis pas plus ! J’ai compris l’idée et je ne le dirais pas à Mizuki ! Bonne chance. »

Shana prend le panier, puis quitte rapidement le lavoir, tandis que Tom la regarde partir avec une dernière pensée qui me parvient.

(Je suis soulagé que Shana soit compréhensive et gentille.)

Les sens de Richard deviennent mes perceptions.

*** *** ***

Il est dans la clairière de l’autel et s’agenouille à côté du corps d’un grikan dont le crâne est éclaté en morceaux.

« C’est une vraie boucherie ! Mizuki a fait ça sans arme ? »

« On dirait bien, Richard, mais tant mieux. Les grikans sont dangereux. »

« Je connais sa force, mais cela surpasse tout ce que je croyais savoir. »

« Shana aussi est talentueuse ! Cette flèche a perforé le crâne de ce grikan avec puissance. »

« Une archère comme elle n’est pas courante, Will, mais c’est une aventurière de rang fer. »

Will regarde une autre avec une flèche, tandis que Mike observe la poitrine éventrée d’Émi.

« Comment vous pouvez rester aussi calme ! On a des cadavres partout, là. »

« On a l’habitude ! On a déjà vu des morts. »

(Mike est vraiment pâle.)

« Ce n’est pas mon cas ! J’ai envie de vomir de voir cette fille nue avec sa poitrine éventrée. »

« Je comprends que ce soit dur, Mike, surtout la première fois. Aucun de nous n’est impassible. »

« Allez, ça suffit ! On récupère les compagnons de Shana et on laisse les grikans aux vulturis. »

Mike et Will chargent le corps d’Émi dans la charrette, tandis que Richard et Henri prennent celui d’Alain, puis de Karl. Richard s’approche ensuite d’Henri et lui chuchote doucement, tandis que Will plus loin soutient Mike qui vomit vers un buisson.

« Henri… Mizuki est beaucoup trop forte, aucun humain peut faire ça. »

« Je sais, Richard, il est évident qu’elle ne doit pas être entièrement humaine. »

« Heureusement qu’elle est super gentille et douce. »

« Mizuki reste une civile et notre travail est de lui offrir un avenir sans combat. »

« Oui… On n’est pas là pour juger ! En plus, je l’adore. Elle ne nous fera jamais de mal. »

« Ma première fois a aussi été dure. Ça va aller, Mike. »

« Comment ces ordures ont pu tuer une si jolie fille ! J’ai la haine ! »

« Canalise-la ! Parce que les grikans peuvent faire bien pire. »

« Compris, Henri ! Je suis vraiment heureux que Mizuki ait buté ces pourritures de monstres. »

Mes perceptions se font maintenant depuis les sens d’Elias.

*** *** ***

Il est à la forge et discute calmement avec Kuroki près du comptoir.

« Prends tout le matériel nécessaire, car la priorité est la sécurité du village. »

« Merci Kuroki, je sais que tu avais prévu de vendre ses protections bientôt. »

« Aucune importance, j’en referai d’autres. Les grikans ne sont pas à prendre à la légère. »

Soudain Pete entre dans la forge puis s’approche d’un pas vif d’Elias.

« Elias ! Tu aurais un instant, je voudrais te parler en privé ? »

(J’ai rarement vu Pete aussi nerveux.)

« Bien sûr, on se voit tout à l’heure, Kuroki. »

« D’accord, je prépare tout ce qu’il faut. »

(Bizarre, Pete n’est pas du genre nerveux d’habitude.)

Pete et Elias s’éloignent ensemble de la forge, puis s’arrêtent à l’entrée de la ruelle.

« Ok, ça va te paraître bizarre, mais… tu veux coucher avec moi quand la situation sera calme ? »

« Explique-moi pourquoi ? Tu es hétérosexuelle, non. »

« J’en ai parlé avec Tatsuya hier, et elle aimerait qu’on le fasse pendant qu’elle regarde. »

« Est-ce que tu es d’accord avec cette idée ? »

(J’avoue que j’aimerais bien, Pete est beau gosse.)

« Franchement, je ferais n’importe quoi pour elle, mais je ne veux pas te forcer. »

« Prenons le temps d’en discuter tous les trois. »

(Cependant, il vaut mieux ne pas se presser.)

« Ça me va. »

(Cool, il l’a bien pris !)

Les sens de Mizuki m’offrent mes perceptions alors qu’elle continue de s’entraîner intensément.

Ceux de Shana prennent soudain le relais.